Au début de l'année, le dispositif de maintien de l'ordre en Corse comprenait 2 423 fonctionnaires de police et de gendarmerie pour une population de 240 000 habitants, ce qui fait un policier ou un gendarme pour 100 personnes contre un pour 290 dans le reste de la France. Sur ces 2 423 policiers et gendarmes, 1 660 représentent l'effectif permanent habituel et 763 hommes constituent les escadrons envoyés en renfort.

Franche-Comté

Morosité et inquiétude à l'usine Bull de Belfort. Sur les 1 450 salariés que comptait l'entreprise au début de 1991, il n'en reste que 430 à la fin de l'année. Les dirigeants de Bull se sont engagés à maintenir deux filiales à Belfort et à conserver 700 emplois. La Société de développement industriel (SDI), créée pendant l'été avec le soutien de M. Jean-Pierre Chevènement, est financée à parts égales par Bull, l'État et les collectivités locales. Sa vocation est d'attirer de nouvelles entreprises, de créer des emplois et de s'affranchir autant que possible de la domination des mastodontes industriels de la Région que sont, outre Bull, CGEE-Alsthom et Peugeot.

L'industrie horlogère franc-comtoise traverse une nouvelle crise, qui menace les 8 000 salariés de ce secteur. La Compagnie générale horlogère (CGH), qui appartient au groupe japonais Hattori-Seiko, a annoncé en juin la suppression de 150 emplois. France-Ébauches, premier fabricant européen de mouvements, a licencié 118 salariés sur 700. Aux jeux Olympiques d'Albertville, le chronométrage sera assuré par une firme suisse, Oméga Longines, filiale de la Société de microélectronique et d'horlogerie (SMH), et non par une maison française. Quant aux terrains de Palente libérés par Lip, ils ont été récupérés par la CGH.

La Franche-Comté arrive en tête des Régions françaises pour la création d'emplois durables lors des rachats d'entreprises : sur 280 000 emplois créés en 1985, à l'occasion de 56 000 reprises, 180 000 subsistaient en 1990.

Île-de-France

D'un recensement (1982) à l'autre (1990), la Région Île-de-France a pris un coup de vieux : les moins de vingt ans représentent 26,1 % des Franciliens, soit 1 % de moins qu'en 1982 et 2 % de moins qu'en 1975, et le nombre des plus de 60 ans a augmenté plus vite que l'ensemble de la population de la Région, note l'INSEE.

Paris, en revanche, se donne un petit air de jeunesse : 18,7 % de moins de 20 ans contre 18,5 % en 1982 ; et, surtout, si la capitale continue de perdre de la population, c'est dans les tranches d'âge les plus élevées (les plus de 60 ans) que la perte est la plus forte.

Si Paris veut organiser le « Mundial » 1998 (la Coupe du monde de football), il lui faut un grand stade de 70 000 à 80 000 places. Le choix s'est porté sur Melun-Sénart, à une trentaine de km au sud-est de Paris. Il en coûtera au minimum un milliard et demi de F (peut-être trois...), que l'État, les fédérations sportives et le secteur privé apporteront à parts égales. Déjà, Bouygues, Dumez et SGE sont sur les rangs. L'espace disponible, la qualité des dessertes routières et ferroviaires ont été déterminants dans le choix du site. Il s'agit aussi de donner à la dernière des villes nouvelles de la Région parisienne les moyens d'un véritable décollage.

Près de Marne-la-Vallée, EuroDisneyland achève un chantier pharaonique qui, ouvert en 1989, a employé jusqu'à 5 000 personnes et fait appel à 180 entreprises. L'ensemble couvrira à terme (en 2017 !) 2 000 hectares, soit le cinquième de Paris intra-muros. Disney table sur 11 millions d'entrées par an, dont la moitié seulement de Français. Le consensus est général chez les élus, locaux ou nationaux, de la majorité ou de l'opposition, pour soutenir un projet qui promet 12 000 emplois. Alors que le financement privé a été de 22 milliards de F pour la première phase, la collectivité n'aura déboursé que 3 milliards pour l'aménagement des infrastructures. L'opération devrait rapporter 4 milliards en devises par an.

Vingt-six ans après la publication du Schéma directeur de Paul Delouvrier (1965), le ministre de l'Équipement Paul Quilès et le préfet de Région Christian Sautter ont présenté l'avant-projet du nouveau Schéma d'aménagement de l'Île-de-France, qui contient « vingt-cinq propositions pour vingt-cinq ans ». Son projet est de tracer l'évolution de la Région jusqu'en 2015. Pour éviter l'asphyxie, la population sera plafonnée à 12,3 millions d'habitants en 2015, alors que le rythme de l'accroissement naturel actuel – 100 000 personnes par an – ferait passer le nombre de Franciliens à 13,1 millions. Pour abriter ces nouveaux résidents, il faudra néanmoins construire chaque année 65 000 logements (contre 45 000 actuellement) ; mais il n'est pas question de construire d'autres villes nouvelles.