Gilbert Rullière

Commerce international

Au cours de l'année 1986 s'est ouvert un grand cycle de négociations commerciales multilatérales entre les quatre-vingt-douze pays signataires du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade). Sous l'impulsion des Américains, il s'agit d'actualiser les règles du GATT, de les adapter à une concurrence commerciale de plus en plus sauvage et à un environnement économique en plein bouleversement depuis quelques années, de renforcer des règles auxquelles chaque pays doit se plier pour parvenir à une libéralisation et ainsi à un nouveau développement des échanges internationaux. Il est certain que les entraves au commerce se sont aggravées depuis la réunion de 1982.

Parce qu'ils doivent faire face à de sérieux problèmes, les États-Unis sont les principaux demandeurs de ce nouveau round. En premier lieu, le déficit de leur balance commerciale s'accroît d'année en année. En second lieu, plusieurs branches de l'industrie, mais aussi de l'agriculture, sont gravement menacées par la concurrence européenne, japonaise et des nouveaux pays industrialisés (Corée du Sud, Hong Kong, Mexique, Taiwan). Enfin, le déficit budgétaire, qui a atteint des sommets jamais égalés, préoccupe autant l'opinion publique que les milieux financiers.

Devant ces difficultés, le gouvernement américain n'entend pas céder à la tentation du protectionnisme. Il lui est arrivé, certes, d'accepter des accords d'autolimitation sur l'exportation des voitures japonaises ou, plus récemment, sur les « puces » d'ordinateur. Mais il préfère jouer la carte d'une négociation qui lui permettrait d'accroître ses exportations par une ouverture accrue des marchés de ses partenaires commerciaux et par une réduction des subventions utilisées par les autres de manière déloyale. Concrètement, les négociations porteront sur l'ouverture des marchés de services, de finance et de la haute technologie.

Gilbert Rullière

CEE

Approuvé en décembre 1985 au Conseil européen de Luxembourg, l'Acte unique fixait trois objectifs prioritaires : d'ici 1993, former un grand marché unifié de 320 millions de consommateurs (le premier du monde) ; pour les années 1987 à 1992, adopter et réaliser un programme de recherche sur les technologies nouvelles ; dès 1986, généraliser au Conseil des ministres le vote à la majorité qualifiée. L'Acte unique n'est pas entré en application en 1986 par suite de la lenteur des procédures parlementaires. En France, le projet de loi portant ratification a été adopté le 21 novembre, mais l'Allemagne, la Grèce, l'Irlande et le Portugal ont examiné le texte à l'extrême fin de l'année.

Les ministres des Douze, et surtout les représentants de la France, du Royaume-Uni et de la République fédérale, trouvent trop audacieuses les propositions de la commission sur l'abolition des obstacles internes aux échanges et sur le budget de la recherche. Le vote majoritaire n'est toujours pas entré dans les mœurs. La rigueur financière des pays riches du Nord se manifeste en permanence, et particulièrement à l'égard des États plus pauvres du Sud. Ainsi, dans de nombreux domaines, la volonté politique fait souvent défaut. Pourtant, le temps presse ; dès 1987, le financement de la Communauté, qui repose sur le prélèvement de 1,4 p. 100 des recettes de TVA, ne sera plus assuré.

La CEE a cependant dû négocier avec les États-Unis, qui la menaçaient de représailles commerciales. En juillet, les Américains ont obtenu de continuer à exporter du maïs vers l'Espagne, jusqu'à la fin de l'année.

En avril, à la demande de la France, un réajustement des parités entre les devises du Système monétaire européen a été décidé. Le franc français a été dévalué de 3 % et le mark réévalué d'autant. Le seul point positif est la bonne marche du programme de recherche Eurêka, auquel 19 pays participent (voir éd. 1986).

Laurent Leblond