L'offensive diplomatique de M. Gorbatchev s'est poursuivie pour faire admettre l'URSS dans la région, non pas comme un perturbateur, mais comme un partenaire rassurant, constructif, indispensable. L'URSS s'efforce ainsi de s'introduire dans les mécanismes de coopération économique régionale en train de se mettre en place dans le bassin du Pacifique. Cependant, le retrait réciproque, proposé par Moscou, des bases militaires situées en Asie du Sud-Est apparaît comme une simple manœuvre de propagande à Washington, où l'on est parvenu, à grands frais mais avec soulagement, à renouveler l'accord concernant les bases des Philippines dont Mme Cory Aquino s'était engagée, avant son élection, à réclamer l'évacuation.

Soucieux du maintien de leur déploiement stratégique, les États-Unis sont très attentifs au développement des crises, y compris en Nouvelle-Calédonie ; ils s'efforcent de consolider leurs liens avec l'Australie, qui a célébré avec faste le bicentenaire de sa fondation. Mais, autour du Pacifique, sous des formes diverses et discutées, le Japon continue à apparaître comme la puissance économique dominante, même si la Corée du Sud, dont le prestige sort grandi du parfait déroulement des jeux Olympiques, se présente désormais comme un partenaire potentiel important.

Les rapports entre la France et les pays du Pacifique Sud sont toujours troublés par les événements en Nouvelle-Calédonie, par les expériences nucléaires de Mururoa, qui suscitent une vive opposition, et par les suites – moins tragiques – de l'affaire du Rainbow Warrior. En Australie, en février, la visite du ministre de la Défense, M. André Giraud, a amorcé la reprise d'un dialogue difficile.

Jean-Pierre Gomane

Afrique

Caractérisée par une pluviométrie exceptionnelle au point que des inondations ont parfois succédé à la sécheresse (au Sénégal ou au Soudan), l'année 1988 a été marquée par les débats sur l'endettement, alors que des lueurs de paix durable apparaissaient sur quelques fronts chauds du continent.

En décembre 1987, un sommet extraordinaire de l'OUA avait insisté sur le nécessaire rééchelonnement d'une dette extérieure atteignant 200 milliards de dollars, selon la Banque mondiale. Or, au milieu de 1988, les prévisions n'étaient guère optimistes, compte tenu de l'effondrement de certains cours (– 22 % entre janvier et août pour le cacao). Des pays comme la Côte-d'Ivoire ont dû rééchelonner à nouveau leur dette ; les comptes de la BEAC (Banque des États d'Afrique centrale) sont à découvert, et l'ONU a chiffré, en mars 1988, les besoins immédiats de financement à 5 milliards de dollars. Réunis à Toronto en juin, les « sept grands » ont décidé d'étudier un allégement, voire une suppression de la dette de vingt pays africains. Des remous monétaires autour de la zone franc ont agité la réunion des ministres des Finances francophones tenue en mars à Bangui, mais la parité du franc CFA a été confirmée et le système maintenu.

Le 25e sommet de l'OUA (26-28 mai), désormais présidée par le Malien Moussa Traoré, a été consacré à la détente. Sur plusieurs fronts, le temps des négociations semble arrivé. Les multiples discussions entre Angolais, Sud-Africains et Cubains, avec médiation américaine, ont abouti, le 5 août à Genève, à un accord permettant d'étudier le retrait des troupes cubaines d'Angola et les conditions d'accession à l'indépendance de la Namibie. Mais la réunion de Brazzaville (26-29 septembre) qui a suivi a buté sur la question de la réconciliation angolaise. Le président sud-africain Pieter Botha a multiplié les contacts avec des chefs d'État francophones (S.S. Mobutu le 10 octobre, F. Houphouët-Boigny le 15 octobre) et poursuivi le dialogue avec le Mozambique (prêt bancaire pour la réfection du barrage de Cabora Bassa). Il a bénéficié de l'atterrissage imprévu du pape à Johannesbourg (14 septembre), lors de la visite de ce dernier en Afrique australe. Après de violents combats entre Tchadiens et Libyens à Karkour, en mars, le colonel Kadhafi a reconnu le régime d'Hissène Habré en mai. Des pourparlers ont été engagés à Libreville le 7 juillet et la Libye a annoncé, le 6 août, qu'elle pouvait accueillir une ambassade du Tchad à Tripoli.