Journal de l'année Édition 1988 1988Éd. 1988

Pays de Galles b. Angleterre 16-3

Australie b. Irlande 33-15

France b. Fidji 31-16

Demi-finales

Face à des rivaux rapidement dépassés par le rythme donné à la rencontre, les Néo-Zélandais n'ont eu aucune peine à infliger aux Gallois la plus humiliante défaite de leur histoire. 43 points de différence au tableau d'affichage, la crédibilité du Tournoi des Cinq Nations venait d'en prendre un sérieux coup. À la fin de ce non-combat, les anciennes gloires galloises qui assistaient à cette déroute, Garry Edwards, Philipp Bennett, Barry John et Mervyn Davies en étaient « rouges » de honte. Après son quart de finale désastreux, la France n'était pas favorite contre l'Ogre australien qui évoluait à domicile. 80 minutes plus tard, elle avait déjoué tous les pronostics, s'imposant pendant les arrêts de jeu, grâce à un dernier essai de 70 m inscrit en coin par Serge Blanco, au terme d'une action collective de toute beauté. Un final enthousiasmant à l'image du reste du match, digne d'entrer au panthéon de l'histoire du rugby, selon les dires de tous les spécialistes présents dans les tribunes.

Résultats

Nouvelle-Zélande b. Pays de Galles : 49-6 (27-0).

France b. Australie : 30-24 (6-9).

Finale

Le champion de l'hémisphère Nord, la France, contre celui de l'hémisphère Sud, la Nouvelle-Zélande. La finale que tout le monde attendait s'annonçait équilibrée. Mais dès le début de la rencontre on s'est vite aperçu qu'il n'en serait rien, tant les All Blacks se montraient supérieurs aux Français aussi bien lors des regroupements que dans le jeu au pied où leur demi d'ouverture, Grant Fox (17 points : un drop, une transformation, et 4 pénalités) réalisait un véritable festival. Émoussés par les efforts fournis au tour précédant contre l'Australie, les avants tricolores n'avaient plus les forces nécessaires pour empêcher le rouleau compresseur néo-zélandais de faire son œuvre. Privées de ballons exploitables, nos lignes arrières étaient dans l'impossibilité de porter le jeu dans les grands espaces, seule manière d'inverser le cours de la partie. À fatigues égales, la France aurait pu lutter, mais à Auckland ce n'était pas le cas. Il reste que cette défaite ne doit pas nous faire oublier que le rugby français vient d'écrire aux antipodes l'une des plus belles pages de son histoire, déjà fort riche en exploits.

Résultats
Finale pour la troisième place

Pays de Galles b. Australie : 22-21 (13-15).

Finale : Nouvelle-Zélande/France(Auckland, 20 juin)

Nouvelle-Zélande b. France : 29-9 (9-0).

– Alternance de soleil et d'averses. Terrain en bon état. Vent favorable à la Nouvelle-Zélande puis à la France. 48 035 spectateurs payants. Arbitre : M. Fitzgerald (Australie), assisté de MM. Fleming et Anderson.

Nouvelle-Zélande : 3 E Jones (17e), Kirk (63e), Kirwan (66e), 4 B (46e, 56e, 69e, 77e), I D (14e), 1 T (17e) Fox.

France : 1 E Berbizier (83e), 1 B (44e), 1 T (83e) Camberabero.

Nouvelle-Zélande : 15 Gallagher – 14 Kirwan, 13 Stanley, 12 Taylor, 11 Green – 10 Fox, 9 Kirk (cap.) – 7 Jones, 8 Shelford, 6 A. Whetton – 5 G. Whetton, 4 Pearce – 3 Drake, 2 Fitzpatrick, 1 MacDowell.

France : 15 Blanco – 14 Camberabero, 13 Sella, 12 Charvet, 11 Lagisquet – 10 Mesnel, 9 Berbizier – 7 Erbani, 8 Rodrigue, 6 Champ – 5 Condom, 4 Lorieux – 3 Garuet, 2 Dubroca (cap.), 1 Ondarts.

