Journal de l'année Édition 1990 1990Éd. 1990

Classement final dames : 1. Pays-Bas ; 2. Hongrie ; 3. France ; 4. Italie ; 5. RFA ; 6. Norvège ; 7. Grèce ; 8. Suède.

Patinage artistique

Ito impériale

En terminant troisièmes du Mondial de danse, Isabelle et Paul Duchesnay sont devenus les premiers Français à monter sur un podium de championnat du monde depuis 1971, date à laquelle Patrick Pera obtint, à Lyon, la deuxième place derrière le regretté Ondrej Nepela, décédé en février à Mannheim.

Après bien des déconvenues, cette médaille de bronze a récompensé les audaces d'un couple dont les prestations provocantes avaient jusqu'à présent indisposé les juges encore attachés à l'académisme qu'ils prônent et enseignent. La danse est libre, mais à condition de ne pas trop bousculer les traditions ancestrales.

Sacrée championne du monde, la Japonaise Midori Ito (1,45 m ; 44 kg) n'a pas remplacé dans le cœur des foules la ravissante Katarina Witt, aujourd'hui membre actif de la revue professionnelle américaine Holiday on Ice. Avec sept triples sauts, dont un axel qu'elle fut la première dans l'histoire à réussir, la représentante du Soleil « bondissant » a certes séduit le public de la patinoire de Paris-Bercy, mais l'a, en revanche, déçu par son manque de grâce et d'expression artistique. Quant à Suruya Bonaly, classée 10e malgré son jeune âge (15 ans), son potentiel physique et son mental en font d'ores et déjà une favorite pour les jeux Olympiques d'Albertville. Avec les Duchesnay et Axel Médéric (13e), elle y sera notre meilleure chance de médaille ; d'autant plus qu'à partir de 1991 les figures imposées, son point faible, disparaîtront des programmes.

Championnats d'Europe
(Birmingham, 16-21 janvier)

Couples : 1. Selezneva-Makarov (URSS) ; 2. Wötzel-Rauschenbach (RDA) ; 3. Mishkutinok-Dimitriev (URSS).

Messieurs : 1. Fadeiev (URSS) ; 2. Filipowski (Pol.) ; 3. Barna (Tch.).

Danse : 1. Klimova-Ponomarenko (URSS) ; 2. Usova-Zhulin (URSS) ; 3. Annenko-Sretenski (URSS).

Dames : 1. Leistner (RFA) ; 2. Lebedieva (URSS) ; 3. Neske (RFA).

Championnats du monde
(Paris-Bercy, 14-19 mars)

Couples : 1. Gordeieva-Grinkov (URSS) ; 2. Landry-Johnston (Can.) ; 3. Bechke-Petrov (URSS).

Messieurs : 1. Browning (Can.) ; 2. Bowan (É-U) ; 3. Filipowski (Pol.).

Danse : 1. Klimova-Ponomarenko (URSS) ; 2. Usova-Zhulin (URSS) ; 3. I. Duchesnay-P. Duchesnay (F).

Dames : 1. Ito (Jap.) ; 2. Leistner (RFA) ; 3. Trenary (É-U).

Rugby à XVI

Polyvalence

Tournoi des cinq nations

À la suite de sa victoire contre l'Écosse au Parc des Princes, la France a remporté pour la quatrième année de suite le tournoi, et cela malgré une défaite concédée quinze jours plus tôt face à l'Angleterre revigorée par un huit de devant surpuissant. Ce nouveau triomphe du XV tricolore, dont Serge Blanco a été l'élément moteur, n'a surpris personne, car aucune des nations britanniques n'est actuellement compétitive au plus haut niveau. Le pays de Galles, si rayonnant dans les années 70, est humilié à chaque fois qu'il rencontre la Nouvelle-Zélande, l'écart entre les deux formations atteignant régulièrement les 40 points à la fin du match. L'Irlande souffre de la concurrence du football gaélique, qui attire la plupart des jeunes sportifs du pays. L'Écosse, souvent irrésistible sur sa pelouse de Murayfield, devient méconnaissable dès qu'elle évolue à l'étranger. Enfin, l'Angleterre persévère à jouer au rugby à 10, négligeant ses lignes arrière, compliquant à plaisir son jeu dans le petit périmètre, ayant peur du large comme d'autres ont peur du vide. Ne nous leurrons pas, la France, qui revient de chacune de ses tournées dans l'hémisphère austral avec autant de défaites, n'est pas aussi dominatrice qu'elle semble l'être au moment du tournoi et son bilan 1989 est moins flatteur qu'on veut bien le faire croire en haut lieu.

