Bonne surprise pour les Parisiens : en dessous de feue la Halle aux vins de Bercy, sur la rive droite (XIIe arrondissement), des travaux de fouilles ont pu descendre sous le niveau supérieur de la nappe phréatique (12 m). Il est alors apparu que la Seine avait occupé un lit différent, situé en plein Bercy, très large, parsemé d'îlots, et largement plus au nord que le lit actuel. L'occupation humaine attestée au néolithique disparut peu après l'époque du bronze (4500-600 av. J.-C.). Cela se passait bien avant Lutèce.

Des centaines de pieux de bois signalent la présence d'aménagements – quais ou endiguements – ou peut-être de cabanes. Un mobilier abondant et divers a été trouvé : outils en bois, bois de cerf, ou os, tels que rabots, poinçons, houes, haches, meules. Les témoins de la faune sont des os de castors, loutres, aurochs, bovidés, moutons, chèvres, porcs, sangliers, tortues d'eau. Quelques objets ont retenu l'attention. Un arc en bois de 1,52 m, qui a fait sensation (il sera traité par lyophilisation) et surtout, trois pirogues monoxyles ont été exhumées, pas vraiment intactes, mais protégées par le milieu humide. Elles sont semblables à celles qui se creusent encore parfois en Amazonie. Un musée est envisagé sur le site même.

Que pouvait bien faire un homme de l'âge du bronze sur un glacier du Tyrol ? Découvert par deux alpinistes en septembre, son corps momifié au sein du glacier du Similaun a réapparu en surface à l'occasion d'un redoux. Congelé, puis déshydraté par un air très sec, il s'est conservé pendant 4 000 ans. Les autorités autrichiennes se sont emparées de l'affaire, mais l'Italie a bientôt revendiqué le sujet, retrouvé en territoire italien, à quelques mètres de la frontière.

Cet homme est un véritable trésor pour les spécialistes, qui n'ont pas fini de l'analyser. Déjà, les hypothèses courent : chasseur, prospecteur de minerais, hors-la-loi... On l'appelle l'homme de Hauslabjoch, du nom du village le plus proche. Il est mort dans une tempête de neige, alors qu'il se mettait à l'abri dans un creux de rocher. Sa situation était pitoyable : une blessure dans le dos et une tumeur au cerveau. Une crise d'épilepsie l'aurait achevé. Ses genoux étaient tatoués de croix. Son vêtement et ses instruments sont une providence pour les préhistoriens. Il portait un manteau en fourrure à capuchon. Ses chaussures étaient garnies de foin. Son attirail gisait près de lui : hache, couteau de silex, avec étui, arc, carquois, flèches. Sa dépouille est provisoirement abritée par l'université d'Innsbruck.

Une succession de fermes gauloises et de villas romaines – celles-ci presque toujours immenses, mais jamais luxueuses – ont été découvertes entre 1988 et 1991 tout au long des 450 km de la nouvelle ligne du TGV-Nord. La dernière villa que l'on a retrouvée (à Zouafques, sur le plateau d'Artois) a servi accessoirement de garnison après avoir été abandonnée au iiie siècle. La SNCF a coopéré activement avec les archéologues, au nombre de 318, et très spécialisés, parmi lesquels on note la présence d'anthropologues, de palynologues, d'un malacologue, d'un anthracologue et d'une xylologue. Tous les travaux et les analyses n'ont pas encore abouti à des résultats, mais les publications sont déjà nombreuses sur le sujet.

René Harot

Expositions

La crise économique s'est fatalement répercutée sur la programmation des musées : les expositions coûteuses se sont raréfiées et n'ont pu être décemment organisées qu'avec le soutien du mécénat d'entreprises. Les budgets plus serrés ont incité les responsables à choisir des sujets n'entraînant pas de trop lourdes charges de transports ou d'assurances.

Nos musées nationaux n'ont cependant pas manqué de procéder, comme il se doit, à d'heureuses mises à jour dans le domaine de l'art ancien. Ainsi de l'exposition Simon Vouet, qui tentait de reconstruire l'image un peu perdue du peintre favori de Louis XIII. Étudiés, restaurés, soixante tableaux à coup sûr de la main de ce grand expert en compositions fortes et drapés somptueux étaient réunis en début d'année au Grand Palais.

Une extrême sensibilité

En fin d'année, on y fêtait le deuxième centenaire de la naissance de Géricault, dont la fulgurante carrière ne saurait désormais être réduite à la peinture des chevaux de l'épopée napoléonienne, pas plus qu'à un seul tableau, fût-ce un énorme morceau : le dramatique Radeau de la Méduse.