Journal de l'année Édition 1991 1991Éd. 1991

À l'inverse, la population diminue dans trois régions, la Lorraine (− 0,09 % par an), l'Auvergne (− 0,14 %), le Limousin (− 0,23 %), et dans 21 départements dont Paris (− 0,17). Les baisses départementales les plus importantes sont celles de la Haute-Marne (− 0,43), de l'Allier (− 0,45) et de la Creuse (− 0,79), où l'on constate un cumul des effets des départs et de la dénatalité liée au vieillissement. Mais les pertes migratoires les plus fortes sont celles du Nord-Pas-de-Calais (− 0,55 % par an) et de la Lorraine (− 0,59 %). Les difficultés économiques y sont démographiquement compensées par l'excédent naturel lié à une pyramide des âges plus favorable.

Ces résultats donnent l'image d'une France où s'approfondit le clivage entre les régions prospères et les autres, où la solidarité nationale ne corrige pas suffisamment l'inégalité des chances de développement qu'offre le monde moderne. Alors qu'aux recensements précédents les plus petites villes augmentaient relativement plus que les grandes, c'est le « retour des grandes » qui est cette fois constaté. « Le développement des agglomérations de plus de 200 000 habitants a repris et, compte tenu de leur taille, elles apparaissent comme les locomotives de la croissance urbaine. » Il est vrai que le dynamisme des villes du Midi contraste avec la stagnation, voire le déclin de villes d'industrie ancienne. L'agglomération parisienne (+ 0,50 % par an) accueille le quart des citadins supplémentaires. Les croissances les plus vives sont celles des agglomérations de Fréjus (+ 2,59 %), Grasse-Cannes-Antibes (+ 1,60 %), Meaux (+ 1,53 %) et Toulouse (+ 1,47 %). Les agglomérations qui décroissent le plus sont Montbéliard (− 1,08 %), Hagondange-Briey (− 0,82 %) et Béziers (− 0,80 %).

Avec la définition extensive de la ville − terme qui désigne toute agglomération de plus de 2 000 habitants −, les trois quarts de la population (41,1 millions d'habitants) vivent dans des villes et presque la moitié de ces personnes (43 %, soit 17,6 millions d'habitants) réside dans les banlieues, c'est-à-dire hors des villes-centres. La croissance des banlieues reste soutenue (+ 0,90 % par an) ; celle de la banlieue parisienne, qui représente à elle seule près de 7 millions de personnes, est en moyenne de 0,70 % par an depuis 1982.

Michel Louis Lévy

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