Journal de l'année Édition 1991 1991Éd. 1991

Le point sur...

Europe occidentale

Cette année, les premiers coups de théâtre sont venus du Nord.

En Suède, après le rejet par le Parlement d'un dur programme d'austérité, M. Ingvar Carlsson, qui dirigeait un gouvernement social-démocrate minoritaire, a démissionné le 15 février. Ayant quelque peu adouci son plan, il est redevenu Premier ministre le 26 février. Le retour de Mme Gro Harlem Brundtland, travailliste, à la tête de l'exécutif norvégien, le 3 novembre, soit un peu plus d'un an après son départ, a davantage étonné. Le désaccord sur l'Europe entre les trois partis de centre droit explique la rupture de leur coalition.

Encore des surprises

Le 7 novembre, l'élection de Mc Mary Robinson à la présidence de la République d'Irlande était tout aussi inattendue. Candidate des partis travailliste et ouvrier, qui sont peu représentés au Parlement, cette jeune avocate a battu un vice-Premier ministre appartenant au parti nationaliste Fianna Fail.

En Italie, les résultats des scrutins régionaux et communaux des 6 et 7 mai ont également déconcerté la classe politique. Plus que le net recul des communistes, le succès des ligues régionalistes du Nord, qui ont obtenu 5,5 % des voix en tenant un discours hostile au Sud, a constitué le fait marquant. Comme, depuis des années, le Midi a reçu des pouvoirs publics des sommes considérables qui n'ont souvent servi qu'à enrichir les diverses mafias, les ligues refusent maintenant que les bénéfices du travail de l'Italie septentrionale soient distribués au Sud.

En Allemagne, les élections régionales − à l'Ouest jusqu'à l'unification (3 octobre) et dans l'ancienne RDA après cette date − ont été gagnées par l'un des deux grands partis. Sauf en Bavière, où les chrétiens-sociaux (CSU) ont conservé la majorité absolue le 14 octobre, les sociaux-démocrates ont chaque fois gagné en RFA. Le SPD a remporté son plus grand succès le 28 janvier, en Sarre, où M. Oskar Lafontaine a obtenu 54,4 % des suffrages, contre 49,2 % en 1985. Mais c'est le 13 mai que la victoire des socialistes a été la plus nette. En Basse-Saxe, la courte avance de Gerhard Schröder sur le ministre-président sortant du Land, le chrétien-démocrate (CDU) Ernst Albrecht a donné au SPD la majorité au Bundesrat. De son côté, le social-démocrate Johannes Rau a conservé de peu la majorité au parlement régional (Landtag) de Rhénanie du Nord-Westphalie, la région la plus peuplée d'Allemagne. Les Verts ont obtenu 5 % des voix, ce qui leur a permis d'entrer à la diète de Düsseldorf.

Par ailleurs, la CDU a largement gagné quatre des cinq scrutins régionaux qui se sont déroulés le 14 octobre sur le territoire de l'ancienne RDA. Elle l'a emporté au Mecklembourg, en Saxe-Anhalt, en Saxe, et en Thuringe, où elle a dû le plus souvent s'allier avec les libéraux pour gouverner. Au Brandebourg, le SPD est arrivé en tête, mais, pour disposer d'une majorité au Landtag, il a été contraint de former une coalition avec les libéraux et les Verts.

Dans l'ensemble de l'ex-RDA, les anciens communistes du PDS ont obtenu en moyenne 10 % des voix, lesquelles ont le plus souvent manqué à M. Oskar Lafontaine pour les élections législatives du 2 décembre. Les héritiers du « Nouveau Forum », à l'origine de la révolution pacifique de l'automne 1989 en Saxe et à Berlin-Est, n'ont pas recueilli plus de 6,3 % des suffrages.

Contrairement à ce qui s'est passé en Allemagne, où l'extrême droite a presque toujours décliné, en Autriche, le parti libéral ultranationaliste de M. Joerg Haider n'a cessé de progresser. Après sa percée au scrutin régional de Carinthie le 12 mars 1989, cette formation a plus que doublé le nombre de ses sièges aux élections législatives du 7 octobre 1990, au détriment des conservateurs du parti populaire qui ont perdu 17 députés. Vainqueur cependant, le chancelier socialiste Franz Vranitzky, au pouvoir depuis 1986, a reconduit son alliance avec les conservateurs.

Les conservateurs grecs, en revanche, ont fini par revenir seuls au pouvoir. Le 8 avril, à l'issue des troisièmes élections législatives en neuf mois, la Nouvelle Démocratie, formation de droite dirigée par M. Constantin Mitsotakis, a manqué d'un siège la majorité absolue. Avec l'appui d'un parlementaire de centre-droit, un gouvernement a été constitué le 11 avril.