Journal de l'année Édition 1986 1986Éd. 1986

Les autres centres d'intérêt de l'opinion publique française ont été la préparation des prochaines élections, la place des immigrés dans la société, la reconnaissance de télévisions privées (six mois après la remise du rapport Bredin, le 20 mai, une 5e chaîne est attribuée le 20 novembre au tandem Seydoux-Berlusconi), le Sida, qui contribue à transformer les mœurs, l'affaire Greenpeace, l'espionnage international, et, loin derrière, le débat sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, où le référendum prévu est repoussé après les élections législatives. À noter aussi les réformes scolaires engagées par Jean-Pierre Chevènement, qui restaure les méthodes et les programmes traditionnels, ainsi que la Marseillaise, et qui bénéficie d'un large soutien, y compris du côté de l'opposition. En revanche, l'Europe ne mobilise personne, et, sauf les viticulteurs du Midi qui s'inquiètent, personne ne réagit à la signature, le 12 juin, des traités par lesquels l'Espagne et le Portugal rejoignent l'Europe, le 1er janvier 1986.

Même indifférence blasée envers les efforts et les voyages incessants de Jean-Paul II. En Afrique, pendant douze jours, au mois d'août, le pape appelle à un dialogue avec l'islam et, le 25 novembre, il réunit à Rome un synode, qualifié de « théologique », pour s'interroger sur l'application de Vatican II. Mais on n'y reviendra pas sur la dénonciation en début d'année, par le Souverain Pontife, de la théologie de la Libération.

Pourtant, afin de ne pas conclure ce panorama sur une note trop pessimiste, on rappellera qu'en juillet, à l'initiative de Bob Geldof, un concert, qui a été donné simultanément à Wembley et à Philadelphie pour les affamés d'Éthiopie, a permis de réunir en leur faveur 480 millions de francs. Et, en France, naissaient les « chanteurs sans frontières ». L'égoïsme n'est donc pas une fatalité.

Guy Rossi-Landi