Amérique du Sud : Jean-Paul II

26-28 janvier. Venezuela, première étape du voyage (Caracas, Maracaibo, Mérida, Ciudad Guayana) : le pape condamne la théologie de la libération d'inspiration marxiste et prône à sa place une action sociale vigoureuse soutenue par la foi chrétienne.

29-31 janvier. Équateur (Quito, Latacunga, Cuenca, Guayaquil) : Jean-Paul II évoque les relations entre l'Église et le monde du travail et rappelle que la doctrine sociale catholique doit rester indépendante des différents systèmes de pensée.

1^er-5 février. Pérou (Lima, Arequipa, Cuzco, Ayacucho, Callao, Piura, Trujillo, Iquitos) : dans un discours prononcé le soir de son arrivée, le pape renouvelle sa mise en garde contre la « théologie de la libération », dont les principaux représentants sont péruviens. Le 3, à Ayacucho, il lance un appel aux guérilleros en faveur de la réconciliation et de la paix, et dénonce la violence, les fausses idéologies et l'injustice.

5 février. Trinité-et-Tobago (Port of Spain) : dernière étape du voyage.

Course aux armements et guerre dans l'espace

1^er février. Le président Reagan accuse l'URSS d'avoir violé le traité de 1972 sur les armements antimissiles.

4 février. Dans le projet de budget présenté par le président des États-Unis pour l'année fiscale 1986, les dépenses militaires sont les seules à n'être pas touchées par la rigueur.

9 février. À Munich (RFA), M. Charles Hernu, ministre français de la Défense, fait part de ses profondes réserves à l'égard du projet spatial américain (IDS, ou Initiative de Défense Stratégique). Il affirme que la « guerre des étoiles » risque de relancer la course aux armements et rappelle que « la France tient à ce que l'espace reste pacifique » grâce « au maintien d'un équilibre de la dissuasion ».

19 février. Le Pentagone confirme l'utilisation de la navette spatiale américaine à des fins militaires à partir de 1987.

20 février. À Washington devant le Congrès des États-Unis, Mme Margaret Thatcher, Premier ministre britannique, apporte son soutien au programme américain de défense spatiale.

Liban : l'heure du retrait israélien

2 février. Triple attentat à Beyrouth-Ouest contre des établissements bancaires. Le Djihad islamique en revendique la responsabilité.

10 février. À Tripoli et à Beyrouth-Ouest, l'explosion de deux voitures piégées provoque la mort de 8 personnes et en blesse une vingtaine.

16 février. Exécutant la première phase de son désengagement au Liban, l'armée israélienne quitte Saïda avec 48 heures d'avance sur la date initialement prévue.

18 février. À Beyrouth, des milliers de chiites manifestent contre le gouvernement et réclament l'instauration d'une république islamique.

19 février. Le commandant Paul-Marie Rhodes est tué à Beyrouth. C'est le quatrième observateur français qui trouve la mort dans la capitale libanaise depuis le début de l'année (et le cinquième depuis mars 1984).

21 février. Représailles israéliennes contre Zrariyeh, village du Sud-Liban soupçonné d'abriter une base de la résistance chiite.

27 février. Au Sud-Liban, premier accrochage entre les armées libanaise et israélienne depuis le début du repli des troupes de l'État hébreu.

Nouvelle-Calédonie : « faits divers »

3 février. M. Jean-Marie Tjibaou, du FLNKS, déclare être prêt à discuter les garanties de « l'indépendance-association ». Le 5, il lance un appel aux Wallisiens, aux Tahitiens, aux Antillais et aux Calédoniens d'origine asiatique pour leur demander de se déterminer en fonction de leurs seuls intérêts.

5 février. En présence de M. Dick Ukeiwé, président du gouvernement territorial, le RPR organise à Paris, au palais de la Mutualité, un rassemblement pour le « maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la République ».

M. Roger Leray, grand maître du Grand Orient de France, vient effectuer une visite dans l'île.

8 février. À Nouméa, M. Dick Ukeiwé annonce qu'il refusera désormais de s'entretenir avec M. Edgard Pisani, délégué du gouvernement français, tant que celui-ci maintiendra son « plan pour l'indépendance ».

9 février. Le FLNKS prône des opérations de « déstabilisation des intérêts économiques coloniaux ».

10 février. À l'appel du député Jacques Lafleur, et malgré le couvre-feu, une manifestation a lieu à Nouméa pour demander le départ de M. Pisani.

17 février. Près de Thio, des affrontements entre gendarmes et indépendantistes qui voulaient s'opposer au pique-nique organisé par le Front calédonien font 9 blessés.

20 février. À Thio, les indépendantistes blessent grièvement une fillette et incendient plusieurs maisons.

20-21 février. M. Pisani prend un arrêté d'expulsion à l'encontre de cinq Européens, dont quatre dirigeants du Front calédonien. Dans le même temps, le capitaine de gendarmerie Saffray, responsable du maintien de l'ordre à Thio, est relevé de ses fonctions et renvoyé dans la métropole.

26 février. Répondant à l'appel du RPCR, de 15 000 à 35 000 personnes défilent à Nouméa dans une « marche de la liberté » pour manifester leur soutien aux cinq interdits de séjour.

Mafia et camorra : justice privée et justice d'État

4 février. Ouverture à Naples du procès de 640 membres présumés de la camorra, équivalent napolitain de la mafia sicilienne.

14 février. Une véritable « cité souterraine » de la mafia est découverte dans la périphérie de Palerme (Sicile) : utilisant et agrandissant des galeries et des passages datant du xviii^e siècle, la société secrète avait installé des salles de réunion, des caches d'armes et des réserves de nourriture.

