Depuis la dernière entrevue en 1959, entre Mao Zedong et Khrouchtchev, bien de l'eau a coulé sous les ponts. Deng Xiaoping comme Gorbatchev ont envie de se parler. D'autant plus que beaucoup de chemin a été parcouru en direction d'une solution aux « trois obstacles » mis par la Chine à une normalisation avec l'URSS : la frontière sino-soviétique est calme, l'Armée rouge a commencé son évacuation de l'Afghanistan, et les négociations avancent à petits pas sur le Cambodge, Moscou ayant exercé des pressions dans ce sens auprès de son allié vietnamien. 1989 pourrait donc bien être l'année de la réconciliation entre les deux capitales du communisme mondial.

Une autre initiative diplomatique a été prise par la Chine en direction de la Corée du Sud. Tout en assurant son allié nord-coréen de son soutien, Pékin a refusé de s'associer au boycottage des jeux Olympiques de Séoul et a établi des relations commerciales avec la Corée du Sud. Là encore, l'intérêt bien compris l'a emporté sur l'idéologie. Tout comme avec Taiwan, dont plus de 300 000 ressortissants ont visité le continent en un an et avec qui les échanges commerciaux se font désormais ouvertement.

1988 aura enfin vu la poursuite de l'agitation antichinoise au Tibet. Les manifestations, qui avaient éclaté à Lhassa en septembre 1987, ont continué, de manière sporadique, entraînant une brutale répression. Mais, paradoxalement, cette recrudescence de la tension sur le Toit du monde aura permis la reprise d'une amorce de dialogue entre le dalaï-lama et Pékin, chaque partie ayant quelque peu assoupli des positions restées longtemps rigides. L'idée fait son chemin dans la capitale chinoise qu'il ne peut y avoir de solution au Tibet en dehors ou contre le chef spirituel suprême. De plus, le temps semble venu d'une reprise des contacts à haut niveau entre dirigeants chinois et indiens, qui pourrait déboucher sur un compromis à propos du différend frontalier qui oppose toujours les deux pays.

Patrice de Beer

Japon

Depuis qu'il est devenu chef du Parti libéral-démocrate (PLD) et Premier ministre en novembre 1987, M. Noboru Takeshita n'a cessé d'affirmer son pouvoir.

Après des mois d'efforts, il a réussi dans un domaine où son prédécesseur Yasuhiro Nakasone avait échoué : le 16 novembre 1988, il a fait approuver par la Chambre basse de la Diète la réforme fiscale, qui permettra d'introduire la TVA à partir du 1er avril 1989. Malgré son taux initial très bas de 3 %, qui a été retenu pour ménager une opinion publique méfiante, cet impôt fournira au gouvernement des ressources abondantes et stables. Selon les prévisions, durant l'année fiscale qui commencera le 1er avril prochain, la taxe devrait rapporter 5 400 milliards de yens. Le nouvel impôt contribuera à clarifier le système fiscal nippon et à alléger les charges pesant sur les entreprises et les particuliers.

Avant de tomber à 37,5 %, le taux de base de l'impôt sur les bénéfices des sociétés passera de 42 % à 40 % la première année ; enfin, les taxes discriminatoires frappant certains produits importés seront réduites. Au heu de 18,5 % actuellement, le montant s'appliquant à une voiture étrangère moyenne sera fixé à 6 % pendant trois ans et à 3 % ensuite.

En parvenant à imposer la réforme fiscale au moment où était publiée la liste des personnalités impliquées dans le scandale Recruit-Cosmos, Noboru Takeshita a affaibli son rival, Yasuhiro Nakasone, qui est aussi compromis. Comme un certain nombre d'hommes politiques, il aurait acquis des actions de la société Recruit-Cosmos avant leur introduction en Bourse. Par son ampleur politique – toutes les formations, sauf les communistes, sont concernées – et financière – il s'agit de 7 milliards de yens –, le scandale risque de dépasser celui de l'affaire Lockheed.

La fin de l'année a été assombrie par la longue agonie de l'empereur Hirohito pendant laquelle toutes les réjouissances ont été suspendues.

Laurent Leblond

Pacifique

Cette année encore, le Pacifique a tenu une place primordiale dans les relations internationales, toutes les grandes puissances mondiales étant riveraines de cet océan.