D'autre part, le ministre a également annoncé le prochain rétablissement — pour 1986 — d'un brevet, sanctionnant les études, à la fin de la classe de troisième. « Il faut qu'il y ait un horizon à la scolarité obligatoire », a-t-il indiqué. Cependant, le passage en seconde ne sera pas lié à l'obtention de ce brevet.

Élitisme républicain

Du côté des lycées, quelques innovations. D'abord, le redoublement en classe de première n'est plus laissé — en raison des abus constatés — à la seule appréciation des élèves et de leurs familles. Le conseil de classe peut désormais préconiser le redoublement, mais l'élève peut faire appel. Ensuite, l'apparition en classe de seconde de l'option cinéma et audiovisuel dans quatorze établissements. Un effort sera fait également à l'issue de la classe de seconde afin de motiver davantage les élèves pour des études scientifiques et techniques.

Certaines des options retenues à la suite du rapport Prost seront sans aucun doute reprises et poursuivies. Toutefois, il ne faut pas s'attendre dans un proche avenir à voir remettre en cause le rôle des matières scientifiques ou à renoncer à la sélection. Il suffit pour cela d'évoquer « l'affaire des mentions » au baccalauréat : on tenta de les supprimer pour la session 1984, pour les rétablir dans le courant de l'année à la suite de protestations de la société des agrégés, de l'intervention personnelle du président de la République et de la pression de l'opinion publique. D'autre part, Jean-Pierre Chevènement n'exclut pas un certain « élitisme républicain » : moyen de promotion sociale, l'Éducation nationale doit aussi « prêter attention à la formation des meilleurs ».

Priorité au technique

C'est avant tout à la rénovation de l'enseignement technique que veut s'attaquer Jean-Pierre Chevènement. D'où la création d'un secrétariat d'État spécifique, confié à Roland Carraz. Cette rentrée voit la création d'une centaine de classes expérimentales de quatrième en LEP (Lycée d'enseignement professionnel). Elles devraient permettre aux élèves de s'orienter de manière moins négative que par le passé. Jean-Pierre Chevènement souhaite favoriser le recrutement par les LEP d'élèves qui ont la vocation des métiers techniques (mettant fin ainsi à l'orientation par l'échec), multiplier les classes passerelles (secondes spéciales et premières d'adaptation) entre les LEP et lycées techniques, rendre plus cohérentes les filières en recomposant les CAP et BEP par familles de métiers, et développer la formation en alternance « qui n'est pas une formation au rabais » si l'on en juge par celles qui existent, en médecine notamment. Enfin, les IUT et STS devraient accueillir davantage d'étudiants et les écoles d'ingénieurs ouvrir plus largement leurs portes aux bacheliers de l'enseignement technique.

Cependant, tous diplômes confondus, les Français sont moins armés que leurs partenaires économiques, surtout le Japon. À la faiblesse globale (54,8 % n'ont aucun diplôme ou le CEP seul), il faut ajouter encore le grand nombre de diplômes correspondant à des formations dépassées par l'évolution de la vie économique.

Supérieur : en mutation

Jean-Pierre Chevènement entend mener à terme la rénovation des premiers cycles, qui commence cette année. Presque toutes les universités ont envoyé des projets. Un tiers d'entre eux ont été retenus et pourront être réalisés grâce à 1 300 emplois supplémentaires. Ces nouveaux cursus qui concerneront plus de 60 000 étudiants (soit le tiers des effectifs de première année) répondent à un double objectif : permettre une meilleure orientation des étudiants et donner aux filières une finalité professionnelle. Il s'agira soit de DEUG à finalité professionnelle permettant d'accéder à un deuxième cycle ou bien d'entrer dans la vie active moyennant un complément de formation ; soit de DEUST (diplôme d'études universitaires scientifiques et techniques) répondant plus spécifiquement aux besoins du secteur économique et menant directement à la vie active (DEUST de délégué médical à Clermont-Ferrand I, des professions immobilières à Limoges, d'énergétique et économie d'énergie à Paris XI par exemple) ; soit encore de diplômes d'universités pouvant être délivrés après un an d'études seulement.