Journal de l'année Édition 1993 1993Éd. 1993

Espace et univers

Navette

Sur le plan spatial, l'année est marquée par huit vols de la navette américaine, tous réussis, qui portent désormais à 52 le nombre de missions accomplies par ce système de transport spatial réutilisable depuis sa mise en service, en 1981. À quatre reprises, l'orbiteur utilisé emporte dans sa soute un modèle du laboratoire modulaire polyvalent européen Spacelab : les expériences effectuées concernent les sciences de la vie, la science des matériaux, la physique des fluides, la chimie de l'atmosphère, etc. En mai, le vol inaugural de l'orbiteur Endeavour, construit pour remplacer Challenger, perdu en 1986, donne lieu à l'une des missions les plus complexes jamais réalisées par des astronautes : le sauvetage d'un gros satellite de télécommunications Intelsat VI de 4 t, abandonné à quelque 550 km d'altitude depuis l'échec de son lancement, par une fusée Titan 3, le 14 mars 1990. L'opération se révèle encore plus délicate que prévu. Pour la mener à bien, trois astronautes doivent, pour la première fois, travailler simultanément hors d'un vaisseau spatial. Leur sortie (la 100e de l'histoire spatiale) atteint la durée record de 8 h 29 min. Après avoir été capturé manuellement et installé dans la soute de l'orbiteur, le satellite reçoit un nouveau moteur (de 10 t environ), puis il est relâché dans l'espace et parvient cette fois à gagner l'orbite des satellites géostationnaires, où doit s'accomplir sa mission. C'est également grâce à des vols de navette que sont placés sur orbite, le 6 août, la plate-forme européenne récupérable Eureca, destinée à des recherches en microgravité, et, le 23 octobre, le satellite géodésique italien Lageos 2. En revanche, l'expérience de largage, en août, d'un satellite captif italien de 520 kg, TSS 1, pour l'exploration de la haute atmosphère, se solde par un échec. Le filin reliant le satellite à l'orbiteur Atlantis ne peut être déployé sur 20 km, comme prévu, mais seulement sur 256 m. Du moins l'expérience permet-elle tout de même de vérifier que le déplacement d'un câble conducteur dans le champ magnétique terrestre engendre du courant électrique. En décembre, l'orbiteur Discovery place sur orbite un gros satellite de surveillance militaire : cet ultime vol de navette de l'année constitue aussi la dernière des neuf missions militaires de la navette décidées en 1985, le département de la Défense des États-Unis prévoyant désormais de confier à nouveau à des fusées le lancement de ses satellites. Ce sont, au total, 53 astronautes qui ont séjourné à bord de la navette en 1992. Parmi eux, six étrangers : la Canadienne Roberta Bondar, première femme non américaine à accomplir un tel vol ; deux astronautes de l'Agence spatiale européenne, l'Allemand Ulf Merbold, seul astronaute européen à compter désormais à son actif deux vols dans la navette (il avait déjà participé à la première mission Spacelab, en 1983), et le Suisse Claude Nicollier, seul astronaute non américain devenu « spécialiste de mission » (les autres n'étant que des « spécialistes charge utile » qui n'interviennent que sur les expérimentations embarquées) ; le premier astronaute belge, Dirk Frimouk, et le premier astronaute italien, Franco Malerba ; enfin, le Japonais Mamoru Mohri, deuxième spationaute nippon à voler (le premier ayant été un journaliste qui séjourna dans la station russe Mir en 1991).

URSS

Dans l'ex-URSS, désormais affranchie de la compétition idéologique avec le monde occidental mais confrontée à de graves difficultés économiques, les impératifs de rentabilité conduisent à une profonde réorganisation des structures de décision avec, en particulier, la suppression d'organismes étatiques ou monopolistiques, la création d'une agence spatiale russe (RKA) et des offres tous azimuts de coopération ou de commercialisation sur le marché international. Aux termes d'un accord signé à Minsk le 30 décembre 1991 par les chefs d'État de neuf des onze républiques de la CEI (Russie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan, Arménie et Azerbaïdjan), la gestion des programmes spatiaux communs à ces pays est désormais assurée par un Conseil spatial inter-États. Toutefois, avec 80 % des centres de recherche, d'essai et de production spatiaux implantés sur son territoire, la Russie conserve une part prépondérante dans l'activité spatiale des pays de l'ex-URSS.