Échecs

Le retour de Bobby Fischer à la compétition, le 2 septembre, vingt ans jour pour jour après son championnat du monde victorieux de Reykjavik, marque l'année échiquéenne. Dans un match baptisé sans la moindre raison « championnat du monde », l'Américain bat sur le score de dix victoires à cinq (les 15 parties nulles ne sont pas prises en compte) son adversaire malheureux de Reykjavik, le Franco-Russe Boris Spassky. Les onze premières parties du match ont été jouées à Sveti Stefan (Monténégro) et les dix-neuf suivantes à Belgrade. Un tollé de protestations, dénonçant le match dans un pays en guerre boycotté par la communauté internationale, entacha ce retour.

Toutefois, Fischer a montré que, malgré vingt ans d'inactivité, il avait conservé un excellent niveau de jeu qui le classe aux environs de la dixième place mondiale. Ce retour est-il seulement un coup médiatique, grâce auquel Fischer a gagné environ trois millions de dollars, ou un véritable come-back qui peut le mener jusqu'au championnat du monde contre Garry Kasparov ?

En janvier, à Reggio Emilia (Italie) s'est joué le plus fort tournoi de tous les temps (cat. 18). Une sorte de championnat d'URSS officieux avec neuf représentants de l'ancienne Union soviétique. C'est cependant le dixième joueur, l'Indien Viswanathan Anand, qui l'emporte avec 6 points, devançant Kasparov et Guelfand 5,5, 4^e Karpov 5... Kasparov, vexé de ce résultat, s'est rattrapé à Linares (Espagne) au mois de mars en gagnant nettement détaché un cat. 17 avec 10 points sur 13. 2^e Ivantchouk et Timman 8, 4^e Karpov 7,5.

Le mois suivant, l'Anglais Nigel Short réalisait à Linares l'exploit de l'année en éliminant en demi-finale des candidats Anatoly Karpov sur le score de 6 points à 4. C'est la première fois depuis 1975 que Karpov n'atteint pas la finale du championnat du monde. Dans l'autre demi-finale, Jan Timman battait 6 à 4 Arthur Youssoupov. Short et Timman s'affrontent en janvier 1993. Le vainqueur jouera le championnat du monde, au cours de l'année, face à Kasparov.

En avril, Kasparov et Ivantchouk partagent la première place à Dortmund (cat. 17) avec 6 sur 9. 3^e Bareiev 5,5, 4^e Anand 5.

Les olympiades se sont déroulées en juin à Manille. Les pays de l'ancienne URSS ont dominé l'épreuve. 1^er Russie 39, 2^e Ouzbékistan 35, 3^e Arménie 34,5, 4^e États-Unis 34, 5^e Lettonie 33,5. La France termine 27^e avec 31 points. Chez les féminines, la Géorgie l'emporte avec 30,5. 2^e Ukraine 29, 3^e Chine 28,5. L'équipe de France est 46^e avec 19,5.

Nouvelles formules

Les organisateurs cherchent de nouvelles formules pour rendre le jeu d'échecs plus attractif pour un public non averti. Le système d'éliminatoire direct comme il se pratique au tennis s'impose. À Tilburg, en octobre, 112 grands maîtres ont participé au premier grand tournoi du genre. L'Anglais Michael Adams s'est montré le plus fort en battant Guelfand en finale. Le troisième trophée Immopar s'est joué en novembre à Paris. Comme Tilburg, le tournoi se joue en éliminatoire direct. Dans un Théâtre des Champs-Élysées complet (2 000 personnes), la Hongroise Judit Polgar s'est révélée au public parisien en éliminant dès le premier tour Jan Timman, vainqueur du trophée l'an dernier. Demi-finale : Kasparov bat Kamsky 2-0 et Anand bat Bareiev 2-0. Finale : Kasparov l'emporte sur Anand 1-1 puis 2-0 dans les blitz de départage.

Alain Fayard