Quant à la lutte contre l'échec, elle doit se concrétiser par la généralisation de l'accès en maternelle à trois ans, par la limitation des redoublements, par l'évaluation régulière des connaissances des élèves, par une aide particulière à l'apprentissage de la lecture et par le développement des centres de documentation. La loi insiste également sur l'autonomie des établissements et la nécessité pour eux de se doter de projets pédagogiques précisant leurs objectifs et leurs moyens. Ils seront aidés dans cette tâche par l'inspection générale qui, à la suite d'une réforme décidée par le ministre, devra désormais se consacrer moins à la notation individuelle des enseignants et à l'élaboration des programmes scolaires et davantage à l'évaluation des établissements et au suivi des grandes réformes pédagogiques du ministère.

La loi annonce également une réflexion générale sur la réforme et l'allégement des programmes et des examens. Un « conseil national des programmes » sera chargé de revoir et de réviser périodiquement les contenus de l'enseignement, cette tâche n'étant plus désormais de la compétence exclusive de l'inspection générale.

Pour préparer le travail de ce conseil, une procédure d'étude et de consultation a été mise en place, en marge de la loi. Une commission présidée par deux professeurs au Collège de France, le sociologue Pierre Bourdieu et le biologiste François Gros, a publié en mars un premier texte d'orientation. Neuf commissions spécialisées ont ensuite été constituées, présidées par des universitaires ; à la fin juillet, elles ont remis leurs rapports détaillés. Une vaste consultation était ensuite engagée par le biais d'un questionnaire diffusé massivement et d'une série de colloques régionaux.

Ce travail de réflexion doit permettre au ministre de prendre des décisions au printemps 1990 pour qu'une réforme d'ensemble de l'organisation et des contenus de l'enseignement puisse être mise en place à la rentrée de 1991. L'objectif prévu est de limiter la quantité des connaissances à transmettre, pour mettre davantage l'accent sur les méthodes et sur l'effort personnel des élèves ; mais aussi de rééquilibrer l'enseignement secondaire, où le poids des mathématiques est jugé excessif.

Estimé nécessaire par le ministre de l'Éducation nationale, cet aménagement de l'enseignement est considéré avec méfiance par les enseignants, qui craignent qu'il se fasse au détriment de leurs disciplines respectives. Les informations – plus ou moins fondées – qui avaient percé des premières réflexions de la commission Bourdieu-Gros ont largement contribué à aviver le mouvement de protestation qui a secoué le corps enseignant en février-mars, à propos de la revalorisation. D'où le souci du ministre d'éviter que les deux sujets ne se télescopent ; mais aussi son désir d'aller vite, pour que le débat n'ait pas le temps de dégénérer en un affrontement idéologique impossible à maîtriser.

Des initiatives retentissantes

Une autre disposition importante prévue par la loi d'orientation – la seule peut-être qui ait rendu nécessaire le recours à la loi – est la création d'Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM), dans lesquels seront formés les futurs instituteurs et les futurs professeurs du secondaire préparant le CAPES. Ces établissements ayant le statut universitaire, ils se substitueront aux écoles normales d'instituteurs et aux différents centres de formation des professeurs de l'enseignement général et technique du secondaire. Les élèves y entreront après la licence et y suivront une formation professionnelle de deux ans. Ces centres seront mis en place en 1992, quelques-uns commençant à fonctionner à titre expérimental dès la rentrée 1990.

Si la loi d'orientation sur l'éducation traite peu de l'enseignement supérieur – à l'exception de la création des IUFM –, ce secteur n'a pas été laissé de côté par le ministre de l'Éducation nationale. Après avoir mis un terme à la confusion qui régnait sur le plan institutionnel, en généralisant l'application de la « loi Savary » sur les statuts des universités, celui-ci a lancé, sous l'impulsion de son « conseiller spécial », le géophysicien Claude Allègre, plusieurs initiatives appelées à avoir un profond retentissement.