Journal de l'année Édition 1993 1993Éd. 1993

Selon Georges Kiejmann, alors ministre délégué à la Communication, le seuil des 30 % inscrit dans la loi de 1986 n'était pas franchi. Il semble cependant qu'après ces rachats les calculs doivent être affinés. Le groupe Hersant contrôle désormais environ 25 % de la diffusion de l'ensemble des quotidiens nationaux et régionaux d'informations générales avec 2 millions d'exemplaires, mais la proportion atteint 30,8 % si l'on prend en compte tous les quotidiens dans lesquels il détient des participations supérieures à 25 % du capital (le Midi libre, l'Indépendant, l'Est républicain).

Robert Hersant possède également deux des sept quotidiens d'informations générales, le Figaro et France-Soir, soit 35,1 % de la diffusion totale.

La publicité

Après les États-Unis et la Grande-Bretagne, la presse écrite française connaît depuis deux ans une sérieuse baisse de ses rentrées publicitaires. La récession économique et la réorientation de certains gros budgets vers l'audiovisuel ont été les premiers facteurs de cette baisse. Toutefois, cette année a été marquée par un effondrement des petites annonces, surtout celles des offres d'emplois. Celles-ci, qui constituaient voici deux ans 75 % de la publicité globale, n'en ont plus représenté que 50 % en 1992. Pour sa part, le marché publicitaire commercial étant resté médiocre, nombre de quotidiens ont perdu entre 13 % (le Parisien) et 4,1 % (la Nouvelle République du Centre-Ouest) de leurs rentrées. Dans ce contexte, où les prévisions 93 s'avèrent pessimistes, seul Ouest-France tire son épingle du jeu avec une baisse de 0,6 %.

Le groupe « l'Expansion », racheté en 1987 par Jean-Louis Servan-Schreiber, a subi, après une croissance rapide, de sérieux revers, perdant 55,4 millions de francs en 1991 pour un chiffre d'affaires de 1 milliard. Le 27 juin, un conseil d'administration décidait de vendre la Tribune de l'Expansion, quotidien économique. Celle-ci fut rachetée par Desfossés International, qui réalisa la fusion de la Cote Desfossés et de la Tribune sous le titre la Tribune Desfossés, dont le premier numéro sortit en septembre. Cette restructuration de la presse économique se traduisit par une centaine de licenciements répartis entre les deux groupes.

L'affaire Botton

L'homme d'affaires lyonnais Pierre Botton, gendre et ancien directeur de la campagne de Michel Noir, maire de Lyon, est inculpé en novembre d'abus de biens sociaux, banqueroute, faux et usage de faux. À cette occasion, on constate qu'il a largement distribué au nom de ses sociétés « des cadeaux et largesses » (voyages, réceptions, nuits d'hôtel) à des journalistes. Patrick Poivre d'Arvor (TF1), François-Henri de Virieu (France 2), Michel Colomès (le Point) et Yves Mourousi (RMC), notamment, auraient ainsi bénéficié de ces avantages, ce qui relance le débat sur la déontologie et l'indépendance des journalistes. P. Poivre d'Arvor, qui est le plus en vue dans cette affaire, estime qu'il est la victime d'une campagne anti-TF1 et d'un acharnement contre son émission « le Droit de savoir », à laquelle on reprocherait son côté gênant pour le pouvoir. Le malaise est sensible à TF1 ; l'éviction le 7 décembre de Michèle Cotta, directrice de l'information, en est une preuve : elle avait proposé une sorte de règlement intérieur qui, en particulier, interdisait aux journalistes d'accepter des cadeaux d'une valeur supérieure à 1 000 francs. Devant l'opposition menée par Patrick Poivre d'Arvor (et du groupe dit des « anciens d'Europe 1 », autour d'Étienne Mougeotte, vice-président de la chaîne), elle est contrainte de démissionner. Le Monde annonce, lui aussi, la publication prochaine de « principes de déontologie ».

Chrono. : 3/01, 11/03, 24/03, 12/04, 23/04, 9/06, 7/09, 15/09, 7/12.

M. E. Chamard, Philippe Kieffer Télé : dix ans d'histoires secrètes, Paris, Flammarion, 1992.

Michel Embareck
Journaliste à la Nouvelle République du Centre-Ouest