« Le gouvernement ne mettra en œuvre la réduction du service qu'après avoir vérifié la possibilité de le faire sans mettre en cause la sécurité du pays », a ajouté le ministre de la Défense.

Jacques Isnard

Politique extérieure

Les espoirs déçus

Invité à définir la politique extérieure de la France, le responsable de sa mise en œuvre, Claude Cheysson — qui préfère parler d'une « politique de la France qui se traduit à l'extérieur » — explique qu'il s'agit d'une « politique contrastée ». « Tout en étant des alliés fidèles de l'alliance atlantique, nous sommes en désaccord avec les États-Unis sur un certain nombre de sujets. Souhaitant entretenir des rapports étroits avec l'Union soviétique, nous condamnons cependant catégoriquement certaines attitudes politiques et militaires de Moscou. »

Pléthore d'idées, pénurie de moyens ! constate Maurice Delarue en dressant le bilan de deux années de politique extérieure (le Monde, 12 mai 1983). Est-ce à dire que, sur les trois volets de celle-ci — l'Alliance atlantique, la construction européenne et le tiers monde —, les moyens de la France ne sont pas à la hauteur de ses ambitions et qu'il en résulte beaucoup de déceptions ?

Vue de l'étranger
La France « socialiste »

À l'étranger, la France, désormais qualifiée de « socialiste », inquiète moins qu'elle ne surprend. Ce n'est pas tant le chômage, les difficultés économiques, la dévaluation du franc, encore que celle-ci, jointe à une envolée des cours du dollar, ait attiré durant l'été une foule de touristes américains, qui font l'objet de commentaires plus ou moins bienveillants, que les choix stratégiques décides par le président François Mitterrand.

En effet, voilà un chef d'État, à la tête d'une « coalition socialo-communiste », qui se déclare fermement attaché à l'Alliance atlantique, qui précise quelle serait la participation militaire de la France en cas de conflit avec l'Union soviétique — effectivement désignée comme l'adversaire potentiel dans la loi de programmation militaire 1984-1988 —, qui défend le principe du déploiement des fusées Pershing et des missiles Cruise en Europe, qui coopère militairement avec les États-Unis pour le rétablissement de la paix au Proche-Orient (Sinaï et Liban), même s'il dénonce, par ailleurs, l'hégémonisme de Washington en Amérique latine, et qui s'engage, en Afrique (Tchad), dans une expédition militaire. Cette fermeté de ton à l'égard de l'Union soviétique et cette détermination dans le respect des engagements internationaux de la France — notamment en Afrique — sont bien considérés outre-Atlantique. Mais parfois — ainsi à l'occasion de l'engagement français en faveur de l'Iraq dans la guerre du Golfe — cet « activisme » est jugé « irresponsable ».

Plus polémique, le Wall Street Journal écrit à la fin d'octobre, « la part de la culture française qui est inspirée par le socialisme est et restera une nullité mondiale, mais la France a commencé à s'éloigner de ce tas d'ordures d'idéologies insipides ».

Dans les pays de l'Est, en revanche, le ton demeure généralement sévère en ce qui concerne plus particulièrement les « interventions extérieures ». Quant aux pays en voie de développement, où le message de Cancun et le discours de Mexico avaient produit un certain effet, ils restent attentifs aux efforts déployés par la France pour promouvoir le dialogue Nord-Sud et « moraliser » les relations internationales.

Finalement, deux grandes interrogations alimentent les réflexions de l'étranger : combien de temps encore le président Mitterrand — à qui certains commentateurs n'hésitent pas à attribuer un ton gaullien —, se satisfera-t-il de la présence de communistes dans son gouvernement et quelle chance l'opposition a-t-elle de revenir aux affaires avant l'échéance du mandat présidentiel ?

Un atlantisme marqué mais vigilant

La fidélité du gouvernement socialiste à l'Alliance atlantique — témoignée lors de la réunion à Paris, en juin 1983, du Conseil atlantique — est assurée, même si la France n'entend pas reprendre sa place dans le système militaire intégré, dont le général de Gaulle l'a dégagée en 1966. Puissance européenne disposant d'une doctrine et des moyens d'une stratégie autonome de dissuasion nucléaire, la France joue un rôle spécifique dans la défense des États d'Europe occidentale. Cependant, elle entend garder sa totale autonomie de décision et n'accepterait pas un supplément d'obligations ne figurant pas dans les traités signés. Cette position explique une partie des « malentendus transatlantiques ».