Pierre Bois

Médecine

Prix Nobel

Le prix Nobel 1989 de médecine et de physiologie a été décerné le 9 octobre à deux chercheurs américains de l'université de Californie (San Francisco), les professeurs Michaël Bishop et Harold Varmus, pour leurs travaux sur les oncogènes (gènes impliqués dans l'apparition des cancers).

Jusqu'en 1976, date de la première publication de Bishop et Varmus, le terme oncogène était utilisé seulement comme adjectif. Il était synonyme de cancérogène et s'appliquait à tous les facteurs (radiations, substances chimiques, virus...) pouvant provoquer des cancers. Les travaux de Bishop et Varmus ont montré que des gènes normaux de cellules normales pouvaient, dans certaines conditions, être à l'origine du cancer. Devenus anormaux, ces gènes acquièrent un pouvoir oncogène (comme il y a des virus oncogènes) et sont plus simplement appelés des oncogènes. Comment se fait la transformation d'un gène normal en un gène anormal ?

Le rôle de certains rétrovirus à ARN (c'est-à-dire dont les gènes, au nombre de trois ou quatre, sont constitués d'acide ribonucléique) paraît déterminant dans ce mécanisme. Les rétrovirus ayant un pouvoir oncogène, dits « V-onc » pénètrent dans une cellule normale (dont les gènes, beaucoup plus nombreux, sont constitués d'ADN ou acide désoxyribonucléique) et, grâce à une enzyme, la transcriptase-inverse, y traduisent leur génome ARN en une copie à ADN, dite « C-onc » ou « oncogène », qui s'intègre au génome de la cellule parasitée. Des cellules normales peuvent ainsi contenir dans leur génome des gènes anormaux ou oncogènes. Dans certaines circonstances, notamment lors de remaniements chromosomiques tels que des translocations qui transportent les oncogènes à côté des gènes des immunoglobulines, les oncogènes peuvent modifier le fonctionnement normal de la cellule et induire la transformation de la cellule normale en cellule cancéreuse. Ainsi sont mis en évidence l'origine cellulaire du cancer et le rôle dans son apparition d'un gène cellulaire normal transformé et non d'un virus.

Le premier oncogène découvert en 1976 est le gène src (celui du sarcome de Rous, une forme de cancer du poulet). Ce gène fut appelé c-src (src cellulaire), car on le retrouve dans un grand nombre de cellules normales. Cela est vrai pour le poulet mais aussi pour beaucoup d'autres espèces, et, tout particulièrement, pour l'homme. À l'heure actuelle, une trentaine d'oncogènes ont été isolés, localisés sur la carte génique et bien caractérisés sur le plan moléculaire. Les mécanismes de régulation des oncogènes sont encore mal connus, mais il paraît vraisemblable qu'il existe des gènes inhibiteurs qui seraient des anti-oncogènes.

La théorie chromosomique du cancer est, en fait, une idée déjà ancienne. Elle a été exposée pour la première fois par le biologiste allemand Theodor Boveri dans son livre paru en 1914 sur l'origine des tumeurs malignes. Th. Boveri, professeur à Munich puis à Würzburg, soutient qu'il faut chercher le comportement anormal des cellules dans les cellules elles-mêmes et non dans leur environnement : une certaine constitution chromosomique anormale – peu importe la façon dont elle est apparue – est à l'origine du cancer.

Les travaux de biologie moléculaire ont ainsi confirmé 70 ans plus tard les idées du précurseur Boveri (mort en 1915). Au sujet de ces travaux, une polémique s'est engagée après l'attribution du prix Nobel. Le chercheur français Dominique Stehelin, de l'Institut Pasteur de Lille, qui avait travaillé à San Francisco dans le laboratoire de Bishop et Varmus, avait signé « en tête » la première publication relative aux oncogènes et c'est à lui qu'on attribue généralement la découverte, en 1976, du premier oncogène, le gène src. Le fait qu'il a été exclu du prix Nobel au profit des seuls Bishop et Varmus a suscité en France un certain étonnement. Une fois encore, lorsqu'une découverte scientifique importante est annoncée, on assiste au même processus en deux étapes. D'abord : « Ce n'est pas vrai. » Ensuite : « Ce n'est pas vous. »

Un nouveau vaccin contre la fièvre typhoïde

Un des artisans de la victoire de 1918 est le médecin général Vincent, auquel on doit la réalisation d'un vaccin contre la fièvre typhoïde. Grâce à la vaccination systématique de la troupe, il mit un terme à l'épidémie qui, au début de la guerre, faisait des ravages dans les rangs de l'armée française. De nos jours, il n'y a guère de risque d'épidémie dans les pays occidentaux, mais en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud, elle frappe chaque année plusieurs millions d'individus.