Les vingt-cinq ans de l'OPEP

La fondation de l'OPEP, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, est passée inaperçue, le 15 septembre 1960, à l'issue d'une conférence réunissant, à Bagdad, l'Arabie Saoudite, le Venezuela, le Koweït, l'Iran et l'Iraq. L'objectif de l'organisation était d'enrayer les baisses successives des prix « postés » imposées par les Majors encore toutes-puissantes. L'OPEP, qui regroupe aujourd'hui treize pays, est maintenant connue de tous. Mais son vingt-cinquième anniversaire est entouré de la même discrétion que celle qui avait accompagné sa naissance. Pour des raisons toutes différentes, il est vrai : confrontés au retournement du marché pétrolier mondial depuis le « 2e choc pétrolier » (1979-1980), les « Treize » se sont trouvés acculés à la défensive.

Au cours des années 60 et 70, l'OPEP s'était imposée progressivement, malgré les divergences d'intérêt qu'on distinguait entre ses membres dès sa création, comme un symbole de l'émancipation économique des pays pauvres de l'hémisphère Sud. Jusqu'à présent, l'OPEP a réussi à écarter l'éclatement, qui l'a pourtant frôlé sérieusement l'an dernier et cette année avec des menaces de retrait du Nigeria et d'expulsion de l'Équateur.

Un anniversaire amer

La perte d'influence de l'OPEP est cependant patente en cette année 1985 où l'organisation aura tenu sept conférences ministérielles, au lieu des deux réunions ordinaires annuelles prévues par ses statuts. Non seulement aucun des nouveaux pays producteurs ne s'est rallié à elle depuis 1973, mais, si elle a réussi à augmenter le prix du pétrole, elle a dû depuis lors se résigner à trois baisses successives de ses prix officiels, en mars 1983 puis en janvier et juillet 1985, la moyenne de ses prix officiels baissant ainsi de 20 % depuis le début de 1981.

La baisse de la consommation dans le monde non communiste, qui a atteint 12 % de 1979 à 1984, aura encore été cette année de 2,5 % environ. Une part toujours croissante de ces besoins énergétiques est couverte par de nouvelles sources, électricité nucléaire et gaz naturel en tête, et par un relatif retour du charbon.

Si le développement de technologies de synthèse du gaz et des produits pétroliers a subi un coup d'arrêt, la recherche de rendements énergétiques toujours améliorés se poursuit dans l'habitat, les transports et l'industrie. Quant à l'essentiel des besoins pétroliers, les nouveaux pays producteurs (mer du Nord, Mexique et golfe de Guinée surtout, mais pas uniquement), s'en sont taillé une part croissante.

De 31,2 millions de barils par jour (Mb/j) en 1977, soit 49,9 % de la production pétrolière mondiale et 63,4 % de celle des pays non communistes, la production des pays de l'OPEP s'est réduite progressivement pour ne représenter en 1984 que 18,4 millions de barils par jour, soit 31,7 % du total mondial et 42,9 % de la production des pays non communistes (1 tonne = 7,5 barils). Cette baisse de la production s'est accompagnée, depuis 1981, d'une baisse des prix, entraînant un déclin de l'OPEP dans les approvisionnements pétroliers mondiaux.

Dans le même temps, les revenus nominaux des pays membres passaient d'un maximum de 275 milliards de dollars en 1981 à 140 milliards de dollars en 1984, soit une baisse d'environ 50 % en trois ans, et des difficultés financières et économiques qui ont contraint très fortement les structures économiques de tous les pays membres de cette organisation.

Depuis le deuxième choc pétrolier, des facteurs nombreux échappant au contrôle de l'OPEP ont, en effet, perturbé considérablement le système des prix.

Au rang des facteurs haussiers :
– la tension persistante dans le golfe arabo-persique liée au conflit Iran-Iraq ;
– la baisse du dollar, facteur stimulant la demande ;
– la forte réduction, voire l'arrêt chronique des exportations soviétiques vers l'Europe occidentale ;
– le faible niveau des stocks de pétrole brut et de produits pétroliers aux États-Unis, au Japon et en Europe (90 % des stocks mondiaux).