23 février. M. Roberto Parisi, chef d'entreprise et président de l'équipe de football de Palerme, est assassiné dans sa voiture. M. Parisi faisait l'objet d'une enquête judiciaire dans le cadre de la lutte contre la mafia.

25 février. La police new-yorkaise arrête les principaux chefs présumés des cinq « familles » de la mafia américaine.

PCF : le 25^e congrès

6 février. Ouverture du Congrès à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) et rapport introductif de M. Georges Marchais, qui a développé les idées suivantes :

– La stratégie adoptée par la direction du parti est la bonne. Elle n'est pas responsable de la situation actuelle, qui peut cependant s'expliquer partiellement par le retard accumulé depuis 1956 (date du 20^e Congrès du PCUS) dans l'analyse du phénomène stalinien (culte de la personnalité) ; par ailleurs, pour étudier l'évolution de la société française, les communistes auraient dû mieux se dégager de leur modèle soviétique.

– Le parti doit lutter contre les socialistes qui ont opté en faveur d'une « politique social-démocrate » de gestion de la crise « au profit du grand capital », les mesures sociales prises par la gauche en 1981 ayant été ainsi « peu à peu grignotées puis annulées ».

– La personnalisation des institutions de la V^e République doit être combattue, notamment par la réduction de la durée du mandat présidentiel, car M. François Mitterrand « utilise » ces institutions à son seul profit, lui qui a « divisé et démobilisé le mouvement populaire [...] pour réduire l'influence du parti communiste ».

– La direction ne doit pas tolérer au sein du parti la formation de courants ou de tendances qui conduiraient celui-ci à sa perte, mais, au contraire, continuer sur la voie du « centralisme démocratique ».

– Le caractère mondial de la lutte des classes est réaffirmé.

7 février. Intervention de M. Charles Fiterman, ancien ministre des Transports, pour soutenir la direction contre les opposants et justifier l'action de celle-ci entre 1981 et 1984. Pour M. Fiterman, si des erreurs ont été commises, elles ont été le fruit de la « grande illusion » de la collaboration avec le PS.

8 février. M. Pierre Juquin, membre du bureau politique sortant, soutient que le parti a besoin d'être rénové. Il doit abandonner le centralisme démocratique au profit d'une certaine autogestion tout en évitant l'éclatement. Sans pour cela « déserter la lutte politique traditionnelle », les communistes ne peuvent pas « se laisser cantonner dans un rôle d'appoint ou d'opposition ».

9 février. Adoption du rapport introductif de Georges Marchais et de la résolution finale selon laquelle :
– l'évolution de la société modifie la composition et certains caractères de la classe ouvrière, mais ne met pas en cause son existence ;
– les communistes, toujours partisans de l'union de la gauche, doivent tirer profit de l'expérience pour modifier la conception qu'ils s'en faisaient et considérer cette sorte d'accord comme « le prolongement politique dont le mouvement populaire a besoin », tout en évitant qu'il se « substitue à ce mouvement et le mette en tutelle ».

10 février. Élection ou réélection des membres du Comité central et discours de clôture de M. Georges Marchais, selon lequel le 25^e Congrès a doté le parti communiste d'une « ligne politique clairement définie [...] bien adaptée aux exigences de la situation », qu'il a les moyens de mettre en œuvre « dans toutes ses dimensions ».

Terrorisme en Europe : bilan et contre-attaques

1^er février. M. Ernst Zimmermann, président des Industries aérospatiales de RFA (BDLI), est assassiné près de Munich par la Fraction armée rouge. Il était l'interlocuteur privilégié du gouvernement pour tous les projets aéronautiques.

À Beja, au sud de Lisbonne (Portugal), un attentat est perpétré dans le quartier des résidents ouest-allemands de l'OTAN.

2-3 février. Dans un bar de la banlieue d'Athènes, 69 soldats américains et quelques civils sont blessés par l'explosion d'une bombe.

4-5 février. Le Premier ministre français, M. Laurent Fabius, et le ministre de l'Intérieur, M. Pierre Joxe, rencontrent à Bonn les dirigeants de l'Allemagne fédérale. À l'ordre du jour : la lutte contre le terrorisme. Le 5, M. Joxe et M. Friedrich Zimmermann, son homologue ouest-allemand, décident de créer un « groupe opérationnel » antiterroriste franco-allemand.

6 février. Le gouvernement français nomme M. Robert Broussard préfet hors cadre chargé de la lutte antiterroriste. M. Georges Bastelica lui succède comme commissaire de la République délégué pour la police en Corse.

7 février. Le président du Conseil italien, M. Bettino Craxi, accuse la France d'être devenue un foyer important d'aide au terrorisme, alimentant ainsi la polémique entre les deux pays au sujet des demandes d'extradition de militants italiens d'extrême gauche non satisfaites par la France (22 février).

12 février. À Rome, les 10 ministres des Affaires étrangères de la CEE étudient les moyens de mieux coordonner leur lutte contre le terrorisme international.

19 février. Devant les assises de Créteil, ouverture du procès des terroristes de l'ASALA, l'organisation secrète arménienne, responsables de l'explosion du 15 juillet 1983 qui avait fait 8 morts et une cinquantaine de blessés à l'aéroport d'Orly-Sud.

22 février. M. Bettino Craxi est reçu à Paris par M. François Mitterrand. À l'issue de leur entretien, le président français déclare que « la France n'extradera les terroristes italiens que dans la mesure où ils se sont rendus coupables ou complices de crimes de sang » (7 février).

23 février. À Paris, un attentat dirigé contre le magasin britannique Marks and Spencer (VIII^e arrondissement) tue une personne et en blesse une cinquantaine.

28 février. À Newry (comté de Down, Irlande du Nord), 9 personnes sont tuées et 40 blessées dans un attentat au mortier perpétré par l'IRA contre un poste de police.