Journal de l'année Édition 1985 1985Éd. 1985

On s'en prend à la justice lorsque resurgit un mort. Ce mort, c'est Robert Boulin, l'ancien ministre du général de Gaulle et dont la police avait découvert le cadavre... le 29 octobre 1979. Quatre ans et trois mois plus tard, le fils du défunt qui, à l'époque, avait affirmé qu'il s'agissait d'un suicide, revient sur ses déclarations. Il défend devant les caméras de la télévision et dans toute la presse la thèse de l'assassinat, sans vraiment convaincre. La famille va jusqu'à accuser un magistrat de forfaiture. Le garde des Sceaux riposte en portant plainte pour diffamation. L'institution n'en veille pas moins sur les siens. Fin octobre, le doyen de la cour d'appel de Colmar est inculpé pour corruption et trafic d'influence. Une procédure extrêmement rare. Et donc une affaire à suivre.

Les juges se mêlent aussi de médecine. Et quelle médecine !

La cour d'appel de Versailles rend son jugement dans l'affaire des grâces médicales. Il était reproché aux quatre inculpés, dont le médecin chef de la prison hôpital des Baumettes, le docteur Alain Colombani, et un ancien médecin inspecteur de l'administration pénitentiaire, Solange Troisier, d'avoir permis la mise en liberté pour raisons médicales d'un trafiquant de drogue, Robert Kechichian. Relaxe pour tout le monde. Cela se passait en février.

En juillet, d'autres magistrats se penchent sur un autre cas. Il n'est plus question de bandits mais d'honnêtes gens, de science et de descendance. Corinne Parpalaix, qui voulait récupérer pour sa propre insémination le sperme congelé de son fiancé défunt, se voit accorder sa demande par le tribunal de Créteil.

Un caïd, le même mois, échappe à son procès. Gaétan Zampa est retrouvé pendu dans sa cellule. Il ne sera pas jugé pour les multiples malversations grâce auxquelles il s'est formidablement enrichi. La troisième tentative de suicide du parrain-qui-a-craqué-en-prison sera donc la bonne. Mais sa femme et ses complices n'échappent pas à la sixième chambre correctionnelle du tribunal de Marseille. L'ensemble des peines prononcées s'élève à sept ans et neuf mois de prison ferme.

Une grosse affaire occupe le terrain, à Marseille toujours : celle des fausses factures. C'est un défilé d'inculpés qui s'ouvre le 14 septembre devant le tribunal correctionnel de la cité phocéenne. L'acte d'accusation comprend 562 pages et l'audience dure deux mois. Le montant du délit : 170 millions de F détournés entre 1977 et 1981 au moyen de fausses factures et au détriment de la mairie de Marseille, notamment.