Météo : L'Été

Les chaleurs caniculaires de la fin de juin ont, à la fois, mis brutalement fin aux froidures du printemps et auguré d'un été peu ordinaire tant au niveau des températures qu'à celui des précipitations. Du 1er juillet au 25 août, les températures ont été supérieures aux normales calculées de 1950 à 1980 sur l'ensemble du territoire, à l'exception de l'Ouest et du Nord-Ouest. Précisons toutefois que cette période a été marquée par la succession régulière de séquences chaudes et fraîches de courte durée. En août, des records absolus ont été enregistrés : 37,9 °C à Nevers, 38,1 °C à Bourges, 36,6 °C à Colmar le 3, 33,3 °C à Saint-Étienne-Bouthéon, le 17. Du 26 août à la fin du mois de septembre, les températures ont été inférieures aux normales dans l'Ouest, le Nord, le Nord-Ouest, le Nord-Est, le Centre-Est et légèrement supérieures dans le Sud-Ouest, le Sud-Est et la Corse. Des températures anormalement basses ont été relevées entre le 27 août et le 5 septembre sur une grande partie du pays : 4,5 °C à Vannes le 28, 4,9 °C à Millau le 29, 4,8 °C à Tours le 30, 0,6 °C à Romorantin le 4 septembre, 3,5 °C à Auch le 5, alors que des températures maximales records ont été observées à Perpignan, le 15, 35 °C, et à Saint-Martin-d'Hères (Isère), près de Grenoble, le 16, 33,4 °C.

Sécheresse prolongée. L'Aveyron sans pluie du 2 mai au 15 août

Les caractères, la distribution temporelle et la modicité des pluies de juillet et d'août s'expliquent par l'alternance de temps anticycloniques et de perturbations généralement peu actives. En juillet, la hauteur totale des pluies a été très déficitaire (de 15 à 85 p. 100) dans toutes les régions, sauf en Corse. En août, les précipitations furent normales dans l'Ouest, le Nord et le Nord-Est et très déficitaires dans le Centre, le Centre-Est, le Sud-Ouest, le Sud-Est et la Corse (déficits de 11 à 75 p. 100). En septembre, par contre, les pluies, bien qu'assez mal réparties dans le temps, ont été voisines de la moyenne dans le Nord, le Sud-Ouest et le Sud-Est et excédentaires sur le reste du pays.

Les déficits pluviométriques des mois de juillet et d'août, qui faisaient suite à ceux de mai et de juin, ont été aggravés par la longueur des séquences sèches, une insolation supérieure à la normale et des températures élevées. Dans l'Aveyron, par exemple, aucune pluie n'a été observée du 2 mai au 15 août !

Si de telles conditions climatiques ont été favorables aux activités touristiques et bénéfiques pour la viticulture, elles furent lourdes de conséquences pour les cultures et l'élevage. Au 20 août, les réserves en eau des sols étaient nulles en Touraine, dans le Poitou-Charentes, les Landes, le Languedoc-Roussillon, la Provence et la Corse ; elles étaient inférieures à 20 p. 100 des réserves utiles sur près du tiers du territoire (voir carte ci-dessous). Ce déficit hydrique s'est traduit par l'étiage absolu de certains cours d'eau et l'assèchement partiel, inhabituel, de lacs et d'étangs ; il a fortement affecté la productivité des cultures, des plantes fourragères et des pâturages naturels. Les rendements des céréales ont fléchi de 30 à 50 p. 100 ; le déficit fourrager a varié entre 50 à 85 p. 100 selon les régions. D'après l'ONIC, la production céréalière est inférieure de 12,6 p. 100 à celle de 1985.

Sévères calamités agricoles. 24 départements sinistrés

La situation à laquelle sont affrontés les agriculteurs est d'autant plus préoccupante que leur endettement est considérable. À la mi-août, 24 départements sont déclarés sinistrés : Allier, Aude, Aveyron, Cantal, Corrèze, Creuse, Dordogne, Gard, Haute-Garonne, Gers, Gironde, Indre, Indre-et-Loire, Isère, Landes, Lot, Lot-et-Garonne, Lozère, Puy-de-Dôme, Sarthe, Tarn, Tarn-et-Garonne et Haute-Vienne. Le gouvernement adopte le train de mesures suivant : attribution de 1,3 milliard de F aux agriculteurs victimes de la sécheresse ; versement de 600 000 F à titre d'avance au Fonds national de garantie contre les calamités agricoles ; demande à la CEE de 400 000 tonnes de céréales fourragères ; réaménagement des modalités de remboursement des prêts bonifiés et des prêts pour calamités agricoles.