Ces politiques, qui créent des distorsions sur les marchés mondiaux, alors que la concurrence entre producteurs est déjà exacerbée par la généralisation des excédents et le moindre poids des échanges agricoles dans le commerce international, ne font qu'aggraver les conflits dans ce secteur.

Consciente de leur coût et de leurs effets pervers, la Communauté internationale, dans le cadre de l'« Uruguay Round » mené depuis 1986 au sein du GATT, est convenue de la nécessité de procéder à la libéralisation des échanges agricoles. En revanche, les partenaires s'opposent toujours sur la nature des réformes à réaliser.

Une véritable épreuve de force s'est ainsi engagée entre les États-Unis et la CEE à propos des subventions. Les Américains estiment que la CEE et sa politique de subventions à l'exportation sont responsables du désordre agricole mondial et souhaitent l'élimination totale des aides à l'agriculture avant dix ans. La Commission de Bruxelles reconnaît que son agriculture est subventionnée – comme toutes les autres d'ailleurs –, mais soutient qu'il faut prendre en compte l'ensemble des aides à l'agriculture, comme (par exemple) les compensations pour pertes de revenu que les États-Unis accordent à leurs producteurs.

La Commission estime en outre avoir fait une grande partie du chemin depuis 1984 en procédant à la réforme de la Politique agricole commune (PAC). De son côté, le Groupe de Cairns, qui comprend depuis 1986 les quatorze autres principaux exportateurs, dont l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et l'Argentine, qualifie ses membres de « commerçants loyaux », car ils ne subventionnent pas leur agriculture. Il réclame donc une négociation accélérée et une réduction des aides. Enfin, le tiers-monde, plutôt spectateur, réclame toujours un traitement spécial et différencié.

Les intérêts en jeu et le caractère inconciliable des positions sont tels que le dossier agricole n'a pu trouver de solution lors de la réunion de mi-parcours de l'Uruguay Round tenue en décembre 1988. À force de discussions, un compromis a été finalement conclu le 7 avril 1989. L'accord traduit un succès européen et résulte en grande partie des concessions faites par les États-Unis. Les deux parties n'ont pris aucun engagement précis à court terme (en particulier les Américains ont renonce à imposer à la CEE la suppression immédiate de toutes les subventions agricoles). En revanche, elles s'engagent à poursuivre les négociations jusqu'à la fin de 1990 pour arrêter un programme de réformes à long terme visant à réduire les soutiens afin que les échanges agricoles puissent se développer conformément aux lois du marché.

Dominique Colson
Diplômée d'études supérieures en sciences économiques, Dominique Colson a enseigné l'économie internationale dans plusieurs universités parisiennes. Elle collabore depuis 1977 aux dictionnaires et encyclopédies Larousse.