Championnat de France

À l'inverse de la finale de la saison passée, où Tarbes et Agen avaient refusé de se livrer, celle de 1989 a offert aux 50 000 spectateurs du Parc des Princes un superbe spectacle qui a rendu au rugby français son véritable visage. Celui dont nous sommes régulièrement privés lors du tournoi des Cinq Nations en raison d'une politique d'exclusions orchestrée par le comité de sélection du XV tricolore, adepte d'un style de jeu fondé en priorité sur les percussions du huit de devant ainsi que des deux centres et le pilonnage systématique des lignes arrière ennemies par le demi de « fermeture ». Tout cela au détriment de l'imagination et du jeu au large qui font la grande force du rugby français et l'admiration de nos adversaires britanniques. Il fallait un vainqueur et ce fut pour la huitième fois de son histoire Toulouse, dont le dynamisme et l'esprit d'entreprise surprirent en deux occasions l'organisation rigoureuse de Toulon. Dès la 50e seconde, tout d'abord, sur un essai de son pilier Serge Laïrle, aux jambes de troisième ligne, puis au cœur de la première mi-temps grâce à une percée magique de près de 80 m de Denis Charvet, exploitant à merveille, sur un coup franc rapidement joué à la main, une faute de repli de la défense varoise. Contrairement aux apparences, ce coup de génie n'en était pas un, mais l'aboutissement logique d'un jeu de placement et de mouvement sans ballon dont Pierre Villepreux s'est fait l'apôtre depuis qu'il est l'entraîneur des joueurs de la cité des violettes, par ailleurs fort peu appréciés à la Fédération où les « ayatollahs » de l'ovale leur reprochent d'appartenir à un club jugé trop indépendant pour ne pas dire dissident et insoumis. Dans les autres épreuves importantes du calendrier, l'Armagnac-Bigorre s'est imposé face à la Côte Basque en Coupe des Provinces (16-9), et le challenge Yves-du-Manoir a consacré le Racing club Narbonnais victorieux du Biarritz Olympique de Serge Blanco, par 12 points à 9.

Équipe de France

Un pilier au talonnage (Armary), un talonneur en pilier (Bouet), ou mieux une première ligne formée de trois piliers et sans talonneur pour être sûr que la mêlée ne s'effondre pas. Un deuxième ligne en pilier (Pujolle), un troisième ligne centre en deuxième ligne (Erbani), un deuxième ligne de 2 m en troisième ligne aile (Roumat) et toujours pas de troisième ligne type coureur, côté ouvert. Un demi d'ouverture au centre (Mesnel), un centre à l'arrière (Sella), un arrière à l'aile (Bérot) ; et pourquoi pas choisir le président Albert Ferrasse au poste de coupeur de citrons à la mi-temps ? Jacques Fouroux, qui, lui, est toujours en place à la tête du comité de sélection, a eu beaucoup d'imagination pour constituer cette année le XV tricolore. Conséquence de ses errements, les Français ont subi 4 défaites au cours de leurs 5 dernières rencontres, dont 2 à domicile contre les Lions britanniques et l'Australie. Piètres résultats. En réalité, l'équipe de France n'a pas encore trouvé de solution à son véritable problème. Ses titulaires jouent beaucoup trop et contre nature. Les meilleurs d'entre eux, censés être de purs amateurs, ne connaissent en effet aucun répit d'une saison à l'autre. Revenus de Nouvelle-Zélande en juillet, ils n'auront, par exemple, en 1990, que quatre semaines de repos, avant d'enchaîner sur le challenge Yves-du-Manoir, la Coupe des Provinces, les matches internationaux, le championnat marathon à 80 clubs puis à 40, le tournoi des Cinq Nations et, pour finir, s'ils ne sont pas trop épuisés, sur une tournée dans l'hémisphère Sud, soit onze mois de compétition sans interruption. Nettement plus que les professionnels du ballon rond. De la folie. De surcroît, Jacques Fouroux, par un masochisme que seule la psychanalyse pourrait sans doute expliquer, élimine presque tous les talents naturels sous prétexte qu'ils ne correspondent pas à ses conceptions de jeu, fondées sur la puissance et le poids au détriment du dynamisme, de la mobilité et de l'imagination. Jean-Baptiste Lafond, Denis Charvet et Thierry Maset, aujourd'hui, Didier Codornou et Jérôme Gallion hier, et pourquoi pas Serge Blanco demain ? On peut s'attendre à tout du « petit caporal » qui, à force d'utiliser des hommes à des postes qui ne sont pas les leurs, a abouti à la formation d'un conglomérat qui n'a plus guère que sa bonne volonté et sa vaillance pour essayer de confectionner un rugby cohérent. Que de gâchis !

Matches internationaux

Christchurch (17 juin) : Nouvelle-Zélande b. France, 25-17.