Questions en suspens : revue de presse

L'année 1983 laisse en suspens bien des questions qui continuent, en 1984, de susciter des débats dans l'opinion publique. La lecture des principaux quotidiens, hebdomadaires et mensuels permet d'en dresser une première liste. Nous publions ici un certain nombre d'extraits d'articles de presse qui illustrent particulièrement l'actualité de ces problèmes.

Agriculture (politique européenne)

Le budget de la Communauté éclate. Le soutien aux prix agricoles absorbe 70 % des 200 milliards de francs du budget.

Des montagnes d'excédents s'accumulent : 800 000 t de beurre, 1 million de tonnes de poudre de lait, 11 millions de tonnes de céréales. La production agricole de l'Europe croît plus vite que la consommation. Le système de garantie de prix illimité tel qu'il a été appliqué jusqu'à présent ne peut plus durer.

Il va donc falloir faire des sacrifices, ce qui provoque un affrontement aigu des intérêts nationaux. Le terrain le plus explosif est sans doute celui du lait, véritable SMIC pour la plupart des 8 millions d'agriculteurs européens. Et surtout pour la majorité des 450 000 exploitations françaises. La France cherche à protéger les petits exploitants et à faire payer les éleveurs du nord de l'Europe, qui vivent sur une confortable rente de situation, grâce à la mécanique des montants compensatoires (MCM) et à l'importation de soja et de maïs américains.

Les pays du Nord ont une position contraire. Partout, après l'échec d'Athènes, il faudra bien trouver un compromis que Michel Rocard a esquissé en proposant de revenir à un véritable prix agricole commun, ce qui entraînerait à terme un démantèlement des MCM.

En attendant, les agriculteurs français sont hostiles à l'élargissement de l'Europe. François Guillaume de la FNSEA l'a rappelé en renouvelant sa proposition d'organiser un référendum pour l'entrée de l'Espagne et du Portugal.

Le président de la FNSEA estime que, si l'Europe ne veut pas dépasser un certain niveau de dépenses agricoles, il faut alors laisser le soin à chacun des États de promouvoir sa propre politique de développement.

M. Ricardi, 30 jours d'Europe.

CEE (présidence de la)

Depuis le 1er janvier, c'est la France, en la personne de François Mitterrand, qui préside le Conseil de la CEE. Les réunions ministérielles du premier semestre 1984 seront conduites par les responsables français Jacques Delors, Michel Rocard, Laurent Fabius, Claude Cheysson...

Naturellement, dans le système actuel de la Communauté, la présidence ne saurait imposer ses vues ni déterminer des décisions. Mais, pour la France, c'est une occasion d'amener les membres de la Communauté à prendre en considération certaines solutions, c'est une occasion aussi d'élaborer et de défendre des compromis, en cas de divergences d'opinion. Il appartiendra, en tout état de cause, au président de la République de définir l'ordre du jour des réunions, de choisir les priorités et de décider quand et comment les décisions doivent être prises à la majorité.

Même si la présidence n'est pas à même de faire prévaloir ses positions, elle peut jouer un rôle spectaculaire. Ce fut le cas, en 1982, quand la présidence belge fit approuver les prix agricoles à la majorité, contre l'avis d'un des membres les plus importants de la Communauté, le Royaume-Uni. Ce fut le cas aussi en 1983, quand la Grèce exerça une influence considérable sur la coopération en matière de politique étrangère. Les positions du gouvernement grec de Andhréas Papandhréou s'éloignant sensiblement de celles des neuf autres gouvernements sur les relations avec l'Union soviétique et la solution du Moyen-Orient notamment, des tensions et des critiques se sont élevées.

Tout ce que l'on sait des projets de François Mitterrand indique que le premier semestre 1984 sera l'occasion de dégager, en liaison étroite avec la Commission européenne, dont la composition demeure inchangée, les voies d'avenir. Et de proposer « un espace commun de l'industrie et de la recherche » qui vise à « placer les grandes industries de l'avenir au cœur de la solidarité européenne ».