Prévoyant des troubles en Assam, le gouvernement commence d'y acheminer des troupes par pont aérien, à partir du 7 janvier. Des élections doivent, en effet, avoir lieu dans cet État, les 14, 17 et 20 février. Deux organisations d'étudiants, la All Assam Student Union et le All Assam Gana Sangran Parichad, ont entrepris, avec l'appui de la majorité hindouiste de la population, une vaste campagne en vue de l'expulsion des réfugiés arrivés entre 1966 et 1971, pour la plupart en provenance du Bangladesh : soit 2 500 000 Bengalis sur une population de 8 millions d'Assamais. La plupart de ces réfugiés ont été inscrits sur les listes électorales et le parti du Congrès s'efforce d'assurer leur encadrement politique.

Les partis d'opposition jouent sur le particularisme hindouiste de la province et sur son hostilité envers la masse des réfugiés musulmans. Ils exigent que ces derniers soient rayés des listes électorales et que les élections soient reportées. Le 14 février, premier jour du scrutin, plusieurs centaines de morts sont déjà dénombrés. Des milliers de maisons sont incendiées et un candidat du parti du Congrès est assassiné le 15. Le 17 février, deuxième jour du scrutin, les massacres font plus de 1 000 morts. 80 % des victimes sont des femmes et des enfants. 20 000 réfugiés ont fui jusqu'à Calcutta. Au total, 90 % des électeurs n'ont pu se rendre aux urnes.

Indira Gandhi doit se rendre sur place le 21 février et, à nouveau, le 30 mars, à l'occasion de la journée de deuil décrétée à la mémoire des 4 089 victimes. Le problème n'est pas résolu pour autant, puisque le chef du gouvernement local, M. Salkia, propose officiellement la construction d'un mur de 262 km le long de la frontière entre l'Assam et le Bangladesh...

Les revendications du Pendjab

À l'autre extrémité de l'Union aussi, les luttes ethniques et religieuses prennent un tour aigu. Le gouvernement avait refusé à la mi-décembre les exigences présentées au Pendjab par le Akali Dal, organisation politique des sikhs (10 millions de personnes en Inde, dont 8 dans le seul Pendjab). Ces revendications comportaient l'autonomie pour le Pendjab — où les sikhs représentent 55 % de la population ; le rattachement à cet État de Chandigarh (actuellement capitale commune au Pendjab et à l'Haryana) et de plusieurs districts appartenant aux États de l'Haryana et du Rajasthan ; la révision des accords fédéraux sur le partage des eaux ; la gestion par les sikhs eux-mêmes de leurs lieux de culte dans toute l'Union indienne et l'interdiction de fumer et de vendre des cigarettes à proximité des gurdwaras, temples de la communauté sikh.

Le gouvernement indien propose de satisfaire aux demandes de caractère religieux et de modifier le statut de Chandigarh. Mais le Pendjab devrait en contrepartie abandonner à l'Haryana la région de Fazik Abohar, qui n'est pas peuplée de sikhs. Ce compromis, solennellement proposé par Indira Gandhi le 27 février, est rejeté par les Akalis.

Les incidents reprennent, marqués le 18 mars par des grèves spectaculaires décidées à la suite de la mort d'un jeune sikh, sous les balles de la police. Les manifestations violentes se multiplient les mois suivants, et le chef des extrémistes sikhs, Sukhjinder Singh, prône la formation d'un État sikh indépendant, le Khalistan.

Le Premier ministre réussit à calmer les Tamouls de l'Inde méridionale, révoltés par la répression de leurs frères de race au Sri Lanka, en juillet. I. Gandhi tempère simultanément, par son attitude ferme et pondérée, la propagande anti-indienne déclenchée par les autorités srilankaises.

Les crises ethniques et religieuses ne peuvent cependant occulter les problèmes économiques. Une longue grève paralyse l'industrie textile pendant une grande partie de l'année et aboutit, le 13 juillet, au licenciement d'environ 50 000 ouviers ; mais l'industrie, qui représente plus de 35 % du PNB, conserve dans les autres secteurs un grand dynamisme. Les mesures de libéralisation prises par I. Gandhi envers les capitaux étrangers facilitent l'octroi à New Delhi d'un très important prêt du FMI.