Le Congrès géologique international est une manifestation qui a lieu tous les quatre ans et qui regroupe toutes les disciplines des sciences de la Terre. À Washington, près de 5 900 personnes ont été inscrites. Les trois délégations les plus importantes ont été formées par les États-Unis (près de 3 300), le Canada (259) et la France (208). Plusieurs sessions étaient proposées simultanément, avec le souci de réunir des spécialistes de disciplines différentes. S'y ajoutaient les expositions de divers organismes (sociétés privées, services géologiques, maisons d'édition) provenant de plusieurs pays. En outre, les congressistes pouvaient tirer profit des nombreuses rencontres formelles ou impromptues que favorisent de tels rassemblements.

Le « sponsor » du Congrès géologique international, l'Union internationale des sciences géologiques (IUGS), s'est donné un nouveau président, M. Umberto Cordani, de nationalité brésilienne, le premier qui soit issu d'un pays en voie de développement.

Bernard Bonin

Océanographie

L'année 1989 a été celle du Pacifique avec la concentration, dans la bordure occidentale surtout, des campagnes de surface, les plongées dans des sites hydrothermaux et les forages ODP (Ocean Drilling Program). Une quarantaine de sites ont été forés en Indonésie, dans les Mariannes ou au Japon avec, comme objectifs, l'étude des mécanismes des arcs insulaires et celle de l'âge de la croûte océanique la plus ancienne.

En octobre, la 25e année de service du sous-marin américain Alvin ouvre une nouvelle phase d'expansion des recherches par submersibles profonds. Après le Japon, l'URSS lance Mir I et Mir II (Institut Chirchov). Premiers travaux dans l'Atlantique nord.

Un projet prometteur pour la connaissance des zones abyssales : la réutilisation scientifique des câbles téléphoniques profonds désaffectés. Ils seraient équipés de capteurs pour détecter les risques d'éruptions, de séismes ou de glissements sous-marins aux effets riverains dévastateurs.

Le renforcement de l'océanographie dite de surveillance et d'intervention est à l'ordre du jour dans un nombre croissant de pays industrialisés. Les raisons en sont l'aggravation, depuis le début de 1989, de l'eutrophisation (prolifération dangereuse des algues de toutes dimensions) dans quelques mers bordières de l'Europe (Baltique, mer du Nord, golfe de Venise) qui a exigé la mise en alerte des observatoires et laboratoires de détection satellitaire et biochimique. Les circonstances climatico-océaniques ont été propices et ont favorisé l'élévation exceptionnelle de la température superficielle de l'eau.

Diplomatie : au sommet de Paris (juill.), comme à la conférence de Paris sur l'Antarctique (oct.), l'océan a été la vedette. Notamment sous l'aspect de la pollution à l'origine d'accidents écologiques graves jusque dans les mers antarctiques jadis épargnées (échouage d'un pétrolier devant la base américaine Palmer, en février).

Jean-René Vanney

Catastrophes

On s'interroge toujours sur les responsabilités quand il s'agit de catastrophes criminelles. Lorsque c'est la nature qui devient violente, à défaut d'incriminer le ciel, c'est vers les autorités qu'on se retourne. La Guadeloupe, qui n'a pas été épargnée par le cyclone Hugo, n'est pas entrée dans cette autre spirale, celle de la polémique. Il est vrai que si 8 000 maisons ont été détruites dans l'île, l'aide gouvernementale n'a pas manqué.

L'ouragan avait atteint les îles sœurs à l'aube du 17 septembre. Des vents de 250 km/h brisaient les palmiers comme des allumettes, ravageaient les bananeraies tandis que les premières pluies noyaient les villages sous un déluge. La mer montait de trois mètres et, à Saint-François, les vagues entraient dans la ville, inondant les centraux téléphoniques. Mais, déjà, la métropole organisait les premiers secours : le gouvernement débloquait d'urgence 34 millions de francs et les autorités planifiaient un hébergement dans les écoles pour les 4 000 Guadeloupéens sans abri.

Un responsable, en revanche, il y en avait un en Alaska : le pétrolier Exxon Valdez, qui a transformé un champ de glace immaculé en trottoirs bitumés. La baie du Prince William a été totalement souillée par un drame écologique sans précédent pour la faune et la flore de cette partie du globe. C'était en avril, au moment où les ours sortent de leur tanière, où les oiseaux migrateurs arrivent, où les otaries doivent mettre au monde leurs petits. Le nettoyage coûtera 1,25 milliard de dollars à la compagnie Exxon, qui a reconnu sa responsabilité dans le naufrage. Car, si le pétrolier s'est échoué, c'est que son capitaine, Joseph Hazelwood, n'était pas à son poste lors d'une manœuvre difficile. Il dormait dans sa cabine et, d'après l'équipage, se trouvait en état d'ébriété. La compagnie qui l'employait a donc décidé de payer sans trop rechigner : il était difficile de trouver des circonstances atténuantes.