Journal de l'année Édition 1988 1988Éd. 1988

Point de l'actualité

Le nouveau paysage audiovisuel français

Il résulte de l'application de la loi du 30 septembre 1986, complétée par celle du 27 novembre 1986 (éd. 1986 et éd. 1987). Ces textes confirment les principaux axes de la réforme de 1982, en accentuant même certains aspects : réduction du secteur public de l'audiovisuel, ouverture de nouveaux secteurs (programmation, diffusion) à des opérateurs privés, rôle très important dévolu à la Commission nationale de la communication et des libertés (CNCL).

Le tableau ci-dessous recense les principales chaînes de radio et de télévision à la fin de 1987 et la part prise par les opérateurs privés. Rappelons que les sociétés relevant du secteur public sont financées par la redevance TV et par la publicité, alors que les sociétés du secteur privé n'ont pour seules ressources que la publicité et le parrainage.

À côté de ces sociétés de programmes subsistent des sociétés ayant en charge des activités techniques liées à la production (Société française de production), à la diffusion (Télédiffusion de France) et à la conservation des programmes (Institut national de l'audiovisuel). La SFP et TDF ont vu leurs statuts modifiés : la majorité de leur capital reste entre les mains de personnes publiques, mais elles sont soumises au régime de la concurrence avec des sociétés privées, dans leurs secteurs respectifs, sauf dans leurs rapports avec les sociétés du service public.

La CNCL a vocation à favoriser la mise en place de ces nouvelles structures et à contrôler l'activité des divers opérateurs publics et privés, afin de faire respecter le libre jeu de la concurrence sans qu'il soit porté atteinte au pluralisme.

Ces modifications du paysage audiovisuel n'ont pas profondément bouleversé le comportement télévisuel de la majorité des Français. Le classement des chaînes, en terme d'audience cumulée (Médiamétrie, octobre 1987), fait apparaître l'ordre préférentiel suivant : TF1 (57,2 p. 100), A2 (47,6 p. 100), FR3 (22,6 p. 100), la Cinq (12,5 p. 100), M6 (6,5 p. 100). Cette situation de relative stabilité s'explique par plusieurs facteurs. Le réseau de diffusion de la Cinq et de M6 ne couvre pas encore la totalité du territoire (40 p. 100 fin 1987) ; les télévisions locales hertziennes sont encore inexistantes, ce qui préserve provisoirement le monopole régional de FR3. Les réseaux câblés ouverts (18 en service au 31 décembre 1987) sont très locaux et leur public encore bien mince : moins de 10 p. 100 de pénétration sauf pour quelques sites (Metz ou Biarritz). L'essentiel des programmes distribués sur ces réseaux sont, d'une part, la retransmission de programmes de sociétés étrangères diffusés sur l'Europe par satellite et d'autre part les programmes des chaînes de télévision françaises à audience nationale : la part des programmes locaux spécifiques reste très faible.

Au niveau radiophonique, la modification des comportements est plus sensible et l'apparition depuis 1981 des Radios locales privées (RLP) a profondément modifié les habitudes d'écoute (éd. 1981 et éd. 1982), puisque 400 nouvelles radios sont désormais disponibles. Le plan de fréquences des RLP est actuellement en cours de modification par la CNCL. Les choix faits pour Paris ramènent le nombre de stations émettrices à 37.

Christine Leteinturier