Cependant, dans un premier temps, « l'effet Marchais » éclipse « l'effet Fabius ». Car le parti communiste saisit l'occasion du départ de Pierre Mauroy pour se retirer du gouvernement. Après la déroute de juin, la direction a été fortement contestée. Les « rénovateurs », regroupés autour de Pierre Juquin, le porte-parole du bureau politique, de Marcel Rigout et d'Anicet Le Pors, tous deux ministres, ainsi que d'une quinzaine de membres du comité central, ont demandé des changements de stratégie, de méthode et parfois d'hommes. Georges Marchais, plus habile que ne le veut sa réputation fracassante, esquive le coup en s'appuyant sur les « intégristes » qui, autour de Roland Leroy, directeur de l'Humanité, et de Gaston Plissonnier, l'homme de l'appareil, militent pour le départ du gouvernement. Ce que décide le PC, qui parvient ainsi à reporter à la rentrée la solution de sa crise intérieure. Entre-temps, la direction se sera dépensée sans compter pour rétablir son autorité sur tous les hésitants et les velléitaires.

Laurent Fabius doit donc composer le deuxième gouvernement du septennat sans communistes. Il élargit modestement l'assise politique du ministère en augmentant le nombre des ministres radicaux de gauche et en faisant entrer Huguette Bouchardeau, tête de file du PSU, parmi les quinze ministres à part entière. De même, le retour aux affaires de Jean-Pierre Chevènement, chef de file du CERES (l'aile gauche du PS), qui, depuis son départ du ministère de l'Industrie, s'était montré fort critique vis-à-vis du gouvernement, assure-t-il le nouveau Premier ministre de ce que le parti et le groupe parlementaire seront solidaires, d'autant plus que le maire de Belfort devient ministre de l'Éducation nationale. Pour le reste, on remarque surtout l'entrée de Pierre Joxe, un intime de François Mitterrand, au ministère de l'Intérieur, la nomination de l'ex-champion de patinage artistique Alain Calmat comme ministre de la Jeunesse et des Sports, et, au ministère des Finances, le remplacement par Pierre Bérégovoy de Jacques Delors, qui devient président de la Commission de Bruxelles. Le nouveau gouvernement est dans l'ensemble bien accueilli, et le Premier ministre se voit même appliquer quelques épithètes flatteuses par les jeunes leaders de l'opposition, ses contemporains. Laurent Fabius choisit d'ailleurs, d'entrée de jeu, un style qui se veut plus tolérant, plus détendu.

Le second ministère Laurent Fabius

Nommé le 1er juillet 1984, le premier gouvernement de Laurent Fabius a été remanié le 7 décembre 1984.

Les principaux changements ont touché le ministère des Relations extérieures, où Claude Cheysson, nommé à la commission de Bruxelles, est remplacé par Roland Dumas, précédemment titulaire des Affaires européennes et porte-parole du gouvernement. C'est Georgina Dufoix qui, outre ses fonctions de ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale, remplit celles de porte-parole. Aux Affaires européennes, c'est Catherine Lalumière qui est nommée, comme secrétaire d'État ; elle cède ses fonctions de secrétaire d'État à la Consommation à Henri Emmanuelli, qui demeure chargé du budget. Jacques Lang, secrétaire d'État à la Culture, devient ministre.

Gilbert Trigano, P-DG du Club Méditerranée, est nommé auprès du Premier ministre en qualité de délégué chargé des nouvelles formations.

PREMIER MINISTRE Laurent Fabius, PS**.

MINISTRE D'ÉTAT
Plan et Aménagement du territoire : Gaston Deferre, PS*.

MINISTRES DÉLÉGUÉS AUPRÈS DU PREMIER MINISTRE
Droits de la femme : Yvette Roudy, PS*. Relations avec le Parlement : André Labarrère, PS*.

MINISTRES ET MINISTRES DÉLÉGUÉS
Économie, Finances et Budget : Pierre Bérégovoy, PS**. Garde des Sceaux, ministre de la justice : Robert Badinter, PS*. Relations extérieures : Roland Dumas, PS**. Délégué auprès du ministre des Relations extérieures, chargé de la coopération et du développement : Christian Nucci, PS*. Défense : Charles Hernu, PS*. Intérieur et Décentralisation : Pierre Joxe, PS*. Agriculture : Michel Rocard, PS*. Redéploiement industriel et Commerce extérieur : Edith Cresson, PS***. Délégué auprès du ministre du Redéploiement industriel et du Commerce extérieur, chargé des PTT : Louis Mexandeau, PS*. Éducation nationale : Jean-Pierre Chevènement, PS. Affaires sociales et Solidarité nationale, porte-parole du gouvernement : Georgina Dufoix, PS**. Urbanisme, Logement et Transport : Paul Quilès, PS***. Commerce, Artisanat et Tourisme : Michel Crépeau, MRG***. Travail, Emploi et Formation professionnelle : Michel Delebarre, PS. Environnement : Huguette Bouchardeau, PSU**. Recherche et Technologie : Hubert Curien. Culture : Jacques Lang, PS*. Ministre délégué à la Jeunesse et aux Sports : Alain Calmat****.