Selon l'astronome Milankovitch, les variations climatiques seraient dépendantes des variations des paramètres de l'orbite terrestre : la précession des équinoxes, l'excentricité de l'orbite et l'inclinaison de l'axe de rotation dont les périodicités respectives sont de 21 000, 95 000 et 40 000 ans. Cette théorie, l'une des plus solides énoncées à ce jour, pourrait être confirmée par la mise en évidence de cycles climato-sédimentaires dans les grands bassins géologiques. Les poussières volcaniques projetées jusque dans la stratosphère lors des grandes éruptions, comme celles du Krakatau en 1883 ou du mont St-Helen en 1979-1980, peuvent absorber 5 à 7 % du rayonnement solaire direct et entraîner une baisse de quelques dixièmes de degré des températures. Il est possible aussi que les courants marins (Gulf Stream, El Niño, Benguela...) soient à l'origine de variations climatiques spatialement limitées. Peut-on attribuer à El Niño de l'hiver 1982-1983 la terrible sécheresse qui a affecté toute l'Afrique tropicale et l'Australie ? Rien n'est moins sûr !

Où l'on retrouve l'homme

Au cours du siècle qui s'achève, l'exploitation des forêts, les défrichements consécutifs à l'accroissement de l'espace agricole ont, en transformant les milieux, non seulement provoqué de graves déséquilibres socio-écologiques, mais aussi modifié l'un des principaux facteurs du climat, l'albedo. La combustion des matières énergétiques fossiles, les feux de forêt, la décomposition des matières organiques, les industries et les volcans contribuent à la modification de la composition chimique de l'atmosphère. Les CFC (les I chlorofluorocarbones) menacent l'existence même de la couche d'ozone qui absorbe les terribles UV solaires. Le CO2, les CFC et le méthane participent à l'effet de serre dans les proportions de 55, 20 et 15 % respectivement. D'après certains modèles numériques, le doublement de la teneur de CO2 pourrait provoquer d'ici l'an 2050 un réchauffement de 3 °C ± 1,5 °C, la fonte des glaciers et le relèvement du niveau moyen des mers.

L'homme, qui a subi les grands changements climatiques du Quaternaire, est devenu le complice involontaire de phénomènes naturels fort complexes qui pourraient modifier à terme les états de l'atmosphère à l'échelle planétaire.

Philippe C. Chamard
Philippe C. Chamard, géographe et quaternariste, est maître de conférences à l'université de Paris-X et consultant d'organismes internationaux.

L'eau en danger ?

Au 15 de ce mois d'octobre 1990, la France subit toujours les effets d'une sécheresse exceptionnelle qui a débuté en juillet 1988 et dont on ne peut prévoir la fin. Le déficit en eau des sols persistant, qui a affecté la production de maïs, menace maintenant la pousse des plantes fourragères ; 8 000 km de rivières sont à sec ; le médiocre remplissage des lacs de barrage est préoccupant : la production d'électricité et l'approvisionnement en eau de maintes agglomérations pourraient ne plus être assurés normalement ; le débit de la Loire est si faible que le fonctionnement des centrales nucléaires de Dampierre, de Belleville, de Saint-Laurent-des-Eaux et de Chinon en est perturbé. Les mesures de restriction d'eau prises dès le printemps sont maintenues dans de nombreux départements.

Indispensable à la vie et aux activités humaines, l'eau n'est-elle pas une ressource renouvelable ? Viendrait-elle à manquer ? Peut-on la débarrasser de toutes les matières minérales et organiques, des germes dont elle se charge à la surface du sol, dans les sols et le sous-sol ? À quel prix ? Autant de questions que le consommateur-utilisateur, jusque-là insouciant, doit se poser maintenant.

Apprendre à gérer les réserves

Le cycle de l'eau ou les échanges d'eau entre l'hydrosphère, l'atmosphère et la lithosphère (évaporation, condensation, précipitations, ruissellement, écoulement) sont bien connus. On peut même dire que tout provient de l'océan et que tout y retourne. Il reste que la durée de séjour de l'eau dans ses différents réservoirs planétaires est très variable : quelques jours dans l'atmosphère, mais de plusieurs siècles à plusieurs millénaires dans les glaces, les océans ou les nappes continentales profondes, et que la répartition géographique des ressources en eau est très inégale.