Le brouillard, pour sa part, est responsable de plusieurs catastrophes récentes : collision, le 7 décembre 1983 à Madrid, entre un Boeing 737 d'Iberia au décollage et un DC-9 d'Aviaco au roulage, entré par erreur sur la piste (quelques survivants dans ce dernier) ; collision spectaculaire mais sans victimes, à Anchorage, entre un Boeing 747 cargo de Korean Air Lines, qui s'était trompé de piste, et un Piper « Chieftain » de tourisme aligné pour décoller et dont les ailes ont été coupées par les trains du « Jumbo » (« poor judgment » retenu contre le commandant de celui-ci) ; et, surtout, en 1977, la collision sur l'aéroport de Ténériffe, aux Canaries, entre deux Boeing 747, l'un de la KLM, au décollage, l'autre de la Panam, au roulage ; 612 morts (et quelques survivants), « record » absolu de l'histoire de l'aviation. La responsabilité de la catastrophe a incombé au commandant de bord hollandais, chef pilote de la compagnie, pressé de quitter un aéroport de déroutement pour rallier Las Palmas après avoir confondu autorisation de s'aligner et autorisation de décoller. L'appareil américain, alerté, avait essayé de dégager la piste, mais n'avait pu entièrement la quitter avant le choc. Toutefois, la phraséologie employée en anglais par les contrôleurs espagnols a été également mise en cause.

Attention : passagers dangereux

Dernière catégorie de risques de la fortune de l'air : ceux créés par les passagers, ceux que font courir à leurs compagnons de voyage des passagers tranquilles, mais imprudents ou négligents, terreur du personnel de cabine hanté par le risque, toujours possible, de déclenchement d'un incendie. Ces passagers n'étaient cependant pas en cause à bord du DC-9 d'Air Canada posé en urgence en 1980 à Cincinnati avec le feu à bord (plusieurs morts, asphyxiés sur leurs sièges ou bloqués dans la panique de l'évacuation) : un moteur de pompe de toilette, situé derrière une cloison, inaccessible en vol, avait mis le feu à la toilette après avoir chauffé. L'application des consignes n'avait pu régler le problème.

Mais deux catastrophes, plus anciennes, dues à l'imprudence de passagers, restent toutefois en mémoire. La première a causé en 1974, la perte d'un Boeing 707 de la compagnie brésilienne Varig, qui s'est posé dans un champ à quelques kilomètres d'Orly. Onze survivants seulement, dont les pilotes, le feu ayant pris dans les toilettes suite à l'imprudence d'un fumeur et les passagers ayant été asphyxiés avant l'atterrissage par la combustion des matières plastiques entrant dans la décoration de la cabine et le tissu des sièges. La seconde s'est produite, il y a quelques années, à bord d'un Lockheed Tristar de Saudia, à équipage américain, qui ramenait de La Mecque des pèlerins venus chercher le titre de « hadj ». Causé en soute par le frottement de pierres ramenées par piété par les pèlerins et de bouteilles de butane utilisées pour camper, non détectées au contrôle avant l'embarquement, le début d'incendie avait été signalé par les hôtesses aux pilotes qui, d'abord, les avaient chargées de l'éteindre avant de se décider à faire demi-tour. Impeccablement posé à Riyad, l'avion y avait entièrement brûlé sans que personne ne puisse s'en échapper, les portes restant bloquées par les passagers en proie à la panique. Des années plus tôt, à bord d'un DC-4 d'Air France transportant aussi des pèlerins, ceux-ci avaient allumé un brasero dans le couloir pour préparer du thé à la menthe. Mais là, les stewards, au fait des coutumes, veillaient et avaient aussitôt rétabli l'ordre !

Objectif no 1 : la sécurité

Mais la « série noire » de l'été 1985 et les catastrophes spectaculaires que nous avons évoquées ne doivent pas être l'arbre qui cache la forêt : l'avion est, de loin, l'un des moyens de transport les plus sûrs qui soient ; on peut affirmer, sans plaisanter, que les plus grands risques courus par le passager aérien au cours d'un voyage se situent sur les trajets routiers entre domicile (ou hôtel) et aéroport. L'émotion suscitée par un accident d'aviation est inversement proportionnelle à sa rareté. S'y ajoute le nombre généralement élevé des victimes, en raison de la capacité offerte par les avions modernes. Mais le Titanic, réputé insubmersible, n'avait-il pas entraîné près de 2 000 personnes dans la mort ?