Le vaccin classique, dit TAB, contient des bacilles entiers inactivés par la chaleur. Ce vaccin entraîne souvent des réactions locales et générales importantes et il nécessite 3 injections à intervalle de 2 à 4 semaines, suivies d'une injection de rappel un an plus tard.

Dans les pays en voie de développement, une telle vaccination est difficile à réaliser. La multiplicité des injections compromet la réussite d'un programme vaccinal. Un nouveau vaccin administré en une seule injection, maintenant disponible, pourrait être d'une grande utilité dans ces pays. Il ne contient que la fraction antigénique du germe susceptible à elle seule de conférer la protection : l'antigène Vi (Vi = virulence) extrait de la capsule de bactéries Salmonella Typhi. Ne contenant pas de bacilles entiers, il est remarquablement toléré et ne donne pratiquement pas de réactions secondaires indésirables. Son efficacité (vérifiée dans les pays de grande épidémicité) est comparable à celle du vaccin TAB (de l'ordre de 65 %). Mais sa durée de protection n'est pas encore connue (un an au minimum et peut-être jusqu'à 3 ans) et il n'immunise pas contre les typhoïdes dues aux germes Salmonella Paratyphi A et B (dépourvus d'antigène Vi) qui ne sont pas réputés épidémiogènes. Ce vaccin à injection unique a donc tout son intérêt pour la vaccination systématique des pays d'endémie, et aussi dans les pays épargnés, pour la protection des personnes exposées au risque : voyageurs, migrants, personnel hospitalier, militaires.

Dr Georges de Corganoff

Physique

Le « LEP » et les autres

En septembre 1989, au moment précis où les astronomes annonçaient la découverte du plus lointain quasar connu, les physiciens de l'infiniment petit faisaient un pas supplémentaire... dans la même direction : la compréhension des phénomènes physiques qui ont, à partir du big bang originel dont la réalité est aujourd'hui bien établie, mené à la création des diverses particules élémentaires, quarks (constituants des neutrons et des protons), électrons et autres neutrinos qui constituent, en dernière analyse, les galaxies, les planètes et les êtres vivants.

À l'approche des premiers instants de l'Univers, les frontières tombent : l'astrophysique et la physique des particules ont désormais un vocabulaire commun. Les accélérateurs de particules actuels ont l'énergie suffisante pour observer la désintégration d'une particule nommée « Z° » qui est apparue quelques microsecondes après le big bang, de même que les télescopes les plus puissants voient les premiers objets cosmiques qui aient résulté de sa désintégration. Les deux disciplines partagent aussi des interrogations communes : D'où vient la masse des particules ? Pourquoi n'a-t-on pas encore « vu » le quark « top », sensé être l'ultime composant des trois familles de particules connues ? Y a-t-il enfin d'autres familles analogues, susceptibles de composer la matière à très haute énergie et de changer radicalement tous les scénarios sur l'origine de l'Univers ?

C'est à cette dernière question que vient de répondre le LEP (Large Electron Positron collider), le dernier en date des accélérateurs du Cern (Cern : Laboratoire européen de physique des particules) de Genève... à peine un mois après sa mise en service. Le temps de produire onze mille « Z° », plus que n'en a produits son rival californien SLC (Stanford Linear Collider) en un an, assez en tout cas pour mesurer avec précision la durée de vie du Z° (10–24 seconde !) et en déduire sans ambiguïté qu'il n'existe pas plus de trois familles de particules dans l'Univers. Les physiciens américains ont encaissé le coup, mais ils ne se résignent pas à voir les Européens jouer les pionniers dans la conquête de l'infiniment petit. À Washington, fin juillet, le Congrès a voté le budget de construction d'un accélérateur bien plus puissant que le LEP et, lois de la physique obligent, plus grand encore. Le tunnel (creusé sous la frontière franco-suisse) du LEP a 27 km de circonférence ; celui du SSC (Superconducting Super Collider) atteindra 85 km et ses diverses installations couvriront près de 4 500 hectares à proximité de Dallas, sur le territoire de la commune de Waxahachie, petite localité connue jusque-là pour avoir servi de décor à plusieurs westerns.