L'Année de l'archéologie

Soigneusement préparée et fortement soutenue, l'Année de l'archéologie a atteint les buts qu'elle s'était fixés : attirer l'attention du public sur les exigences d'une discipline qui s'est considérablement développée au cours de la dernière décennie, puis répondre à sa curiosité en lui démontrant l'importance de la sauvegarde du patrimoine.

Le 26 septembre 1989, à la veille de l'inauguration au Grand Palais, à Paris, de l'exposition « Archéologie de la France, trente ans de découvertes », Jack Lang, ministre de la Culture, lançait l'Année de l'archéologie, qui s'est étendue de l'automne 1989 à l'automne 1990.

Préparée deux ans auparavant par Michel Colardelle, alors conseiller technique pour le patrimoine auprès du ministre de la Culture, et par une équipe scientifique réunissant une vingtaine d'archéologues, l'Année de l'archéologie a été organisée par la Direction du patrimoine et la Direction des musées de France, avec le concours de la Réunion des musées nationaux, et elle a été coordonnée par l'auteur de cet article, secondé par un commissariat général.

Une vaste explication

L'idée de départ a été d'attirer l'attention sur l'archéologie, partie prenante de l'aménagement du territoire. Cette discipline s'est développée dans des proportions remarquables puisque, en dix ans, son budget est passé de 16 à 220 millions de francs. Il a fallu répondre à la curiosité d'un public de plus en plus vaste et de plus en plus jeune et, tout en faisant le bilan des trente dernières années de recherche, c'est-à-dire de 15 000 opérations de fouilles en France, lui expliquer l'importance de la sauvegarde du patrimoine, protégé en France par la loi de 1941. Pour ce faire, un grand débat a été ouvert sur les nouvelles méthodes et sur les méthodes scientifiques de l'archéologie, sur les résultats obtenus et sur les possibilités de concilier cette discipline avec les exigences complexes de la vie moderne.

Des pays voisins, comme l'Allemagne et l'Angleterre, avaient eu l'occasion de réaliser des expositions-bilans de ce genre, destinées à cette vaste explication. En France, l'ambition et l'originalité ont consisté à prolonger l'exposition nationale par une série de manifestations régionales qui ont impliqué l'État, les responsables territoriaux, élus et experts, les collectivités et les associations. Une campagne publicitaire a été conçue afin de fédérer les efforts et les impulser. Un slogan : « Nous avons tous 400 000 ans », a mis en valeur l'héritage culturel de chacun d'entre nous. Un graphisme a été élaboré à Londres. Il s'agit d'un montage original de Graham Ford représentant l'homme préhistorique d'il y a 400 000 ans tenant sur ses genoux un très jeune enfant d'aujourd'hui. Le slogan s'applique à cette image, que l'on retrouve sur les affiches et les affichettes, sur la couverture du catalogue et sur les prospectus de l'annonce des différentes manifestations françaises de l'Année de l'archéologie.

Celle-ci a donc commencé par l'exposition nationale du Grand Palais, présentée jusqu'au 31 décembre 1989. 3 000 objets, provenant des fouilles récentes de 284 sites, ont été mis en scène afin de faire comprendre les grandes phases historiques de notre territoire métropolitain depuis les origines jusqu'à l'ère industrielle. Un catalogue de 496 pages agrémentées de 570 illustrations a réuni les contributions de 276 auteurs.

Cette exposition et ce catalogue présentaient la synthèse du renouveau des recherches archéologiques. Chaque découverte était expliquée, dans son contexte, comme le témoignage d'une époque et souvent d'une situation précise, quotidienne et domestique, cérémonielle et funéraire. Les collections inédites, la réunion d'ensembles dispersés, la présence de pièces célèbres, comme le crâne de Tautavel, le casque d'Agris, couvert d'or, les statuettes des divinités gauloises de Paule et de Saint-Maur-des-Fossés, les ex-voto en bois de Chamalières, les ratés de cuisson de Bernard Palissy, les têtes des rois de Judée de Notre-Dame de Paris assuraient, dans le circuit chronologique de l'exposition, des points d'attraction pour le grand public comme pour les spécialistes.