L'année 1986 a aussi été celle de la célébration du cinquantenaire de la Cinémathèque française, fondée en 1936 par Henri Langlois et Georges Franju, et qui, alors, a définitivement légitimé le cinéma en tant qu'art. Cet anniversaire a donné lieu, tout au long de l'année, à d'innombrables hommages : les cinémas suédois, vénézuélien, argentin ; la rétrospective des films produits depuis 90 ans par la Gaumont, la plus grande société française ; une carte blanche offerte à de nombreuses cinémathèques qui purent ainsi montrer leurs trésors... Mais la principale action de ce cinquantenaire fut la restauration d'un grand nombre de films de notre patrimoine (des années 1910 aux années 1950). Par ailleurs, la salle Garance du Centre Pompidou a continué à promouvoir les cinémas nationaux avec ses grands cycles : le Cinéma italien de 1905 à 1945, le Cinéma yougoslave, un hommage à la Fédération de ciné-clubs Jean-Vigo et une rétrospective Cinéma et littérature au Japon. Parmi plus de cent titres de livres sur le 7e art, publiés en 1986, citons le Dictionnaire du cinéma (Larousse), dirigé par Jean-Loup Passek, qui s'ouvre largement aux cinémas « décentrés ».

Raphaël Bassan

Expositions

Boucher : grâce à la collaboration des musées américains et du musée du Louvre, le Grand Palais présente la plus grande rétrospective de ce peintre : 85 tableaux, 20 dessins et sanguines, céramiques et tapisseries. Considéré par les romantiques comme un peintre de boudoir spécialisé dans les anges fessus, il fut réhabilité à la fin du xixe siècle par les Goncourt qui reconnurent sa virtuosité et son talent à transformer le monde en théâtre (19 sept.-5 janvier).

– De Rembrandt à Vermeer : les tableaux du musée Mauritshuis de La Haye, fermé pour cause de rénovation, sont exposés du 19 février au 30 juin au Grand Palais. Tous les grands noms de la peinture hollandaise sont là : Ruysdael, Van Goyen, de Heem, Berchem, Rembrandt, Vermeer.

– Vienne 1880-1938. Naissance d'un siècle. En présentant plus de 2 000 pièces, le centre G.-Pompidou ressuscite la capitale de l'Europe centrale à la belle époque, en mettant en valeur sa modernité et sa richesse intellectuelle et artistique (le Mythe de Vienne).

– Prix de Rome aux Beaux-Arts : les prix de Rome de 1797 à 1863 retracent l'histoire du goût et de l'enseignement académique du siècle dernier.

– Estève : le Grand Palais organise la première exposition d'ensemble de ce peintre (116 peintures, 50 aquarelles, 46 dessins, 15 collages). La rétrospective est très représentative du parcours accompli : débuts naturalistes, fauvistes, périodes expressionnistes, natures mortes, séries des métiers (18 octobre 1986-12 janvier 1987).

– Gare d'Orsay : déclarée témoin de son temps, chef-d'œuvre du xixe siècle, la gare d'Orsay abrite désormais les collections de l'ancien Jeu de Paume, du Palais de Tokyo, du Louvre, de musées de province, de donations et de dations. Mettant à l'honneur les Impressionnistes et Post-Impressionnistes, elle offre un véritable cours d'histoire de l'art du xixe siècle avec ses traditions, son évolution et ses innovations.

Pascale Chelin

Ventes

Le marché de l'art ne sera jamais rationnel : en 1986, des succès éblouissants se sont mêlés à des échecs retentissants. Cette incertitude du marché s'explique par la plus-value assurée aux peintures présentées en collection et par les prix records enregistrés pour les tableaux signés. Ainsi, le 23 juin, chez Christie's, un portrait de Modigliani, qui n'a ni la stylisation ni le mystère des œuvres maîtresses du peintre, a atteint le prix vertigineux de 21 millions de francs. Des considérations identiques expliquent la somme incroyable de 10 181 625 F donnée le 26 juin pour une toile de Monet, Camille et Jean Monet dans le jardin d'Argenteuil, certainement inachevée ou coupée. A contrario, des œuvres admirables non signées battent les records du bon marché (New York, 27 mai). De même, les objets très rares, difficilement classables, laissent les acheteurs indifférents : c'est ainsi qu'à Londres, le 18 juin, un astrolabe qui était un document capital pour l'histoire des sciences, unique par son trilinguisme (grec, latin, hébreu), a été désastreusement vendu 242 000 F au musée d'Astronomie de Chicago.