Impression différente en Afrique (Togo, Côte-d'Ivoire, Cameroun, République centrafricaine, Zaïre, Kenya, Maroc) du 8 au 20 août. Cependant, au-delà de la liesse populaire, perce le désir des Églises africaines de voir mieux respectée par Rome leur spécificité. Au Maroc, le 20 août, a lieu un événement sans précédent : la rencontre du pape et du roi Hassan II. L'autorité morale que le chef de l'Église retire de ses dialogues africains, notamment avec les musulmans, lui permet d'être mieux entendu lorsqu'il condamne officiellement l'apartheid en Afrique du Sud.

Tenant compte du déplacement vers les continents non européens de l'axe de l'Église, Jean-Paul II, le 25 avril, avait nommé 28 cardinaux de toutes nationalités. Cependant, il hésite à réformer fondamentalement la Curie romaine qui est, à ses yeux, un organe essentiel de l'Église constitutionnelle.

L'événement majeur de l'année est incontestablement l'annonce le 25 janvier, par le pape, de la tenue, à Rome, du 25 novembre au 8 décembre, d'une Assemblée générale extraordinaire du Synode des évêques pour faire le point, vingt ans après la clôture de Vatican II, sur l'application de ce concile. Cet événement n'aurait soulevé que peu de passion dans l'opinion catholique si n'avaient paru, en juillet, Entretiens sur la foi où, dans une interview accordée au journaliste italien Vittorio Messori, le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, témoigne d'une vision assez pessimiste de la « réception » du concile par les catholiques au cours des années 1965-1985. Ce livre, en suscitant polémiques et répliques, fait resurgir les anciens clivages entre progressistes et intégristes.

En fait, lorsque, le 24 novembre, s'ouvre, en présence de Jean-Paul II, et avec la participation de 207 personnes – cardinaux, présidents des conférences épiscopales nationales, évêques invités, experts, observateurs non catholiques –, le Synode extraordinaire, l'atmosphère s'y révèle sereine, chacun ayant conscience que les chrétiens attendent de Rome non pas une « restauration », ni même une adaptation de l'Église au monde moderne, mais une insertion plus profonde et plus active de l'idéal évangélique dans une société bouleversée.

Églises réformées

L'impatience œcuménique de nombreux protestants est manifeste ; c'est pourquoi, le 13 février, le grand théologien luthérien Oscar Cullmann suggère la création d'un concile vraiment œcuménique, réunissant toutes les Églises, avec une présidence collégiale dans laquelle la place du pape serait à définir : ce concile aurait pour tâche de fixer un sommet doctrinal commun, ainsi que des pratiques religieuses, communes. Cependant, certaines Églises, dont l'Église réformée de France, réunie en synode le 19 mai, marquent leur distance par rapport à un œcuménisme trop lâche, voire syncrétique, et qui ne resterait que médiocrement fidèle aux convictions fondamentales des réformés sur le primat de l'Écriture sainte et du ministère de la parole.

En France, l'année est marquée par la célébration solennelle, le 18 octobre, du tricentenaire de la révocation de l'édit de Nantes. Cette célébration, à laquelle les autorités civiles et religieuses – y compris les catholiques – se sont associées, a inspiré une importante production historique, ainsi que des expositions et des colloques très neufs.

Judaïsme

Le judaïsme a aussi ses intégristes, notamment en Israël, où le rabbin-député d'extrême droite Meir Kahan et son mouvement violemment antichrétien et antimusulman, le Kach, semblent attirer un nombre croissant d'adhérents, des jeunes surtout : le kahanisme est le symptôme le plus significatif de la radicalisation politique en Israël.

À contre-courant de cet intégrisme intolérant, paraît, à Rome, le 24 juin, un document destiné aux conférences épiscopales et émanant de la Commission romaine pour les relations religieuses avec le judaïsme ; malgré une prudence et des précautions que regrettent quelques pionniers du dialogue judéo-chrétien, ce document est significatif d'un progrès net de la pensée de l'Église en cette matière depuis Vatican II ; par lui, c'est à un approfondissement actif du judaïsme dans le temps et dans l'espace que sont invités les chrétiens.

Islam

L'« effet Khomeyni » n'a pas faibli : le 3 février, depuis Téhéran, l'ayatollah renouvelle son message de combat en exhortant les religieux musulmans à prendre la tête du combat contre « les grandes puissances ». Devant plus de 200 religieux iraniens et des militants islamiques venus de 65 pays, le « guide de la révolution iranienne » se félicite des inquiétudes que provoque son mouvement dans les pays occidentaux.