Journal de l'année Édition 1985 1985Éd. 1985

Il reste cependant que la demande mondiale de produits manufacturés adressée à la France augmente. Autre facteur mondial favorable à la conjoncture française ; le maintien d'une inflation modérée. Pas de hausse. Le prix officiel du pétrole de l'OPEP est plutôt à la baisse et les prix en devises des matières premières importées par la France sont à peu près stables depuis l'été 1983.

Ainsi les effets de la désinflation mondiale sont sensibles sur les prix de nos importations de biens et services. Ils avaient augmenté de 15,8 % en 1981 (énergie : + 39,1 %). Leur hausse revient à 5,9 % en 1983 ; si elle remonte aux environs de 9 % en 1984, un repli devient possible en 1985 ; avec un dollar sage, elle pourrait être limitée autour de 4 %.

Jean Broizat

Commerce extérieur

L'éclaircie

Le commerce extérieur français a continué d'évoluer, non sans à-coups, sur la voie du redressement en 1984. À fin novembre, soit sur onze mois, le déficit global des échanges tous produits, toutes zones, atteint 22,2 milliards de francs. À la même époque, on pouvait, à coup sûr, tabler sur un solde négatif de la balance commerciale inférieur à 25 milliards, ou voisin de ce niveau, pour l'année 1984 tout entière. Un résultat final par conséquent sensiblement amélioré, pour la deuxième année consécutive, en comparaison des 43 milliards de déficit de 1983, et surtout des 93 milliards de déficit affichés en 1982.

Prévisions

En fait, malgré d'incontestables progrès, on est tout de même éloigné de la prévision officielle de l'automne 1983 qui estimait à quelque 7 milliards de francs seulement le déficit commercial en 1984. Il est vrai que cette prévision a été révisée en hausse par le gouvernement, au printemps 1984, à 20-25 milliards.

En effet, en début d'année, au cours du premier quadrimestre, des importations élevées de produits énergétiques (restockage en raffineries), la hausse des prix de matières premières industrielles exprimés en francs, des exportations marquant également le pas (à cause du fléchissement des courants agro-alimentaires) et l'envolée du dollar, freinent le rétablissement. En dépit de bonnes performances dans le domaine des échanges industriels (en mars, notamment), les déficits mensuels se creusent, les importations atteignent des sommets franchissant, en données brutes, la barre de 74 milliards de francs en janvier et de 78 milliards en mars. Pourtant, ce dernier mois, le chiffre brut des exportations marque un record à niveau de 75 milliards.

Contraste

Le mois de mai voit enfin s'inscrire un très léger excédent — un bon équilibre — en raison de livraisons exceptionnelles à l'exportation (Airbus, plates-formes pétrolières, etc.). En revanche, juin est décevant, avec un certain fléchissement des ventes à l'étranger, alors que s'accroissent les importations de pétrole et que le cours du « billet vert » n'arrange toujours rien.

À partir de juillet, c'est l'éclaircie qui ira en s'accentuant. L'agro-alimentaire se ressaisit à l'exportation, effaçant le modeste bilan du premier semestre. En données corrigées des variations saisonnières, la balance commerciale enregistre même, en août, un solde positif de 3,5 milliards de francs. Et, tout compte fait, au troisième trimestre, l'exportation excède nettement l'importation (de près de 1,4 milliard en données brutes et de 3,4 milliards en données CVS), en même temps que la balance des paiements courants affiche aussi un solde positif de près de 3,5 milliards, ce qui ramène, sur neuf mois, son déficit à 6 milliards (contre 37 milliards de janvier à septembre 1983).

À la rentrée d'octobre, par rapport à septembre, les importations progressent fortement de 19 % (poussée du côté des biens d'équipement et des biens de consommation courante) : un nouveau sommet à 81,5 milliards de F. Accroissement identique des exportations qui, elles aussi, marquent un record à 79,6 milliards. Pour les unes et les autres, suit un tassement en novembre.

La reprise mondiale

Une détente générale sur les marchés internationaux de matières premières, depuis le printemps, se poursuit en fin d'année. Une reprise des achats de pétrole est possible. Au plus bas à la mi-1983, l'investissement industriel du secteur concurrentiel remonte en volume sur un rythme annuel de progression de 9 %. La demande globale en direction de l'industrie française est à la hausse jusqu'à fin décembre, modérée du côté de la demande étrangère. Mais l'évolution du dollar demeure ouverte. Le rééquilibrage de la balance commerciale peut être contrarié et différé du fait de ses flambées. C'est le cas.