Les plantes posséderaient aussi leur propre système immunitaire. On savait déjà que les végétaux, en cas d'agression par des virus ou des bactéries, produisaient un certain nombre de protéines spécifiques, dites « de stress ». Purifiées par des chercheurs du CNRS, ces protéines se sont révélées capables de dégrader les parois des agents infectieux les plus répandus dans le règne végétal, témoignant ainsi de l'existence d'un véritable système de défense.

En septembre 1987, s'est tenu à Paris, sous l'égide de l'INSERM, le IXe séminaire international pour la cartographie des gènes de l'homme. Sur les quelque trente mille gènes que contiennent nos chromosomes, près de 3 000 sont déjà recensés. L'enjeu : comprendre – et un jour prévenir – les milliers de maladies héréditaires dont souffre l'espèce humaine, en localisant et en étudiant les gènes qui en sont responsables.

Catherine Vincent

Physique

Supraconducteurs : la révolution

Une découverte comme il y en a deux ou trois par siècle... Le matériau mis au point en mars 1987 près de Zurich, aux laboratoires IBM, est tout simplement révolutionnaire. Cette céramique noirâtre, un oxyde de cuivre dopé au baryum et à l'yttrium (YBaCuO pour les chimistes), devrait, selon les experts, bouleverser notre vie quotidienne. Ils entrevoient la possibilité de stocker l'énergie électrique, d'alimenter une ville entière avec quelques câbles souterrains, de faire aboutir les recherches sur l'énergie de demain, la fusion thermonucléaire, de propulser à 400 km/h des trains à lévitation magnétique... et la liste est loin d'être close.

Le secret de l'YBaCuO ? Au lieu d'être simplement conducteur comme le cuivre des fils électriques, il est « supraconducteur ». N'ayant aucune résistance électrique, il laisse passer les courants les plus intenses sans aucune perte. Plusieurs milliers d'ampères peuvent ainsi traverser un fil très mince sans produire le moindre échauffement. En matière de transport d'énergie électrique, cela se traduirait par des économies de 20 p. 100, soit plusieurs milliards de francs par an. Autre propriété surprenante : un aimant approché d'un supraconducteur se met à léviter, aussi bien que les moines bouddhistes dans Tintin au Tibet.

Connue depuis 1910, la supraconductivité était jusque-là une curiosité de laboratoire. Elle ne se manifestait qu'avec le plomb, le mercure ou le niobium refroidis dans l'hélium liquide à – 269 °C, tout près du zéro absolu. La céramique mise au point par Georg Bednorz et Alex Müller présente les mêmes propriétés, mais à – 180 °C, température facile à atteindre avec de l'azote liquide, un produit qui n'est guère plus cher que le Coca-cola.

À l'annonce de la découverte, des équipes de recherche sont constituées en quelques jours et les symposiums sur la supraconductivité se tiennent dans une indescriptible pagaille. Des records de température sont battus chaque semaine. Un laboratoire indien annonce même avoir trouvé un matériau supraconducteur à la température ordinaire ! La nouvelle n'est pas confirmée, mais cette effervescence générale, et le prix Nobel qui vient couronner Bednorz et Mülier laissent probablement un goût d'amertume à deux chercheurs de l'université de Caen : Claude Michel et Bernard Raveau, qui avaient, dès 1981, fabriqué des céramiques analogues, sans tester leurs propriétés supraconductrices...

À terme, personne ne doute de l'impact de ces matériaux sur tout ce qui utilise l'électricité ou le magnétisme. Des pans entiers de l'industrie vont se reconvertir au « supra ». Mais il est pour l'instant impossible d'avancer une date précise. Le céramique miracle est extrêmement friable, ce qui interdit d'en faire des fils souples, et elle est difficile à déposer en couches minces, forme sous laquelle pourrait l'utiliser la microélectronique. Les mécanismes physiques qui interviennent sont, par ailleurs, loin d'être compris : on sait qu'ils n'ont aucun rapport avec ceux mis en cause à très basse température, et que l'oxygène de la substance joue un rôle déterminant. Les théories nouvelles se succèdent, sans avoir jusqu'à présent apporté la bonne réponse, celle qui permettra de fabriquer le matériau fiable et reproductible qu'attendent les industriels.