La plus importante est la mise en œuvre d'une politique contractuelle entre l'État, les régions et les universités, qui doit permettre de définir des politiques régionales de développement de l'enseignement supérieur, destinées en particulier à harmoniser les formations du premier cycle (universités – classes préparatoires – IUT – BTS – filières professionnelles à caractère régional). Cette planification décentralisée quadriennale est censée faciliter l'insertion dans l'enseignement supérieur des masses de bacheliers qui doivent y parvenir dans les années à venir. Elle répond d'autre part aux demandes des régions qui souhaitent voir leurs compétences s'étendre à l'enseignement supérieur qui, aujourd'hui, dépend exclusivement de l'État.

Cette politique passe notamment par un renforcement de l'autonomie des universités, rendue possible par l'élargissement des compétences financières et des capacités de gestion des établissements et par l'allègement de la réglementation. Une série de mesures concrètes allant dans ce sens a été annoncée par le ministre de l'Éducation nationale, au cours d'un colloque sur le financement de l'enseignement supérieur, organisé les 26 et 27 avril à l'université de Paris-Dauphine par le Monde et par la Revue française de finances publiques.

L'effort du ministre porte aussi sur l'organisation de la recherche. Après avoir rétabli la « thèse Savary », qui avait été abandonnée par le gouvernement Chirac, il a lancé un programme visant à « muscler » la recherche universitaire, par la constitution de « pôles d'excellence » dans les régions les mieux équipées (pour faire face à la concurrence internationale), par l'ouverture sur le monde industriel (en facilitant la mobilité des chercheurs), par la création d'un « monitorat d'initiation à l'enseignement supérieur » (pour aider financièrement les étudiants préparant une thèse et reconstituer le vivier de jeunes chercheurs), par la création d'un conseil scientifique de haut niveau, composé pour moitié d'experts européens et chargé d'évaluer les projets de recherche des établissements.

Un autre volet de l'action gouvernementale en ce domaine concerne la vie étudiante, avec la création par la loi d'orientation d'un « observatoire de la vie étudiante » dont la mise en place a été assez laborieuse. Cet observatoire doit à la fois étudier les évolutions et les besoins de cette population et faire des propositions d'actions au ministre. Une mission de rénovation des campus universitaires a été confiée à une équipe d'architectes et d'urbanistes et, pour 1990, le ministre a annoncé des initiatives dans le domaine des bourses, du logement et de l'animation culturelle.

La nécessité de telles actions a été ressentie de façon aiguë à la rentrée universitaire, car les mauvaises conditions matérielles qui existent dans les universités ont entraîné de nombreux mouvements de protestation.

L'incident

Marquée par les deux grands débats sur la revalorisation de la condition enseignante et sur la loi d'orientation, l'année 1989 s'est terminée, de façon inattendue, par la remise en cause de la laïcité, à l'occasion d'un incident survenu dans le collège de Creil, dans la région parisienne, où trois jeunes musulmanes ont refusé d'enlever leur foulard islamique dans la classe.

Cet épisode, apparemment mineur, a lancé un débat national sur l'intégration des immigrés et sur l'attitude de l'Éducation nationale face au comportement de certaines minorités religieuses. L'école laïque peut-elle accepter le port en classe de signes de reconnaissance à caractère confessionnel ? Tandis que certains – dans les milieux politiques et enseignants – mettent en avant la nécessité d'une stricte neutralité, d'autres – et notamment l'épouse du président de la République – prônent la tolérance, estimant que l'école doit être ouverte à toutes les sensibilités, si elle veut accueillir tous les enfants, notamment ceux de minorités d'origines culturelles différentes.