Trente pays sont considérés comme surendettés. Au sommet de La Baule, le président Mitterrand a annoncé que la France n'accorderait plus que des dons aux PMA et limiterait le taux des prêts à 5 % pour les autres pays. La Banque mondiale a créé un « fond de rachat » aux conditions de la décote bancaire. Des associations ont proposé aux banques françaises un mécanisme de rachat des dettes par les pays, inspiré du modèle costaricain. Mais de nombreuses divergences demeurent : faut-il privilégier une politique totale de dons ou favoriser les prêts à bas taux d'intérêt ? Les annulations de dette ne « blanchissent » − elles pas des pratiques douteuses, les évasions de capitaux représentant environ le tiers des montants dus ?

Depuis les années 60, la croissance économique a été, en moyenne, à peine supérieure à celle de la population. Entre 1965 et 1988, l'accroissement du PNB par habitant (+ 0,2 % l'an) a été le plus faible de tous les tiers-mondes. À cela s'ajoutent quelques grandes peurs. Jusqu'où ira l'épidémie de sida ? Selon l'OMS, 3 millions d'Africains seraient déjà infestés, et 1 million d'entre eux seront malades en 1992. L'évolution des transmissions du VIH déconcerte les chercheurs, alors que les médecins constatent une recrudescence inquiétante de fièvre jaune (4 772 cas africains pour 5 395 cas mondiaux en 1989). Les criquets ont été vaincus par la météorologie, mais la redoutable lucilie bouchère, pondeuse de mort, est une menace sérieuse. Le continent est-il condamné à une lente agonie ? Si les mille visages des dynamismes populaires étaient pris en compte par des politiques orientées en leur faveur, l'Afrique pourrait réserver bien des surprises à ses détracteurs.

Alain Dubresson
Docteur ès lettres, Alain Dubresson est professeur agrégé de géographie à l'Université de Paris X − Nanterre. Il est le directeur de la revue Politique africaine.