Tournoi des Cinq-Nations

En bousculant les vaillants Irlandais sur leur propre pelouse de Landsdowne Road, l'équipe de France de Daniel Dubroca a accompli le quatrième grand chelem de son histoire après ceux de 1968, 1977 et 1981. Assurément le plus facile de tous, tant les joueurs britanniques, à part peut-être les Écossais, ont régressé depuis une décennie, alors que les Français, sous la conduite de leur entraîneur Jacques Fouroux ont, au contraire, suivi une courbe ascendante. Détentrice de la cuillère de bois la saison passée, l'Irlande a terminé cette fois à la deuxième place ex æquo avec l'Écosse, précédant le pays de Galles et l'Angleterre, bons derniers. Il est vraiment temps que nos amis d'outre-Manche prennent conscience qu'ils ne jouent plus aucun rôle dans le rugby actuel, dépassés qu'ils sont par la nouvelle bande des quatre : l'Australie, la France, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud, pourtant privée de toute compétition depuis qu'elle a été mise au banc d'infamie par l'International Board à cause de l'apartheid.

France

56 ans après avoir remporté son dernier titre, l'équipe de Toulon a été sacrée championne de France par 15 points à 12, une victoire méritée pour les hommes de la rade, qui furent néanmoins malmenés en fin de rencontre par des Parisiens du Racing superbes de courage et d'enthousiasme. Pouvant compter sur la compétence de leur entraîneur « baba cool », Daniel Herrero, et sur la puissance sans égale de leur huit de devant, derrière lequel évolue un Jérôme Gallion rayonnant, les Varois sont désormais capables d'exercer sur le rugby français la même hégémonie que l'AS bittéroise dans les années 70. Quant aux joyeux drilles de la capitale, revêtus pour l'occasion de nœuds papillons roses, en échouant à l'ultime stade de la compétition, ils n'ont pas réussi leur dernière farce. Mais personne n'oubliera leur étonnant parcours ponctué en demi-finale par une victoire retentissante sur le champion sortant, le Toulouse de Pierre Villepreux. Une performance remarquable, qui a cloué le bec à tous ceux qui leur avaient reproché, en début de saison, d'avoir coiffé des bérets basques lorsqu'ils s'étaient produits à Bayonne. Autre épreuve importante du calendrier, le Challenge Yves-du-Manoir a été gagné par la solide formation de Grenoble, victorieuse de 15 Agenais à bout de souffle, par la faute d'un calendrier beaucoup trop chargé.

Rugby à XIII

Vers le professionnalisme ?

Humiliée à Leeds par la Grande-Bretagne (52-4), pourtant nettement inférieure à l'Australie, et bien qu'elle ait mieux résisté au match retour à Carcassonne (10-20), l'équipe de France est arrivée au point de non-retour et de rupture. S'il veut survivre, le rugby à XIII français doit immédiatement subir une cure de rajeunissement et redevenir le sport spectacle qu'il fut avant guerre et après la Libération. Âprement contesté par sa base, le président Jacques Soppelsa a déjà donné sa démission. Il a laissé son fauteuil à Jean-Paul Verdaguer, un homme dynamique, dont la première mesure a été de confier à « France Organisations » et à son P-DG, Pierre Martin, les intérêts de la FFR XIII en matière de ressources publicitaires. Un premier pas vers le professionnalisme, certes, mais surtout la dernière chance offerte au rugby à XIII de sortir de son anonymat. Et aussi un moyen de retrouver une bonne audience auprès des médias. En attendant, au cours d'une finale émaillée de coups défendus donnés par des joueurs à l'esprit détestable, le XIII Catalan a remporté un nouveau titre de champion de France contre le tenant, la courageuse formation du Pontet. Décidément, il n'y a rien de changé sur ce plan-là : tant que les treizistes présenteront un tel spectacle, l'avenir de ce sport restera compromis.

Championnat de France

finale
(Toulouse, 31 mai)