D'autre part, les nouvelles technologies permettent de mieux tenir compte des besoins des consommateurs. D'un côté, les méthodes d'investigation, enrichies par l'informatique, améliorent la connaissance que l'on peut avoir du client, de ses caractéristiques statistiques (c'est très classique) et surtout de ses désirs profonds et de ses préférences, même inavouées (cela, c'est nouveau).

Il en résulte que le produit standard, indifférencié, universel, recule chaque jour un peu plus au profit du micromarché, celui du produit adapté à une famille de consommateurs précisément ciblée, localisée, typée.

D'un autre côté, grâce à la conception assistée par ordinateur, il devient possible de concilier la production de masse avec l'adaptation constante et quasi instantanée du produit au désir du client. Les volumes, les formes, les couleurs peuvent être modifiés à son gré : le consommateur pourra bientôt commander à la carte à un prix proche de celui du menu standard d'aujourd'hui. L'automobile a donné le signal du départ : le mouvement devrait bientôt s'étendre aux flacons de parfums ou aux caisses-carton, voire aux maisons.

Dans le domaine financier, l'électronisation des flux monétaires a bouleversé les méthodes de paiement, permettant à la fois le fonctionnement en temps réel du système financier et la réduction des coûts des transactions. Grâce à ces innovations (de processus), de nombreux épargnants ont pu accéder au marché financier et placer leurs capitaux dans de meilleures conditions. Pour les firmes, grâce à la formule connue sous le label du cash management, l'informatique a pu contribuer à l'amélioration de leur gestion.

Bien que les applications industrielles et commerciales apparaissent très limitées, les biotechnologies ont surtout ouvert de nouvelles perspectives en direction de maladies dont le traitement s'avère coûteux ou peu efficace. Ainsi, des médicaments rares et chers, prélevés hier sur l'homme, et aujourd'hui sur l'animal, peuvent être fabriqués à un prix beaucoup moins élevé.

Dernières venues, les technologies liées aux nouveaux matériaux (vitrages à basse émissivité, céramiques techniques, fibres de renforcement, emballages composites) sont considérées comme les prémices d'une nouvelle révolution industrielle. Jusqu'à présent, elles ont permis de rendre plus efficace la transmission de l'information d'un ordinateur à un autre ; l'aérospatiale a également profité de nouveaux matériaux (alliages très résistants). Enfin, dans le domaine des sports, la fibre de verre (avant le carbone) a pu améliorer considérablement les conditions du ski et rendre possible la pratique intensive et généralisée de la planche à voile.

Gilbert Rullière
Directeur de recherche au CNRS, spécialisé dans l'économie agricole, Gilbert Rullière enseigne la gestion et l'économie du financement des entreprises à l'université de Lyon-I.