Avec la fibre optique, la partie risque d'être encore plus rude : son avenir est moins évident que celui du téléphone classique en 1969 et les fibres japonaises, un peu moins chères que les françaises, commencent déjà à conquérir un marché pourtant encore limité. Le pari est donc particulièrement risqué. Mais, après tout, Airbus commence à prendre pied aux États-Unis face au géant Boeing, et on aurait traité de fou celui qui, en 1979, lors du lancement de la fusée Ariane, aurait prédit qu'elle mettrait un jour sur orbite des satellites américains...

Jean-Paul Dufour

Pétrole

Les robots de l'offshore

À grands frais d'investissements en recherche et en développement, les grands groupes pétroliers se livrent depuis des années une guerre technologique sans merci, cherchant à mettre au point le plus rapidement des techniques sûres et économiques pour extraire gaz et pétrole du fond de la mer.

Dernière technologie de pointe en la matière : des stations d'exploitation sous-marines, posées sur le fond et entretenues par des robots. Télécommandées depuis la côte, à quelques dizaines de km ou depuis une plate-forme de conditionnement des fluides pour de longs trajets dans des conduites, ces stations éviteront dans l'avenir d'installer autant de ces plates-formes d'extraction, véritables mastodontes, pesant des dizaines de milliers de tonnes et coûtant des milliards de F.

Pétrole le gisement de Parentis

Le 15 mars 1954, il y a donc eu trente ans cette année, le pétrole jaillissait à Parentis. Le gisement, ainsi mis en évidence dans les Landes par Esso-Standard SAF, était, jusqu'aux découvertes de la mer du Nord, le plus gros d'Europe. Grâce aux injections d'eau qui ont commencé dès 1957 pour maintenir la pression inerte du gisement et grâce aux nombreux puits forés pour mieux drainer le gisement, au 31 décembre 1983, 25 349 806 t de pétrole avaient été extraites du champ de Parentis, dont 1 372 367 t pour la seule année 1964, année record. La production de 1984 a été encore de quelque 400 000 t et on espère extraire une centaine de milliers de tonnes par an en 1994. Les techniques mises en œuvre à Parentis permettent, en effet, de récupérer actuellement plus de 36 % du pétrole présent dans le gisement, alors que le taux moyen mondial de récupération n'est que de 25 %.

Stations sous-marines

Pour extraire gaz et pétrole de leur écrin géologique, l'offshore conduit, en effet, les grands groupes pétroliers à travers le monde à une aventure digne des chercheurs d'or des temps jadis. Dans un environnement hostile où les plates-formes d'exploitation se trouvent posées sur des fonds de 100 m, doivent affronter des vagues de 25 m, des vents de 140 km/h et l'atmosphère saline, la vie des techniciens à bord ressemble à celle des astronautes. Pendant des périodes de deux semaines, ils sont isolés de la terre et doivent assurer le pompage et l'expédition vers la côte des précieux fluides.

Aussi les techniciens tentent-ils de trouver d'autres solutions pour l'offshore, comme les stations sous-marines. Cette direction, les Français et notamment le groupe Elf Aquitaine l'ont prise sans hésiter. Il est vrai que cela fait déjà quelques années que la société affronte les difficultés particulières de la mer du Nord, s'étant vu confier la mise en exploitation du champ de gaz de Frigg, à quelque 200 km au large des côtes sud de la Norvège.

Cela représente des sommes fabuleuses : la mise en exploitation par Elf Aquitaine du champ de Frigg, fournissant aujourd'hui un tiers de cette forme d'énergie de la Grande-Bretagne, a nécessité la pose de cinq plates-formes sur le champ, chacune valant en moyenne 1,5 à 2 milliards de F.

Car, s'il faut extraire le gaz vers la surface, il convient également, avant de l'envoyer dans de longs gazoducs vers la Grande-Bretagne, de le purifier et d'en extraire les liquides. En outre, il faut abriter les 250 personnes qui travaillent en permanence sur ces îles d'acier.

Îles géantes

La plus importante de ces plates-formes pèse 306 000 t, soit plus de 43 fois le poids de la tour Eiffel. Pourtant, là, le fond n'est qu'à 100 m. Les Américains ont un projet d'exploitation d'un autre champ au large de la Norvège, celui de Troll, par 350 m de fond. L'opération nécessitera la construction d'un mastodonte de 800 000 t, qui sera mis en chantier si l'exploitation du champ est décidée. Cet objet serait, de tous les temps, la plus grosse chose jamais fabriquée par l'homme et coûterait environ 10 milliards de F, soit l'équivalent de ce qu'ont coûté les cinq plates-formes de Frigg.