Dans les caisses primaires d'assurance-maladie, la présence de six sièges d'administrateurs du patronat désignés par celui-ci (plus un employeur désigné par le ministre des Affaires sociales) devrait permettre aux trois syndicats réformistes, FO, CGC et CFTC, s'ils le souhaitent, de reconduire les majorités préexistantes avec le CNPF.

Dans les caisses d'allocations familiales, FO, la CFTC et la CGC ont la majorité avec l'appoint du seul patronat mais dans 103 caisses l'alliance devra être étendue, pour être majoritaire, soit aux travailleurs indépendants, soit aux associations familiales, soit à d'autres syndicats.

La progression de FO

Au niveau des conseils d'administrations des trois caisses nationales FO, la CFTC et la CGC sont majoritaires à la caisse nationale d'assurance-maladie et à la caisse nationale d'assurance-vieillesse. Mais à la caisse nationale d'allocations familiales, les trois syndicats réformistes devront compter sur l'appoint d'un siège supplémentaire pour avoir la majorité avec le patronat.

Ces élections à la Sécurité sociale ont amplifié le déclin de la CGT et la progression de FO, de la CGC et de la CFTC tels qu'ils avaient pu être constatés lors des dernières élections professionnelles. Se positionnant comme deuxième centrale syndicale — même si son audience dans l'opinion est ainsi surévaluée par rapport à sa représentativité dans le monde salarial —, FO creuse nettement l'écart avec la CFDT et talonne la CGT. Indéniablement la politisation du scrutin, construite surtout sur des « images », principalement pour les centrales « réformistes », a influé sur les résultats. Considérés ensemble FO, la CGC et la CFTC ont obtenu 53,36 % des suffrages dans les caisses maladie contre 46,61 % pour la CGT et la CFDT.

Michel Noblecourt

Formation continue

Un nouveau départ

Indispensable, la formation continue ? Rarement, un domaine stratégique n'a recueilli un tel consensus parmi les partenaires sociaux. Consensus qui dépasse les aléas politiques. Ainsi, le CNPF et l'ensemble des syndicats ont signé, en juillet 1983, un nouvel accord interprofessionnel sur la question, accord prolongé quatre mois plus tard par l'adoption d'une loi de réforme de la formation continue par l'Assemblée nationale. Ses points forts : l'obligation pour l'employeur de négocier le plan de formation de l'entreprise avec les syndicats ; l'extension du droit au congé individuel de formation ; la décentralisation du financement public et son contrôle. Cette réforme vient élargir le cadre de la loi de 1972, dont l'inspirateur fut Jacques Delors, alors conseiller du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas.

Un enjeu économique

Depuis, de 1972 à 1982, 142 milliards de francs ont été investis par l'État et les entreprises ; 23 millions de personnes ont suivi une ou plusieurs actions de formation. Et le nombre d'heures de stages dépassent 2,8 milliards ! C'est dire si le dispositif législatif de 1971, élaboré dans les derniers beaux jours de la croissance économique, a bien su résister à la récession. La participation des entreprises, en hausse constante, atteint aujourd'hui, toutes entreprises confondues, la moyenne de 1,8 % de la masse salariale. Plus de 40 000 personnes sont attachées aux services de formation des entreprises.

Le nouveau projet de loi de Marcel Rigout, ministre de la Formation professionnelle, vise à rendre encore plus transparents les mécanismes financiers de l'offre de formation : un observatoire des prix devrait surveiller l'activité des milliers de petits organismes privés qui sont sur ce marché.

Le gouvernement a, d'autre part, voulu faire rentrer les droits nouveaux des salariés dans le domaine de la formation. Le chef d'entreprise aura, dorénavant, l'obligation chaque année de négocier (et non de conclure) son plan de formation avec les syndicats.

Limiter le chômage

La formation professionnelle doit pouvoir faire face aux nouvelles technologies : peu de branches économiques vont échapper à l'invasion des techniques de l'électronique de l'informatique, de la robotique... Des secteurs industriels vont disparaître. Trois métiers sur quatre seront bouleversés : il faut donc préparer les salariés. Le plan de rattrapage de la filière électronique a permis de former, en 1983, 3 000 ingénieurs et 1 000 techniciens supérieurs supplémentaires.

À défaut d'une hypothétique reprise économique, la formation professionnelle peut limiter les effets du chômage ; particulièrement chez les jeunes qui sont les principales victimes de la crise du marché du travail : ils représentent près de la moitié des demandeurs d'emploi et plus de 60 % des chômeurs de longue durée.

Pierre Morville