Il est vrai que l'agriculture continue d'être le dossier le plus épineux de la Communauté. Malgré l'adoption définitive, à la mi-octobre, par les Dix d'un budget supplémentaire de 1,7 milliard d'écus, le trou financier risque d'atteindre 600 millions d'écus à la fin de 1983. La CEE s'installera-t-elle dans le déficit ?

Une lueur d'espoir à l'horizon : l'amélioration de la situation économique dans plusieurs États membres pourrait changer le climat.

Dans sa communication annuelle sur la situation économique et les orientations budgétaires dans la Communauté, publiée le 11 juillet, la Commission constate un léger redressement de l'activité depuis le quatrième trimestre 1982. La reprise s'effectue à un rythme annuel de 2 %, mais demeure inégale, et surtout elle reste influencée par l'évolution de l'environnement international. Les experts de Bruxelles se montrent très prudents, en prévoyant une augmentation de 0,5 % du produit intérieur brut en 1983 et de 1,5 % en 1984. Ils estiment que la majorité des États, principalement la Belgique, le Danemark, la Grèce, l'Italie et l'Irlande, doivent encore donner la priorité à la réduction des déficits et à la diminution de la part des dépenses publiques dans le revenu national. À l'inverse, ils considèrent que l'Allemagne et la Grande-Bretagne, où l'assainissement s'est révélé efficace, peuvent « appuyer la reprise par certaines actions des finances publiques ».

Depuis la publication de ce rapport, l'amélioration de la conjoncture internationale paraît s'accélérer, surtout aux États-Unis. À Bonn, une plus grande confiance se manifeste : certains spécialistes annoncent même un taux de croissance de 3 % pour la RFA. Dans la mesure où les États-Unis s'engageront plus vite que prévu dans un nouveau cycle expansionniste, la purge à laquelle sont soumis encore plusieurs pays européens pourrait se trouver abrégée, l'Allemagne jouant le rôle d'une courroie de transmission efficace dans la diffusion de l'expansion.

Pour l'Europe, ce serait une chance accrue de surmonter ses difficultés. Elle a réussi à tenir pendant la crise, malgré les tendances centrifuges et la renaissance du protectionnisme, évitant ainsi le repli sur soi des égoïsmes nationaux. Si la reprise économique se confirme et s'amplifie, l'Europe y trouvera une raison pour sortir de l'immobilisme et accomplir les progrès indispensables à sa survie.

Michel Garibal

Allemagne de l'Ouest

Rigueur économique et souplesse politique

Consolidation — tel est le mot qui caractérise l'évolution de la RFA en 1983 : le nouveau pouvoir politique est sorti nettement renforcé des élections, la situation socio-économique s'améliore lentement, bien que le chômage persiste à un niveau élevé, la coopération entre Bonn et les capitales occidentales a été réaffirmée avec vigueur, sans négliger le dialogue avec l'Est.

Changement de majorité

Les élections fédérales anticipées constituent l'événement politique majeur de l'année. Après la rupture, le 17 septembre 1982, de la coalition entre sociaux-démocrates (SPD) et libéraux (FDP), dirigée par Helmut Schmidt (SPD), la nouvelle alliance des chrétiens-démocrates (CDU-CSU) et des libéraux mise en place le 1er octobre 1982 avait tout de suite annoncé son intention de provoquer des élections fédérales anticipées pour que le changement de pouvoir soit ratifié par les citoyens. De façon un peu artificielle, le chancelier Helmut Kohi (CDU) s'était fait renverser le 17 décembre par le biais de la question de confiance.

Après la dissolution du Bundestag, le 7 janvier 1983, la campagne électorale est entièrement dominée par les thèmes socio-économiques, le SPD essayant en vain de faire passer au premier plan la querelle sur les euromissiles. Helmut Kohl explique très clairement que le redressement de l'économie est prioritaire par rapport aux impératifs de la politique sociale. La lutte contre le chômage, qui vient en tête de toutes les préoccupations, ne peut réussir sans une relance économique, qui commence à se dessiner grâce à la confiance inspirée par le nouveau gouvernement.