Si la hausse des prix a provoqué des réactions de mécontentement qui pourraient menacer à terme la politique de réforme économique, le développement des entreprises est également ralenti par les goulots d'étranglement qui existent dans les domaines de l'énergie, des transports, et communications et des matières premières. Si, de janvier à mars 1985, la valeur globale de la production industrielle a augmenté de 23 % par rapport à la même époque de l'année précédente, celle de la production d'énergie n'a augmenté que de 11 %. De même, il n'existe que 2 300 kilomètres de voies ferrées électrifiées en Chine pour un réseau qui ne dépasse pas la taille de celui de la France. Le problème des transports est crucial et a mise en valeur des 14 villes ouvertes a été freinée par engorgement des voies de communication.

Dans les campagnes, le développement des activités annexes et des petites entreprises avait d'abord été encouragé pour absorber la main d'œuvre rurale excédentaire. Le gouvernement chinois cherche cependant maintenant à canaliser voire à limiter l'installation anarchique de nombreuses petites entreprises trop gourmandes en crédits et en matières premières. Si la production agricole, en particulier de céréales, a enregistré des surplus importants, les tickets de rationnement ont réapparu au mois de février 1985 dans 21 villes de Chine pour la viande de porc. Afin d'encourager les paysans à ne pas abandonner la culture des céréales au profit d'activités plus rentables, le gouvernement a décidé d'accorder des subventions aux producteurs de grains. Il a également été décidé de taxer les entreprises rurales florissantes au même taux que les entreprises d'État (50 % au lieu de 30 %). Les exemptions d'impôt d'un an ne seront plus systématiquement accordées aux petites entreprises industrielles ou commerciales installées dans les bourgs et les petites villes.

Des inégalités criantes de revenus sont apparues dans les campagnes, et le gouvernement est obligé d'aider les paysans pauvres dont le revenu annuel ne dépasse pas 120 yuans, par l'intermédiaire d'un bureau des affaires civiles. Les discours enthousiastes sur les « familles de 10 000 yuans » sont désormais plus mesurés. Dans la province de Shandong, par exemple, seuls 0,08 % des foyers gagnent plus de 10 000 yuans par an. À l'échelle de la Chine, 80 % des paysans font encore partie de la catégorie des paysans pauvres.

De même, des inégalités de développement existent également entre les provinces côtières de l'est de la Chine et les provinces de l'ouest. Si la majorité des ressources naturelles sont à l'ouest, 94 % de la production industrielle et agricole du pays se trouve à l'est, où vit 95 % de la population. Ce déséquilibre n'est pas récent : c'est une des constantes de l'histoire chinoise, mais le fossé s'est accru depuis la mise en œuvre de la politique de réforme. L'Ouest manque d'infrastructures et de cadres ; 70 % de la population des provinces de Chine occidentale est considérée comme illettrée. On espère que le développement des régions côtières entraînera celui des provinces occidentales plus arriérées. Au mois de novembre 1985, le Conseil des affaires de l'État a approuvé un projet autorisant 121 usines installées à l'ouest pour des raisons stratégiques dans les années 1960 à se réinstaller à l'est pour faciliter leur développement.

La politique de réforme actuelle a aussi entraîné l'apparition d'un déficit important de la balance du commerce extérieur et une chute dramatique des réserves en devises de l'État chinois. Si, de janvier à juin 1985, les importations ont augmenté de 70,4 % les exportations, pour leur part, ont diminué de 1,3 % par rapport à 1984. Les réserves en devises ont chuté de 16,3 milliards de dollars en 1984 à 10,6 milliards de dollars au mois de juin 1985, puis à 7 ou 8 milliards de dollars au mois de novembre. Les statistiques ne sont désormais plus publiées. Le gouvernement chinois a donc décidé de prendre des mesures pour réduire les importations de produits superflus. La présidente de la Banque de Chine, Mme Chen Muhua, a également décidé de réduire le montant des devises allouées aux provinces pour leur commerce direct avec l'étranger.