Vers la CEE, avec 246 milliards de F, les exportations s'accroissent de 13,3 % (le plus en direction de la RFA, soit + 18,3 %, mais seulement + 6,4 % vers l'Italie). Des développements importants sont à souligner vers l'Union soviétique (+ 76 %), le Brésil (+ 44 %), l'Algérie (+ 38 %), les États-Unis (+ 30 %).

Les déficits de la balance commerciale par pays se rétrécissent, par exemple, avec l'Arabie Saoudite, la RFA, les États-Unis, l'Algérie ou l'Union soviétique. Ils se creusent avec l'Italie et l'Espagne, et restent à peu près stationnaires avec le Japon et le Benelux. Le déficit s'installe avec le Royaume-Uni. En revanche, l'excédent avec la Suisse, traditionnellement le plus fort s'amplifie.

D'un trimestre à l'autre

Le premier trimestre 1983, qui s'est terminé sur un nouveau réajustement monétaire et toute une série de mesures draconiennes visant à restreindre tout particulièrement la consommation privée et les dépenses publiques et sociales, n'est pas bon pour le commerce extérieur. Le déficit de la balance commerciale atteint au total 27 milliards de F (avec un record de – 11,5 milliards pour le seul mois de janvier). En mars, les importations sont au plus haut, à près de 71 milliards de F.

Ces résultats anormalement dégradés traduisent, pour une bonne partie, chez les opérateurs, des anticipations du changement de parité du franc de la fin mars, alors que se raffermissent les cours des matières premières. Le recul des ventes à l'étranger s'explique aussi par l'attente de la dévaluation.

Le second trimestre fait contraste avec le premier : toujours en volume, les importations baissent de 4,8 %, alors que les exportations se redressent de 2,6 %. Le solde négatif de la balance commerciale est divisé par 3 et ramené à 9 milliards. Et, en juin 1983, l'exportation française parvient au niveau record de 65,6 milliards de F. La hausse de prix des importations reste modérée en regard du réalignement monétaire.

Le grand coup de frein est ainsi donné à l'importation. L'atonie, sinon le repli de la demande intérieure finale, avec le tassement de la consommation des ménages en biens durables, le recul du pouvoir d'achat, la chute de l'investissement productif, la réduction du rythme de formation des stocks affectent les importations en les contractant, en volume ; et même, plus tard, en valeur courante. En octobre 1983, transposé en base annuelle, cela fait depuis mai, soit six mois durant, que le montant des importations plafonne littéralement autour de 755 milliards de F.

Parallèlement, on constate l'accroissement régulier des exportations, bénéficiant d'une lente reprise de la demande mondiale en provenance des pays industrialisés, bien engagée en Amérique du Nord, mais partant tout de même de bas. Les exportations sont favorisées par la dévaluation. Des entreprises en profitent pour revaloriser leurs marges à l'exportation. Les parts de marché sont améliorées. Ainsi, en moyenne mobile sur douze mois, monte le niveau de l'exportation : de quelque 640 milliards de F en début d'année à 700 milliards de F en octobre. Donc un gain de 60 milliards de F en dix mois. En octobre, l'exportation atteint un nouveau sommet à 66,5 milliards de F et, en chiffre brut, la balance commerciale affiche un excédent de 1,8 milliard. Les précédents excédents remontaient à 1979.

La principale source de déficit réside toujours dans le poste « énergie ». Les quantités de pétrole brut importées baissent, le prix moyen en dollars du baril aussi. Mais la diminution du prix est tempérée par l'appréciation du « billet vert » (monnaie en laquelle sont, d'ailleurs, libellés près de 40 % des importations françaises).

Au total, la facture énergétique nette (toutes sources confondues) s'élève à 174 milliards de F pour les douze mois à fin septembre 1983, soit 4 milliards de F au-dessous de la note de toute l'année 1982.

Différentiel de conjoncture

L'unique stimulant de l'activité, en 1984, viendra des marchés extérieurs, alors que la croissance de la demande intérieure sera inférieure à celle de la moyenne des grands partenaires industrialisés. Ce différentiel de conjoncture, facteur très sensible, doit précisément activer l'exportation, à la compétitivité maintenue, et tempérer l'importation. D'où une prévision officielle, malgré des incertitudes, de déficit commercial ramené, en base annuelle, au maximum à 45 milliards de F vers avril et 7 milliards de F en décembre, ce qui suppose un excédent dès le second semestre.

L'accent mis sur une nécessaire expansion accrue du commerce des marchandises courantes revient comme un leitmotiv. Cela d'autant que les grands contrats civils d'équipement et de travaux engrangés par l'industrie française sur l'étranger, déjà en légère perte de vitesse en 1982, accusent une baisse préoccupante en 1983 (– 30 % au cours des neuf premiers mois). Et il en est de même des prises de commandes de matériel militaire (– 27 % au 1er semestre).

René Kerremans