Ce débat, qui a pris des allures très vives et divise la plupart des familles spirituelles ou des formations politiques, suit une réflexion plus générale amorcée depuis plusieurs mois par des responsables de l'Église et de la Ligue de l'enseignement, en faveur d'une conception plus ouverte de la laïcité, permettant notamment d'introduire l'enseignement religieux à l'intérieur des écoles.

Dans ce qui est devenu « l'affaire du foulard », le ministre de l'Éducation nationale a pris une position modérée qui a surpris ses amis politiques. S'il se déclare résolument hostile au port du foulard en classe, Lionel Jospin insiste aussi sur le refus de l'exclusion et sur le risque qu'une position intransigeante ne fasse le jeu des intégristes et renforce ceux qui demandent la création d'un enseignement confessionnel musulman.

Consulté par le ministre de l'Éducation nationale, le Conseil d'État a indiqué que c'était aux établissements eux-mêmes de décider d'interdire ou non le foulard, en fonction d'un certain nombre de critères, précisés le 20 décembre.

Malgré son caractère un peu irréel, en raison de la disproportion entre l'incident et l'ampleur des réactions, « l'affaire du foulard » a le mérite de poser le problème des trop grandes concentrations d'immigrés et d'obliger de nombreux responsables à réfléchir sur la question de leur intégration.

Frédéric Gaussen
Fondateur du Monde de l'Éducation, Frédéric Gaussen est responsable de la rubrique de l'éducation et du supplément Campus du Monde.