Le 10 mars, la publication par la congrégation romaine pour la Doctrine de la foi d'une Instruction condamnant toutes les méthodes de procréation artifielle, et notamment la fécondation in vitro, provoque un vif débat, notamment au sein des facultés de médecine des universités catholiques de Louvain, Nimègue et Lille où des expériences novatrices sont en cours.

Dans le même temps, Jean-Paul II multiplie les béatifications, dont certaines dérangent : le 29 mars, la béatification de trois carmélites espagnoles assassinées pendant la guerre civile soulève de fortes protestations dans les milieux républicains et libéraux en Espagne ; le 1er mai, la béatification, à Cologne, d'Edith Stein, carmélite d'origine juive, gazée à Auschwitz-Birkenau en 1942, provoque de violents remous dans les communautés juives ; le 28 juin, la béatification, à Rome, de l'évêque lituanien Jurgis Matulaitis, mort en 1927, indispose les autorités soviétiques. Cependant, la béatification, au cours du Synode des évêques pour les laïcs, le 4 octobre, de plusieurs jeunes laïcs morts en déportation durant la Seconde Guerre mondiale, notamment celle de Marcel Callo, jociste français, frappe heureusement l'opinion, habituée à voir Rome béatifier ou canoniser presque exclusivement des religieux ou des religieuses.

Au cours de l'année, Jean-Paul II se rend en Amérique latine (31 mars-13 avril) où, comme il l'a fait au cours de voyages précédents, il appelle à la fois à la libération des peuples et au respect des autorités ; en Allemagne fédérale (30 avril-3 mai), où il rend un émouvant hommage aux victimes du nazisme et lance un appel angoissé au réveil religieux de l'Europe ; en Pologne (8-15 juin), où l'accueil est, bien sûr, enthousiaste et où le pape n'hésite pas à dénoncer les blocages de la société socialiste ; aux États-Unis (10-19 septembre), où, comme à l'ordinaire, le Souverain Pontife rappelle fermement l'enseignement moral de l'Église et multiplie les rencontres les plus chaleureuses et les plus colorées, notamment avec les communautés hispaniques et indiennes.

Au cours de ces voyages, il est souvent question du rôle, jugé trop réduit, des laïcs dans une Église très hiérarchisée et très centralisée. C'est pour essayer de mieux dégager ce rôle, en l'éclairant à la lumière du concile Vatican II, que se réunit, à Rome, du 1er au 30 octobre, la 7e assemblée ordinaire du Synode des évêques, consacrée à la « vocation et mission des laïcs dans l'Église et dans le monde à vingt ans du concile Vatican II ». En théorie, le problème est simple : tout baptisé est responsable dans l'Église. En fait, la distinction et la distance entre clercs et laïcs restent considérables.

Protestantisme

Certaines Églises prennent des positions de pointe. Ainsi, l'Église protestante de la RDA, où « l'Église de base », au cours du congrès de juillet à Berlin, oblige l'Église officielle à transformer ses assises en un véritable « Forum de la Paix ». Le 26 février, le Synode de l'Église anglicane avait voté pour l'ordination des femmes, ce qui avait provoqué une violente réaction, notamment de la part de l'archevêque de Londres, Graham Leonard, qui considère la pénétration dans l'Église des idées féministes comme un « désastre œcuménique ».

En fait, l'œcuménisme semble quelque peu s'enliser dans la routine ou l'affrontement de spécialistes. Car, dans la pratique, les obstacles restent nombreux : on le constate, par exemple, le 18 mai, à la tempête provoquée en Suisse par l'éventuelle nomination d'un évêque catholique à Genève, patrie du calvinisme.

Islam

La traditionnelle querelle entre sunnites et chiites s'exaspère de l'explosion intégriste dans l'ensemble de l'islam, explosion dont l'origine est liée à l'accession au pouvoir, en Iran, de l'imam Khomeiny. L'interminable guerre du Liban, que prolonge « la guerre du Golfe » entre l'Iran et l'Iraq, les attentats perpétrés en Occident, le procès des intégristes tunisiens en septembre sont des illustrations sanglantes d'un phénomène qui, le vendredi 31 juillet – le « vendredi noir » –, à La Mecque, prend un aspect particulièrement tragique : à l'issue d'un violent affrontement entre pèlerins iraniens et forces saoudiennes, on compte 402 morts et 649 blessés.