Le rôle prédominant du Japon dans la zone asiatique se traduit par l'importance des investissements dans la région, les flux d'échanges et l'assistance économique, notamment auprès de la Corée du Sud, des pays de l'ASEAN et de la Chine. Le Japon se conduit comme le porte-parole des nouveaux pays industrialisés au sommet de Londres, en juin. Et il a tenu une place importante à Djakarta en juillet, lors de la conférence des pays de l'ASEAN et de leurs partenaires : le ministre des Affaires étrangères, S. Abe, s'est déclaré favorable à l'organisation d'élections libres au Cambodge et à une assistance technique et économique en faveur des nations indochinoises.

La prise de position du ministre japonais marque une évolution des relations entre le Japon et les pays de la région. Celles-ci ne se limitent plus au seul développement des échanges commerciaux. Toutefois, l'attitude du Japon est ouvertement critiquée, fin 1984, par la Thaïlande, la Malaysia et la Corée du Sud. Les déséquilibres commerciaux créés et le manque de réciprocité dans les bénéfices retirés des relations bilatérales apparaissent de moins en moins tolérables.

Le partenaire coréen

La visite à Tōkyō du président coréen Chon Too-Hwan, en septembre, est la première visite d'un chef d'État coréen depuis la fin de la colonisation japonaise en 1945. Le moment le plus important de la visite est l'entrevue entre l'empereur Hirohito et le président Chon : les « regrets » exprimés par l'empereur exorcisent symboliquement le passé. Trois grands thèmes sont débattus entre le président Chon et le Premier ministre Nakasone : le statut des Coréens au Japon ; le déséquilibre des échanges commerciaux ; l'accroissement des transferts technologiques. Car le Japon occupe la place de premier investisseur étranger en Corée et les biens échangés ont créé une dépendance mutuelle telle que les grands chantiers navals coréens, les plus compétitifs du monde, doivent importer du Japon des moteurs et de l'électronique, alors que les constructeurs automobiles japonais utilisent des produits sidérurgiques coréens pour maintenir leurs prix.

Cependant, victimes de l'effet boomerang, c'est-à-dire concurrencés sur leurs propres marchés par les pays où ils ont exporté leurs technologies, les Japonais freinent maintenant les transferts de technologie à destination de la Corée, en particulier dans l'électronique grand public.

Ainsi, au moment d'affronter les élections pour obtenir son troisième mandat de Premier ministre, Y. Nakasone a rempli son programme de politique extérieure : réduction des conflits commerciaux avec les États-Unis et la CEE, détente relative avec l'Union soviétique, renforcement des liens dans la zone Asie-Pacifique, en particulier avec la Corée. L'économie nationale repose sur une croissance moins dépendante des exportations et donc moins fragile. Pourtant, des nuages pourraient assombrir l'année 1985. La reprise de la demande intérieure reste très liée à la reprise américaine. Et les conflits commerciaux avec les États-Unis et l'Europe n'ont été qu'ajournés.

Évelyne Dourille