– Un effort de solidarité. En réponse à la « nouvelle pauvreté », on a créé le revenu minimum d'insertion (RMI) ; il concerne 570 000 foyers et sera financé en partie par le rétablissement de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qui touchera entre 100 000 et 150 000 contribuables. Un plan pour l'emploi a été également annoncé le 14 septembre ; il combinera à la fois traitement social et traitement économique du chômage (en particulier par l'allégement du coût de la main-d'œuvre). En revanche, mis à part un léger coup de pouce au SMIC le 1er juillet, la rigueur salariale a été maintenue, alors que les cotisations sociales ont dû être relevées pour financer le déficit de la Sécurité sociale.

– La réhabilitation de la planification. Le Xe plan (1989-1992), en cours d'élaboration, vise à préparer la France au grand marché européen de 1993. Le budget 1989 privilégie l'éducation, la formation, l'emploi et la recherche.

Dominique Colson

Budget

L'assainissement des années précédentes et la forte croissance permettent au gouvernement Rocard de présenter pour 1989 un budget qui réduit tout à la fois le déficit et les impôts en réhabilitant la dépense publique.

Après plusieurs années de baisse ou de stagnation, les dépenses de l'État reprennent. Elles représentent 1 164 milliards de francs, soit, à structure comparable, une hausse en valeur de 4,6 % par rapport à 1988, à comparer à la hausse de 2,6 % prévue pour les prix. Dans le même temps, les priorités sont nettement affirmées, tant dans l'affectation des crédits que dans la redistribution des effectifs : l'éducation (+ 5,5 % avec 11 milliards de francs), la solidarité (création d'un revenu minimum d'insertion – RMI – qui coûtera 6 milliards de francs en 1989), la formation (+ 22 %), l'emploi (+ 5,2 %), la recherche (+ 7,6 %) et la culture (+ 12,5 %).

La réduction du déficit reste la priorité du gouvernement. Il passe de 115 à 100 milliards de francs. Cet effort est rendu possible par la bonne santé de l'économie en 1988 qui a beaucoup gonflé les recettes fiscales (estimées à 40 milliards de francs de plus) et par le fait que les nouvelles dépenses sont gagées par des économies supplémentaires dans d'autres domaines.

Limités à 24,6 milliards de francs, les allégements fiscaux sont répartis entre les ménages (14,5, essentiellement par la baisse de la TVA) et les entreprises (10,1, notamment par la baisse de l'impôt sur les bénéfices réinvestis et par un effort en faveur des entreprises qui embauchent). En revanche, l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), estimé à 4,1 milliards de francs, est rétabli ; il est destiné à financer en partie le revenu minimum d'insertion.

Ce budget vise à créer un environnement favorable à l'investissement et à la création d'emplois et à obtenir la cohésion sociale par une meilleure prise en compte de la solidarité.

Dominique Colson

Politique étrangère

Avant et après les élections du mois de mai, l'action de la France à l'extérieur s'est poursuivie pour une bonne part sous le signe de la continuité, dans les trois axes qui définissent le terrain d'action principal de sa diplomatie.

Priorité à l'Europe, sur laquelle, au demeurant, un consensus assez large existe. Continuité donc, l'accent demeurant sur la primauté accordée au couple franco-allemand – une patiente campagne étant menée en contrepoint pour apaiser les inquiétudes de Mme Thatcher. Si infléchissement il y a eu en matière européenne, c'est sans doute en direction de l'Espagne, avec laquelle le dialogue s'est resserré.

Second axe : les conflits régionaux. Continuité là encore, la France paraissant plus « accompagner » l'évolution des crises que jouer un rôle moteur dans la recherche de leur règlement. Une exception : le Tchad, où son assistance militaire a joué un rôle décisif. Une présence navale dans le golfe Persique, un soutien de principe à une conférence internationale sur le Proche-Orient, l'hospitalité accordée aux conversations « entre Cambodgiens » ne vont pas, en revanche, au-delà d'un rôle de second plan.