Notre pays est très en retard dans ce secteur. Sur 18 millions de téléspectateurs quelques centaines de milliers seulement reçoivent des émissions par l'intermédiaire d'un câble. Les autres sont équipés d'antennes peu esthétiques qui hérissent les sommets des immeubles et des maisons individuelles. La plupart de ces usagers n'ont le choix qu'entre les trois chaînes nationales. Seuls quelques frontaliers reçoivent les programmes des pays voisins. Le câble permettra de remédier à cette pénurie d'images. Il transportera non seulement les chaînes françaises existantes, mais aussi la future quatrième chaîne, des programmes spécifiques à chaque réseau (films, émissions locales, etc.) et quelques stations de télévisions étrangères. Au total, l'usager aura le choix entre une quinzaine de programmes télévisés, auxquels s'ajouteront des programmes de radio FM et des services télématiques (accès à des banques de données vidéotex, télé-achat, consultation de catalogues ou de comptes bancaires).

Les réseaux les plus performants — mais aussi les plus coûteux — permettront d'utiliser le visiophone. Grâce à ce téléphone à images, deux abonnés pourront non seulement se parler, mais aussi se voir sur un écran de type télévision et s'envoyer des cassettes vidéo. Un réseau de ce type a été inauguré cette année à Biarritz. Le câble utilisé est constitué de fins « cheveux de verre », les fibres optiques.

Cet éclatement de l'audiovisuel pose encore quelques problèmes techniques, qui sont en voie d'être résolus. Par contre, les questions économiques et politiques sont plus délicates à régler : qui, des collectivités locales ou du ministère des PTT, sera propriétaire de ces réseaux ? Seront-ils financés par un abonnement ou par un impôt local ? Quelles villes seront câblées en priorité ? Enfin, le problème des contenus reste très délicat : il ne suffit pas de magnifiques « tuyaux » pour promouvoir l'information et la culture. Il faut des programmes. Et, dans ce domaine, tout reste à inventer.

Communication : le soutien

Afin de développer l'industrie des programmes, le gouvernement annonce la création d'un fonds de soutien à la production audiovisuelle. Il disposera de 375 millions de francs d'ici à 1989, dont 45 dès 1984. De leur côté, les stations régionales qui diffusent 6 400 heures de programmes en 1983 passeront à 13 000 heures d'ici 1988. Les téléspectateurs des régions ont très bien accueilli les nouvelles émissions de FR3 : les taux d'écoute dépassent parfois ceux des émissions nationales des deux autres chaînes.

Le gouvernement décide la création du « Carrefour international de la communication », qui ouvrira ses portes à Paris-la Défense en 1988. Cette réalisation prestigieuse se composera d'un centre d'affaires international, d'ateliers de la communication réservés aux innovateurs et d'un jardin d'acclimatation ouvert au public, qui aura ainsi une chance de se familiariser avec les nouvelles technologies de la communication.

Micro : la consécration

Le Centre mondial informatique et ressources humaines et la ville de Marseille décident d'installer 1 000 micro-ordinateurs dans un quartier populaire : Belle de Mai, qui abrite 17 000 personnes dont 35 000 enfants d'âge scolaire. Dès cette année, 120 micros sont mis en place. Le but de cette expérience est de tester l'impact de l'informatique sur la vie d'un quartier dans toutes ses dimensions : l'école, les associations, les PME, les relations entre citoyens. La ville de Marseille accorde pour cette opération un crédit de 40 000 francs, auxquels s'ajoutent des subventions du Conseil général des Bouches-du-Rhône et du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Cette année, le Sicob célèbre à son tour les micros. Parmi les vedettes de cet important salon, LISA, le nouveau micro-ordinateur d'Apple. Il s'adresse à ceux qui ne connaissent pas l'informatique et n'ont pas envie d'apprendre des langages compliqués. Grâce à un petit boîtier — la souris — que l'on déplace sur son bureau, on peut appeler des programmes et dialoguer avec l'écran.

P et T : l'ordinateur au guichet

Le micro-ordinateur a fait cette année une entrée très remarquée dans certains bureaux de poste de Lyon, de Lille et de la région parisienne. Grâce à lui, les employés peuvent effectuer très rapidement de nombreuses opérations : affranchissements, traitement du courrier en instance, contrôle des procurations, réexpéditions, etc. Alors, fini le stylo et les dizaines d'imprimés à remplir ? Pas vraiment. Il ne s'agit encore que d'une expérience. Mais, si les PTT décident de généraliser l'emploi de micros, le bureau de poste va peut-être offrir un meilleur service aux usagers. Les guichets ne seraient plus spécialisés par fonction (affranchissements, mandats, etc.) mais pourraient traiter plusieurs types d'opérations.

Robots : dans les ateliers

Le Conseil des ministres adopte en octobre le plan productique. Il s'agit de passer des contrats de développement avec les entreprises qui voudront se lancer dans cette filière (fabricants et utilisateurs de robots, de machines-outils à commande numérique, de systèmes de conception assistée par ordinateur) et de promouvoir la recherche publique et privée (les entreprises recevront à cet effet 110 millions de francs de crédits dès 1984). Ce plan prévoit également une réduction des charges sociales à l'aide du Fonds industriel de modernisation pour les candidats à l'automatisation. Grâce à ces efforts, le gouvernement espère rassembler constructeurs de systèmes et utilisateurs autour de 250 projets pilotes et surtout tenter de rattraper le retard de la France face au Japon et aux États-Unis.