Deux ans après la mise en place des Régions en Nouvelle-Calédonie, les accords de Matignon entrent progressivement en application. Indépendantistes et Caldoches font preuve de pragmatisme ; mais rien n'est définitivement gagné car les problèmes sont énormes. Toutefois, on remarque que le climat change. Sous la direction de l'Agence de développement rurale et d'aménagement foncier (ADRAF), le programme de restitution des terres à la communauté mélanésienne se poursuit sans heurts : au début de 1990, 25 000 hectares de terres avaient déjà changé de propriétaires.

L'ADRAF continuait d'intervenir dans trois autres secteurs : le « plan café », qui n'est pas une franche réussite à ce jour ; le secteur fruitier, qui permettra à Canala d'avoir la fabrique de jus de fruits qu'elle réclame depuis trois ans ; l'élevage de cerfs, qui a débuté sur la côte ouest sur l'initiative de fermiers caldoches et qui semble assuré de gains à l'exportation.

M. Jacques Lafleur, président du RPCR et cosignataire avec Jean-Marie Tjibaou des accords de Matignon, a annoncé le 17 avril 1990 la vente à la province Nord de Nouvelle-Calédonie, dirigée par le FLNKS, de 85 % des actions qu'il possède dans la Société minière du Sud-Pacifique (SMSP). La SMSP, qui extrait 10 % du minerai de nickel calédonien, exporte sa production vers le Japon. En attendant de reprendre possession du patrimoine minier de cette région, où sont encore présents la Société Le Nickel (SLN) et de petits exploitants privés, la SMSP a hérité un contrat de fourniture annuelle de 250 000 tonnes de minerai à l'usine métallurgique de Doniambo.

Territoire d'outre-mer, la Nouvelle-Calédonie n'a pas de raison de craindre les retombées du marché unique de 1993 : elle est liée à la CEE par une décision d'« association » comparable aux accords de Lomé pour les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique), et les avantages devraient l'emporter sur les contraintes.

Au titre du Programme d'options spécifiques à l'éloignement et à l'insularité des DOM (POSEIDOM), la CEE leur alloue 750 millions d'écus pour la période 1989-1993, à charge pour eux de modifier les règles de l'« octroi de mer » qui leur permet de prélever des taxes sur toutes les marchandises entrant chez eux, qu'elles proviennent des États membres ou de pays tiers.

Durement secouée par le cyclone Hugo à l'automne 1989, inquiète pour ses exportations de bananes et de sucre pour cause d'ouverture européenne, la Guadeloupe se prépare à jouer la carte du tourisme grâce à un potentiel exceptionnel. Sea. Sun, Sand... Déjà, le tourisme est devenu la première activité économique de l'île avec un chiffre d'affaires de deux milliards de francs (1,4 pour l'agriculture). Il fait travailler directement 3 000 personnes et crée 5 000 emplois induits. Mais la clientèle évolue : nord-américaine à 38 % en 1985, elle ne l'était déjà plus qu'à 15 % en 1989 ; en revanche, la part des métropolitains est passée de 50 à 70 % ; mais les « métros » ne sont pas de si bons touristes que les Américains : ils n'apportent pas de précieux dollars.

L'Agence guadeloupéenne de l'environnement, du tourisme et des loisirs (AGETL), créée en 1987 pour mettre en place un projet de schéma régional de développement touristique, compte jouer la carte du tourisme vert tourné vers la découverte des cadres naturels. Afin de préserver l'environnement, le conseil régional a ainsi refusé l'implantation d'une raffinerie de pétrole.

Claude Malassigné