L'événement de l'automne est la visite de quatre jours à Vienne du pape Jean-Paul II, salué par des foules nombreuses. Deux gestes spectaculaires marquent son séjour : le souverain pontife, s'associant à la célébration du 300e anniversaire de la victoire des Autrichiens contre les Turcs, déclare que les défenseurs de Vienne ont combattu, en 1683, « non seulement pour leur patrie mais pour la sauvegarde de l'Europe et de la chrétienté ». Ce qui suscite de vives protestations en Turquie. Le pape se rend également à Mariazell, à 100 km au sud de Vienne, sur la tombe du cardinal hongrois József Mindszenty, mort en 1971, symbole de la résistance au régime communiste.

Arlette Marchal

Belgique

Martens : économie fragile et tensions sociales

« Ou bien le gouvernement change sa politique ou il s'en va ! » On ne pourrait nier le caractère politique de la vague de grèves qui déferle sur la Belgique à la mi-septembre 1983 — mouvement ressenti d'une façon d'autant plus aiguë qu'il se déchaîne après une année politique relativement calme.

En effet, après des années d'instabilité ministérielle, la coalition social-chrétienne et libérale de Wilfried Martens a fait preuve d'une longévité d'autant mieux venue que le gouvernement s'est fixé comme but le redressement économique et institutionnel de la Belgique, tâche ardue et de longue haleine. Plusieurs facteurs semblent être à l'origine de cette continuité.

Grèves

Les analyses et alternatives proposées par l'opposition — le parti socialiste de Guy Spitaels notamment —, tout en soulignant les points faibles de la politique gouvernementale, ne peuvent occulter le bilan globalement positif du gouvernement, auquel le pays a renouvelé sa confiance lors des élections communales de l'automne 1982.

L'opposition se voit affaiblie du fait des pouvoirs spéciaux accordés dès 1982 à l'équipe Martens V, en vue de la relance économique. Afin de permettre au gouvernement de poursuivre son programme, le Parlement se résout, bon gré mal gré, à proroger les pouvoirs spéciaux, limitant ainsi ses propres prérogatives. Pourtant, lors du vote à la Chambre des représentants, le président de la Chambre s'abstient, marquant par là le malaise ressenti par de nombreux parlementaires qui voient dans les pouvoirs spéciaux la première ébauche d'un régime présidentiel sans président, où le rôle du Parlement serait celui d'une simple Chambre d'enregistrement.

L'action syndicale semble avoir gagné en résonance ce qu'a pu perdre l'opposition parlementaire. Après les manifestations et les grèves de l'année précédente, la FGTB (Fédération générale des travailleurs belges), très active en Wallonie, organise en juin 1983 une grande marche sur Bruxelles protestant contre la politique d'austérité et les pouvoirs spéciaux, véritable prélude aux grèves de septembre. Mais, dans un premier temps, le mouvement en reste là, faute de participation du puissant syndicat CSC, proche des partis sociaux-chrétiens au pouvoir.

Extrémismes communautaires

On pense que ce sont plutôt les forces centrifuges à l'intérieur du gouvernement — où s'affrontent positions libérales et social-chrétiennes, ministres flamands et wallons — qui pourraient effectivement déstabiliser la coalition.

Ainsi, en février 1983, le gouvernement Martens V se heurte au problème des Fourons, petite agglomération de six villages à majorité francophone (6 000 habitants environ).

Les affrontements, parfois violents, entre extrémistes wallons et extrémistes flamands se poursuivent à intervalles plus ou moins rapprochés depuis que les Fourons sont passés, il y a vingt ans, dans le cadre d'un remaniement administratif, de la province francophone de Liège au Limbourg néerlandophone. Les Fourons illustrent jusqu'à la caricature, à l'échelon communal, les rapports tendus entre les deux grandes communautés linguistiques de Belgique.

La victoire du groupe Retour à Liège aux élections communales de novembre 1982 et la nomination comme bourgmestre des Fourons de José Happart, connu pour ses convictions extrémistes wallonnes, portent de nouveau à leur paroxysme la tension entre Wallons et Flamands, le conflit se répercutant très vite au niveau gouvernemental. Le CVP flamand, parti fort du gouvernement, rejette la nomination de J. Happart, les ministres flamands menaçant de se retirer de la coalition. Un compromis est finalement trouvé : José Happart n'entrera officiellement en fonctions que le 1er janvier, le temps d'apprendre le néerlandais pour satisfaire aux exigences de la communauté flamande.

Chômage croissant

Le gouvernement Martens V a entrepris en 1982 le redressement économique de la Belgique à l'aide d'un programme d'austérité vivement contesté. Dans cette perspective, 1983 se présente comme l'année des bilans. Plus que jamais, la Belgique parle chiffres, cette fois-ci, fait nouveau, avec un certain optimisme.